~ Chapitre 50

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Ruisselante de sueur, je tentais de descendre du canapé, mais m'empêtrais dans les draps jusqu'à tomber à même le sol.

Mon cerveau avait réussi à alimenter ma propre folie en me montrant ce que j'avais à tout prix voulu. La douce folie qui m'habitait –et qui ne m'avait jamais quitté depuis que j'avais emménagé ici- m'avait montré ce que je voulais, et ce que je n'aurai jamais.

Mon rêve m'apparaissait avec une telle clarté, une telle netteté que j'avais encore du mal à considérer que ce ne soit qu'un rêve. Généralement, mes rêves n'avaient rien d'aussi réaliste et surtout, ils n'étaient pas aussi ... excitants. C'était la première fois que je faisais un rêve de ce genre, et je me sentis rougir au souvenir de la langue douce et sucré de Klaus dans ma bouche.

Me revenais aussi avec précision ses mots, mêmes s'ils n'avaient été que chimères. Que voulait-il que je fasse ? Qu'est-ce que j'étais censée faire pour arrêter tout ça ? La petite voix cachée dans les méandres de mon cerveau le savait, elle. Elle avait su dès le début quelle serait l'issue de tout cela. Mais je l'avais délibérément ignoré, trop faible, trop effrayée.

Mais plus maintenant.

Le cœur encore palpitant dans ma poitrine, je me dirigeais vers la cuisine, déshydratée. J'avais besoin de me retrouver dans une pièce familière, rassurante, qui n'avait pas abrité des rêves complètement délirants.

Une ombre immense et menaçante m'avait cependant devancée, et terrifiée, je commençais à pousser un hurlement, qui fut rapidement tué dans l'œuf par une main puissante posée contre ma bouche. Les yeux écarquillés, je m'habituais à la pénombre et en découvrant l'identité de la personne se trouvant dans la cuisine, je sentais mes épaules s'affaisser.

- Tobias, j'ai failli mourir, soufflais-je.

- C'est toi qui m'a fait flipper, dit-il en passant sa main dans ses cheveux.

- Bah, c'est toi le vampire superpuissant, c'est ridicule d'avoir peur.

Il rigola doucement et alluma la lumière de la hotte, afin de diffuser une douce lumière.

- J'avais soif, dit-il simplement.

Je méditais sa phrase quelques instants et il recula d'un pas en voyant mon expression.

- Soif d'eau, précisa-il.

- J'avais compris, dis-je en me dirigeant vers l'évier où je me mis à boire directement au robinet.

J'essuyais mon visage encore en sueur, tandis que le sentiment d'urgence que j'avais ressenti en me réveillant m'assaillait de nouveau. Je sortis de la cuisine en prenant la direction de l'étage. Il fallait que je dise ce que je pensais, et surtout, que cela se réalise.

- Où est-ce que tu vas comme ça ? demanda Tobias dans mon dos.

Je me retournais, en haut des escaliers, tandis qu'il m'observait avec perplexité tout en bas.

- Je vais voir Lune, il faut que je lui parle.

Au moment où je lui disais cela, je compris à quel point c'était ce dont j'avais besoin, là, tout de suite. J'aurai pu me tourner vers Tobias, ou Teodora, j'en avais conscience, mais Lune était la plus âgée, et par extension, la plus à même de m'aider.

- Lune ? répéta-il. A cette heure-là ? Elle va te bouffer si tu te pointes comme ça en plein milieu de la nuit.

- Tu as une drôle de façon de choisir ton vocabulaire, dis-je en haussant un sourcil.

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