~ Livre Deux - Chapitre 13

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A l'arrière du taxi qui nous reconduit à la maison, je regarde à travers la vitre d'un air morose, même s'il fait désormais nuit et qu'il n'y a rien à regarder dehors.

Normalement, la présence de Klaus à mes côtés devrait m'exciter, et me rendre heureuse, mais l'absence de Teodora qui est partie avec son amie –Liv, je crois qu'elle s'appelle comme ça- me donne envie d'éclater en sanglots.

J'ai l'impression qu'aujourd'hui, ma vie est toujours ou noire ou blanche : quand Klaus me déteste, j'ai ma meilleure amie à mes côtés, mais quand Klaus s'ouvre enfin à moi, Teodora désapprouve. Au fond, je sais que Teodora agit de la sorte dans l'unique but de me préserver. Après tout, combien de temps va-il s'écouler avant que Klaus décide de se montrer de nouveau cruel avec moi ?

Néanmoins, après cette soirée et la conversation que nous avons eu, j'ai envie de lui accorder le bénéfice du doute. Nous n'avons jamais passé autant de temps sans nous disputer et je croise les doigts pour que cela continue ainsi.

Oui, je suis jeune, tellement jeune comparé à eux, mais je suis capable de mener mes propres batailles. Je suis curieuse de voir où tous mes choix vont me mener. Et pour le moment, ils me mènent à Klaus. Chacun des pas que j'ai fait, chacune de mes décisions, elles étaient prises et faites pour lui. Uniquement pour lui.

J'aurai aimé tomber amoureuse de quelqu'un de plus gentil, de moins ombrageux, mais je ne serai jamais capable de ressentir avec quelqu'un d'autre ce que je ressens avec Klaus. Je ne sais pas tout de lui –loin de là-, mais du peu qu'il m'a confié, il n'a pas l'air d'avoir eu une vie facile. Ça n'excuse en rien sa condescendance et sa cruauté, mais ça me permets de rassembler certaines pièces du puzzle.

Personne ne naît mauvais. On le devient.

De la même façon que mes parents n'étaient pas destinés à devenir de mauvais parents. Ils le sont simplement devenus. Pour qui, pour quoi, je n'en sais rien, mais c'est comme ça, et c'est comme une révélation pour moi. Qui sait si j'aurai fait mieux qu'eux ?

Klaus pose sa main sur mon genou, interrompant le fil de mes pensées. Je lève les yeux vers lui, soudainement intimidée par ce geste si doux venant de lui. Sa coiffure ne tient plus en place ; ses cheveux avant plaqués en arrière retombent maintenant sur le côté, lui donnant un air de vilain garçon.

Comment suis-je censée résister dans cet habitacle exigu ?

- Arrête de te torturer l'esprit avec Teodora. Ça va se tasser.

- Et comment peux-tu en être aussi sûr ? je demande en regardant sa main sur mon genou.

- Je le sais, dit-il, hautain.

- Ça a l'air de t'être égal.

En même temps, je m'attendais à quoi ? A ce qu'il compatisse à ma peine et me fasse un câlin ?

- Ça ne m'est pas égal. J'ai juste appris à connaître Teodora au fil des ans et je sais comment elle fonctionne.

- Mais ce que je lui ai dit concernant sa relation avec Lune, ça n'était pas fair-play, je murmure en détournant le regard.

- On ne peut pas toujours dire ce qu'il faut au moment où il faut, dit-il, songeur. Parfois, on n'a pas d'autre choix que de dire ce qu'on pense réellement, sans filtre.

Sa remarque me fait doucement rire.

- Et tu sais de quoi tu parles. Expert en la matière.

Je l'observe à la dérobée pour m'assurer que je ne l'ai pas agacé, mais je le vois juste froncer les sourcils dans la pénombre.

- Disons plutôt qu'au fil des ans j'ai appris à ne pas me prendre la tête. Je dis les choses telles qu'elles sont, même si elles sont blessantes. Je n'ai jamais peur d'avoir la franchise de mes opinions.

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