Le lendemain matin, je me sentais éreintée.
Je m'étais tournée et retournée dans mon lit toute la nuit, cherchant désespérément le sommeil. Malgré la fatigue qui s'était fait ressentir, je n'avais pas trouvé le sommeil escompté. Même une bonne douche chaude n'avait pas réussi à me revigorer et je commençais à bouillir et à tourner en rond tel un lion en cage.
Lorsque j'arrivais dans la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner, Teodora se trouvait déjà là, et elle chantonnait au rythme de la radio qui passait un tube du moment. Elle leva les yeux et m'adressa un grand sourire en me voyant débarquer.
- Bonjour Agnes !! chantonna-elle. Petit-déjeuner ?
Je hochais la tête et m'assis en silence sur l'un des tabourets de la cuisine. N'étant ni d'humeur à bavarder ni à manger, je me contentais d'une pomme et d'une tasse de café. Teodora parla pendant un moment, inconsciente du fait que je n'écoutais pas un traître mot de ce qu'elle disait. Ronchonne, je me contentais de grignoter le tour de mon trognon de pomme en m'imaginant partout sauf en sa compagnie.
- Mauvaise nuit ? demanda alors Teodora.
Elle me regardait avec malice tout en mordant dans sa pomme elle aussi. Je reposais ma tasse sur le plan de travail. Je tremblais tellement que du café se trouva projeté hors de la tasse. Je me raclais la gorge et décidais d'aller droit au but.
- Et toi ? contre-attaquais-je. A quoi as-tu consacré ta nuit ?
Teodora cligna bêtement des yeux, ne s'attendant sûrement pas à ça. Elle devait penser que j'allais lui raconter une bêtise du style que j'avais fait un cauchemar, raison pour laquelle je semblais aussi peu en forme.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
Elle fronçait désormais les sourcils, et ne me regardais plus. Elle rejeta ses boucles acajou derrière ses épaules tout en se trémoussant nerveusement.
- Parce que je suis venue te voir cette nuit, et tu n'étais pas dans ta chambre.
Je me sentis rougir à l'idée que j'avais pénétrée dans sa chambre sans son autorisation et sans qu'elle y soit, mais en même temps c'était pour la bonne cause, et je ne savais pas qu'elle ne s'y trouverait pas.
- Tu es venue dans ma chambre ?
Elle ne semblait pas en colère, mais plutôt surprise, et elle posa distraitement son trognon de pomme.
- Pourquoi tu es allée dans ma chambre ?
Je levais les yeux au ciel.
- Pour te voir, tiens !
Teodora garda le silence tout en triturant ses ongles. Elle semblait bizarrement mal à l'aise. Comme elle s'obstinait à garder le silence, je décidais de le briser.
- Alors, tu étais où ?
Les pupilles de Teodora roulaient, affolées, tandis que je me demandais ce qu'elle pouvait bien me cacher. Une voix retentit alors près de l'entrée de la cuisine. Surprise, je manquais de sursauter.
- Teodora était avec moi cette nuit.
Klaus se tenait là, nonchalamment adossé à la porte d'entrée de la cuisine. Il était élégamment habillé d'un jean sombre et d'un pull torsadé blanc, le faisant paraître à la fois plus jeune et plus âgé. Encore vêtue de mon pyjama, je me sentais insignifiante et loin d'être élégante.
Je sentis un coup dans mon cœur en entendant cette phrase. Teodora et Klaus ? De toute évidence, j'avais un train de retard. Je fus surprise par la profondeur des sentiments que j'éprouvais en cet instant. Des images s'insinuèrent d'elles-mêmes dans mon esprit, et je tentais de les repousser immédiatement. J'ignorais ce que je ressentais précisément, mais je n'aimais pas cette sensation. De la jalousie ?
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...