~ Livre Deux - Épilogue Partie 1

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Un an et demi plus tard

- Je ne rentrerai jamais dedans, je gémis en observant d'un œil mauvais la robe que Teodora me tend, et qui ressemble davantage à un carré de tissu qu'à un véritable vêtement.

Ma meilleure amie secoue la tête, intraitable, et ses cheveux courts se balancent de droite à gauche. J'ai encore du mal à accepter cette nouvelle coupe de cheveux ; Teodora a troqué ses bouclettes brunes contre un carré court, et même si cela lui va merveilleusement bien, j'ai toujours du mal à m'y faire.

- Je ne vois pas ce que tu as contre cette robe, dit-elle avec autorité. Elle est parfaite.

- Et incompatible avec le moindre sous-vêtement, je grogne.

Elle hausse les épaules.

- Bah, oui, mais elle est tellement ajustée qu'on ne verra rien qui ne devrait être vu, je te le promets.

- Ah, tu vois ! je scande. Tu reconnais toi-même que cette robe est trop moulante.

- Non, j'ai dit qu'elle était ajustée.

En levant les yeux au ciel et en poussant un soupir à vous fendre l'âme, elle me tend la robe -le bout de tissu-.

- Enfile la satanée robe Agnes.

La couleur est jolie, un vert sapin qui met en avant la blondeur de mes cheveux. Mais j'ai du mal à m'imaginer dans une tenue aussi scandaleuse, et me balader sans culotte ne me parait pas très judicieux.

Teodora s'éclipse pour me laisser me changer, et je m'observe dans le miroir avec scepticisme.

Je ne savais pas que ne pas changer, ne pas changer du tout me paraîtrait aussi perturbant. En presque deux ans, je suis restée si similaire à la Agnes que j'ai toujours été que ça en est ... troublant.

Je suis à fleur de peau. Je déteste Paris, cette ville bizarre où les gens semblent toujours pressés et de mauvaise humeur. En plus, les gens s'enfuient sur mon passage, avec ma tête d'étrangère, comme si ils avaient peur que je leur demande quelque chose.

Alors cette robe affriolante, c'est la cerise sur le gâteau. Pour rajouter un peu d'eau de vie sur cette cerise, je commence à avoir soif, mais je sais que cette sensation n'est qu'un leurre.

Je me suis abreuvée il y a quelques heures à peine, et je sais que cette sensation de soif est provoquée par une angoisse que je ne parviens pas à maîtriser.

Trop de choses se bousculent dans ma tête. Ces derniers mois m'ont fait l'effet de toute une vie.

Ce soir d'été où je me suis effondrée, dévastée à l'idée de ne pas pouvoir être avec Klaus comme je le souhaitais, je me suis fais horreur.

Si je n'étais pas responsable des circonstances de mon arrivée dans cette famille de vampires, j'étais à blâmer pour toutes les conséquences qui avaient suivi.

Je m'étais jetée à corps perdu dans une relation qui n'en était pas une, et j'ai blessé un garçon qui n'attendait que ça de moi.

J'étais consciente depuis un moment que mon comportement n'était pas des plus responsable, mais ce soir-là, c'était comme si je m'étais pris un coup de projecteur en plein visage.

J'ai pleuré pendant tout le reste de la journée et une partie de la nuit, et quand je me suis regardée dans le miroir le lendemain, je m'étais à peine reconnue. J'étais tellement bouffie que mon visage disparaissait derrière le sel de mes larmes. Jamais je n'avais été aussi peu moi-même.

Quand je suis allée retrouver Lune, j'ai craqué de nouveau, et avec sa diplomatie légendaire, elle m'a dit de ravaler mes larmes et de lui dire ce que je voulais.

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