~ Chapitre 2

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Chapitre 2

Ce fut avec un pas lourd et déprimé que je passais le pas de la porte quelques heures plus tard.

Je rentrais toujours vaguement déprimée de mes longues ballades avec ma jument, car je songeais immédiatement au quotidien morne qui m'attendait dans mon foyer. Le feu crépitait doucement dans la cheminée, mais la pièce était vide. J'aurais aimé que les choses soient différentes ; qu'en rentrant je puisse voir ma mère et mon père installés dans le salon, me demandant en souriant comment s'était passée ma ballade. Mais cette pensée restait toujours au stade de fantasme.

J'étais consciente que je me berçais d'illusions, mais en même temps c'était le seul luxe que je pouvais me permettre, alors allons-y gaiement ! Avec un soupir, je regagnais ma chambre, prévoyant une longue douche chaude qui aurait au moins le mérite de me détendre quelques minutes.

L'eau brûlante exerça des miracles sur mes muscles tendus et je restais plus longtemps que nécessaire sous la cascade, grappillant du temps supplémentaire. Ici, tout était bon pour tricher. Prendre quelques minutes ici et là, me brossant les cheveux plus longtemps que nécessaire, prenant mon temps pour choisir mes vêtements ... cela faisait toujours du temps en moins avec mes parents.

Comme je n'avais pas prévu de sortir pour le reste de la journée –et même du week-end-, résultat d'une vie sociale ralentie, j'enfilais un survêtement noir tout assorti et des chaussettes épaisses. Je croisais les doigts pour que cette tenue plus que décontractée trouve grâce aux yeux de ma mère, ou du moins qu'elle la tolère, sans grand espoir néanmoins. Tout ce qui n'était pas en soie, cachemire ou à talons hauts ne risquait pas d'obtenir son assentiment.

Je jetais un œil à mon bureau où m'attendais quelques devoirs encore inachevés, mais il n'y en avait pas assez à mon goût pour que cela puisse m'occuper. De plus, c'était les vacances d'hiver et je tentais par tous les moyens de faire mon travail petit à petit, car si je faisais tout d'un coup, je me retrouverais complètement désœuvrée. Chose que je tentais d'éviter à tout prix. Je tentais de me rassurer en me disant que je pouvais prendre de l'avance sur le programme de l'année, mais c'était déjà plus ou moins le cas et je ne voulais pas continuer dans cette lancée.

Je n'étais ni bonne ni mauvaise élève. J'étais moyenne. La vérité, sans prétention aucune, est que j'aurai largement pu être la première de ma classe mais je ne souhaitais pas attirer l'attention sur moi, alors je me contentais de rester moyenne. Telle était ma destinée. Etre une élève moyenne. Je voulais à tout prix me fondre dans la masse, être invisible, pour traverser sans encombre cette période difficile et ingrate qu'était le lycée.

Mais quand je pensais à mon avenir, j'avais l'impression de regarder à travers une boule à neige en pleine tempête : je ne voyais pas grand-chose, sinon rien. J'étais douée dans toutes les matières mais malheureusement aucune d'entre elles ne m'attirait particulièrement. J'avais envie d'aller à la fac, vraiment, mais je ne parvenais pas non plus à me projeter dans cet univers, franchissant les portes de l'amphithéâtre.

Je ne me voyais pas me faire des amis, ni participer aux fêtes et aux activités extra-scolaires. Cela aurait été comme me regarder à travers un vieux film de mauvaise qualité. J'ignorais ce qui me poussait à éviter les gens de manière générale ; peut-être mon éducation et l'attitude ignorante de mes parents à mon égard. Je n'avais jamais cherché à créer de vrais liens avec des personnes de mon âge. Au début de l'adolescence, je dois avouer que le regard des garçons à mon égard m'avait surpris. Ils me regardaient comme si j'étais une sorte d'attraction, ou de nouveauté, et comme si j'avais besoin d'eux. Ce qui n'avait jamais été le cas bien entendu. J'avais gardé mes distances, et l'adolescence et ses traditionnelles montées d'hormones et de désir étaient restées un véritable mystère pour moi.

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