Une étoffe douce et soyeuse recouvrait mon corps, nimbant ce dernier d'un cocon protecteur.
Je clignais des yeux à plusieurs reprises jusqu'à m'habituer à la lumière vive qui dansait sur ma rétine. Un feu de cheminée ronronnait, m'enveloppait de sa chaleur. Pourtant, j'avais si froid. Tellement froid. Ma bouche était pâteuse, et bien que j'étais allongée, je sentais la faiblesse de mon corps. J'avais l'impression d'être toute petite, toute faible.
Etouffant une plainte, je me redressais doucement dans mon lit. En réalité, il faisait plutôt sombre dans ma chambre. Les rideaux étaient entrouverts, diffusant la lumière de la fin du jour. En tournant la tête, je constatais que mon bras droit était relié grâce à des aiguilles à une perfusion et un compte-goutte qui émettait un bruit désagréable. A la vue des aiguilles, je me sentais blêmir.
- Beurk, grognais-je en tentant de les arracher.
Une petite main bloqua ma tentative.
- Teodora ! je m'exclamais d'une voix enrouée.
Mon amie se trouvait sur ma gauche, le teint pâle et les yeux rougis par la fatigue. Ses beaux cheveux acajou pendaient tristement sur le sommet de son crâne en un chignon fait à la va-vite, et elle portait des vêtements informes, piochés par hasard dans sa garde-robe.
- Non, dit-elle doucement. Il faut que tu la garde encore un peu.
Elle désigna du doigt mes aiguilles et je fus prise d'un étourdissement. Je me laissais retomber sur mes oreillers, haletante.
- Reste allongée, me conseilla-elle. Tu es encore très faible.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Depuis combien de temps je suis là ?
Les yeux de Teodora se mouillèrent de larmes. Elle prit ma main valide, pas celle rattachée aux aiguilles, et me regarda d'un air de chien abandonné.
- Oh, Agnes, je suis tellement désolée ... Je (elle fondit en larmes) ... Tout est de ma faute. Lune était partie se nourrir et m'avait demandé de garder un œil sur vous. Je te jure que c'est ce que j'ai fait. Mais je ne pouvais pas non plus vous coller aux basques ... Quand je vous ai entendu vous isoler, tous les deux dans la même pièce ... Je n'aurai jamais pensé que Klaus était en train de boire ton sang.
- Teodora, c'est bon, soufflais-je d'une voix faible. Ce n'est absolument pas de ta faute.
- Lune va me tuer quand elle va apprendre ce qui s'est passé.
- Elle n'est toujours pas là ? Et attends, je suis restée inconsciente combien de temps ? Et comment tu as eu toutes ces aiguilles ?
Mon débit de parole me donna l'impression que mon cerveau allait imploser, et j'étouffais une plainte en portant ma main à ma tête.
- Doucement, Agnes, dit Teodora. Non, Lune n'est toujours pas rentrée (elle prit un air lugubre). Tu es restée inconsciente environ deux jours.
- Deux jours ?! m'exclamais-je, choquée.
Je m'étais relevée vivement, avant d'immédiatement retomber sur le dos. J'étais agacée par mon état de faiblesse.
- Reste allongée, grogna Teodora en reniflant peu élégamment. Tu ne sais vraiment pas prendre soin de toi !
- Deux jours ... répétais-je, sonnée.
- Tu aurais pu reprendre conscience plus tôt, mais j'ai préféré te donner des tranquillisants pour que tu récupères plus facilement.
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...