~ Livre Deux - Chapitre 17

167 27 0
                                    

Avant d'aller voir Tobias, je m'accorde un instant de répit dans ma chambre, m'autorisant à croire que tout va bien se passer. J'en profite aussi pour changer de tenue, puis je m'affale sur mon lit, les mains croisées derrière la tête.

Et maintenant ?

Je n'ai aucune envie de me justifier quant à la nuit dernière. C'est ma vie, je fais ce que je veux, mais savoir que j'ai provoqué chez Tobias une telle souffrance me met mal à l'aise. Je n'ai pas cessé une seule seconde de lui faire du mal, l'embrassant à chaque fois que Klaus me repoussait ou que j'essayais de fuir une réalité trop difficile à supporter.

J'ai soufflé avec lui le chaud et le froid, et aujourd'hui, je dois assumer cette responsabilité. Mais savoir que peu importe ce que je lui dirai, il sera inexorablement blessé me donne envie de rester dans cette chambre pour toujours.

En poussant un profond soupir, je sors de la chambre et pars à sa recherche. La maison est silencieuse, comme s'il n'y avait pas une seule âme qui vive. En passant la tête dans la cuisine, je constate que cette dernière est rutilante, comme si rien ne s'était passé. Lune ou Teodora ont dû passer par là. Je note quand même l'odeur de sang, certes minime, mais qui ne manque pas de chatouiller mes narines.

En arrivant devant la porte de la chambre de Tobias, je marque un temps d'hésitation. Dois-je frapper ? Dois-je vraiment avoir cette conversation avec lui ? J'inspire longuement avant de me lancer, et j'ouvre timidement la porte.

La chambre de Tobias est fidèle aux souvenirs que j'en ai. Je ne suis pas allée souvent dans cette pièce, mais je la trouve toujours aussi paisible et ordonnée. La lumière de la salle de bain attenante est allumée, je m'y dirige donc d'un pas mal assuré.

Quand mes yeux croisent dans le reflet du miroir ceux de Tobias, je gémis. Si Klaus est dans un mauvais état, on peut dire que ce dernier a tout de même su rendre les coups. La lèvre de Tobias est fendue, et on aperçoit sur son torse nu un hématome d'une couleur inquiétante s'épanouir à l'endroit où Klaus a enfoncé sa tête.

- Tu viens me faire la morale ? demande Tobias, sur la défensive.

- Non, je dis en tordant mes mains nerveusement. Je suis venue voir comment tu allais.

Il ricane.

- Allez Agnes, rends-toi service et avoue plutôt que tu es venue me gueuler dessus pour avoir cassé la gueule à ton petit copain.

Tobias accentue volontairement le ton, et je m'assois sur le rebord de la baignoire en croisant les bras sur ma poitrine.

- Klaus n'est pas mon petit copain et tu le sais très bien. Et pourquoi tu le dis sur ce ton-là ?

- Quel ton ? dit-il ironiquement en battant des cils.

- Ce ton, précisément. Et d'abord, pourquoi tu lui as sauté dessus comme ça ?

- Ah, on y est ! La question à 10 000 couronnes ! Tout est de ma faute, n'est-ce pas ?

- Je ne mets pas tout sur ton dos, mais on ne peut pas nier le fait que tu es celui qui a déclenché cette bagarre quand même.

Je me lève pour me donner plus de courage, même si ça n'a pas l'effet escompté.

- Parce que je n'ai pas pu m'en empêcher, merde ! Ça m'a rendu fou de sentir ton odeur sur lui, et vice-versa. Tu crois que j'aime ça, quand ma nature prend le dessus de cette façon ?

Je baisse la tête, honteuse.

- C'est un aspect de notre personnalité qu'on ne pourra jamais contrôler. Si Lune était un homme et qu'elle avait couché ... tu aurais fait la même chose.

Club ElevenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant