Livre Deux ~ Chapitre 6

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Rapidement, trop rapidement, ou alors, trop tard, je ne sais pas, Tobias prend mes poignets entre ses mains et m'écarte de lui.

Il est haletant, et ses lèvres luisent de la preuve de notre baiser. Mon baiser. C'est moi qui l'ait embrassé, pas lui. La culpabilité m'étreint immédiatement, pour laisser ensuite place à un profond sentiment de honte.

Qu'est-ce que je viens de faire ?

- Agnes, qu'est-ce qui te prends ?

Tobias fronce les sourcils, le regard complètement perdu. Je me pose aussi la question : qu'est-ce qui me prends ? Si je ne suis même pas capable de contrôler mon corps, qu'est-ce que je vais devenir ?

- Je ... je ne sais pas. Excuse-moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça.

Tobias me lâche doucement, puis passe une main perplexe dans ses cheveux. Il regarde partout, sauf dans ma direction. Il soupire longuement, avant d'enfin oser me regarder dans les yeux.

- Agnes ... tu ... Merde alors !

Il shoote dans une motte de terre à ses pieds, et qui part s'écraser plus loin comme s'il avait shooté dans un ballon de football. Son visage, en plus d'exprimer une incompréhension totale, affiche désormais une colère non feinte. Je me ratatine sur moi-même.

- Je fais tout mon possible pour que toi et moi, nous ayons une relation saine et stable, même si ce n'est pas celle que j'imaginais pour nous deux, et toi ... toi, tu me sautes dessus comme ça. Ce n'est pas juste !

- Je sais je ... sincèrement je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça.

Il pointe un doigt accusateur sur moi.

- Moi, je vais te dire pourquoi tu as fait ça. Klaus rentre, te rejette -encore une fois-, alors pour te consoler, et comme tu ne sais pas gérer tout ça, tu te dis : tiens, allons embrasser ce bon vieux Tobias, tellement sympa et que tu prends pour acquis. Mais tu sais quoi Agnes ? Je ne suis pas une de tes putains d'acquisition !

- Je t'en prie, arrête de crier.

Je suis à deux doigts de pleurer. Parce que ce qu'il dit me blesse, mais aussi car c'est vrai.

- Non, je n'arrête pas de crier. Dès que Klaus est dans les parages, tu perds complètement la tête. Je ne suis pas ton lot de consolation, ou le pansement qui t'aides à aller mieux dès que cet idiot se montre cruel avec toi.

- Je sais ! je crie.

Merde, j'ai complètement perdu la tête. Je ne voulais pas du tout peiner Tobias. Mais il s'agit bien plus que d'un simple baiser stupide. Il s'agit de ma relation avec Tobias, qui éprouve des sentiments pour moi depuis le début, je le sais. Il fait tout ce qu'il peut pour accepter le fait que je ne l'aimerai jamais comme j'aime Klaus, et je l'embrouille en l'embrassant.

Je suis un monstre.

Je me sens tellement honteuse que j'opte pour l'attaque préventive. Je passe moi aussi une main dans mes cheveux ébouriffés, confuse.

- Toi aussi tu m'as embrassé je te signale.

Il ricane, et secoue ses mains comme si ce que je disais n'avait aucun sens, ce qui est quelque part le cas.

- Ne joue pas à ça avec moi, espèce de petite hypocrite ! C'était il y a des mois de ça ! Dès que tu m'as dis que tu ne m'aimerai jamais autant que Klaus, j'ai accepté de me mettre en retrait. Pour toi ! Voilà à quel point je t'aime.

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