Je n'ai jamais assisté à un mariage de toute ma vie, et je ne suis pas plus enthousiaste que ça à l'idée d'y assister, surtout que je ne connais même pas les futurs mariés.
Aïna est la plus vieille amie de Lune, au sens propre du terme pour le coup, et j'ai été touché d'apprendre que je faisais partie de la liste des invités. Apparemment, elle a dit à Lune : «toute la famille de Lune est ma famille».
La réaction de Teodora à l'annonce de ces épousailles a néanmoins été surprenante ; apparemment, elle n'était pas du tout au courant de l'existence de cette «amie», et pour la première fois depuis que je la connais, j'ai pu voir sur son visage une réelle hostilité.
Jalousie ? Peur ? Vexation ?
Comme souvent, Lune a eu une réaction plus que mesurée à l'annonce des noces : « Ce n'est pas trop tôt» a-elle dit avec une petite moue amusée.
Puis elle a posé sa main sur l'épaule de Teodora et lui a murmuré que Aïna n'était qu'une amie. C'était évident qu'elle avait décelé la myriade de sentiments qui passaient sur le visage de Teo, mais elle n'a pas cherché à la rassurer davantage.
Lune, ou l'art de cacher ses émotions.
Mais ce n'est pas mon problème. C'est à Teo de régler ça, même si au fond, je pense que leur relation ne prendra jamais le tour que ma meilleure amie attend.
Tout ce que je peux espérer pour elle, c'est que Teodora saura un jour ouvrir son cœur à une autre femme capable de lui donner ce qu'elle attend d'une relation. Elle le mérite vraiment.
Teodora est un feu follet qui sème la bonne humeur sur son passage. Elle est son propre soleil, et si Lune n'est pas prête à le voir, tant pis pour elle.
Moi, je suis déjà assez occupée avec ma propre relation, même si je ne sais pas si il s'agit du bon terme.
Ces derniers mois, ma relation avec Klaus s'est considérablement assainie. Pour moi, elle se résumerait à trois mots : plaisir, plaisir, plaisir.
Pour Klaus, cela se tiendrait plutôt à ce crédo : où je veux, quand je veux, dans la position que je veux.
Nos rencontres sont tellement espacées, nous nous voyons tellement peu souvent que chaque moment volé est d'une intensité qui me fait tourner la tête.
Je connais tellement son corps, et il lit dans le mien avec tellement de facilité qu'y repenser me donne à chaque fois des frissons.
Nous avons appris à trouver un équilibre dans notre si fragile relation. Il me respecte enfin, même si la plupart des décisions que je prends l'agace -notamment reprendre les cours-.
De mon côté, j'arrête de lui mettre la pression pour que nous vivions la relation que moi je souhaite ; nous avons tout notre temps, l'éternité même, et cette constatation m'a enlevé un immense poids de mes épaules. J'essaye de me convaincre que si j'arrive à capturer chaque parcelle de son corps, son âme finira bien par suivre un jour.
En attendant, je me délecte de sa présence, de ses râles de plaisir quand il vient en moi, de son souffle qui s'accélère dès qu'on commence à s'embrasser, de son impatience quand il fait glisser ma culotte le long de mes jambes et de ses lèvres qui m'explorent, encore et encore.
A chaque fois que nous nous quittons, je me dis que la fois d'après ne pourra jamais être meilleure, et à chaque fois je me trompe.
Dans la douche de la cabane à Fjallbacka, sur la moquette d'une chambre d'hôtel à Zurich, sur le transat de la piscine privative à Madrid ...
A chaque fois, des étreintes furtives, aussi éphémères qu'un rêve. La première fois, j'ai cru que j'hallucinais. Il n'a même pas daigné justifier sa présence. Mais peu importe où j'allais, à chaque fois il semblait savoir où je me trouvais, et il me suivais à la trace.
J'ai toujours soupçonné Tobias de le tenir informé d'où nous nous trouvions, mais je n'ai jamais osé lui poser la question franchement. Et tout ce qui comptait pour moi, c'était sa présence.
Dans la voiture qui nous conduit à l'Opéra pour assister à une version moderne du Lac des Cygnes, je songe à tout le chemin parcouru ces derniers mois.
Je songe aussi à ce choix étrange de la part de la future mariée que de nous faire regarder de l'Opéra la veille de ses noces.
Quand nous arrivons à destination, je ne peux m'empêcher de laisser mon regard errer un peu partout, à la recherche de la tignasse si indisciplinée mais si reconnaissable de Klaus.
Mais Teodora me tire par le bras et m'attire à l'intérieur du bâtiment. Le hall est un vaste brouhaha, et je décèle à la fois chaleur humaine et froideur vampirique.
Les gens se saluent, parlent fort, discutent des noces à venir, salue l'extravagance de faire privatiser l'un des Opéra les plus prestigieux de la capitale française, le tout en sirotant des coupes de champagne délicieusement glacées.
Je ne me sens pas du tout à ma place dans ce décor grandiose, sans connaître personne.
Je prends alors une coupe de champagne pour ne pas rester là, les bras ballants, tandis que Teodora passe d'invité en invité, comme si elle était l'hôtesse de cette réception.
Je lève les yeux au ciel quand une poigne familière me cloue sur place. Une bouche aux contours que je ne connais que trop bien pour l'avoir eu partout sur mon corps me susurre :
- Enfin je te trouve.
//
Sorry I am late, je jardinais 🌱
J'espère que certaines d'entre vous qui se posaient des questions ont obtenu certaines réponses, il reste deux parties et ce sera fini 🤓
VOUS LISEZ
Club Eleven
VampirgeschichtenLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...