Je maugréais des propos incompréhensibles tout en enfouissant ma tête dans l'oreiller moelleux, invitation presque irrésistible et propice à l'endormissement. Mais Teodora ne semblait pas réceptive à ma demande, et sautillait dans mon lit avec entrain.
- Allez, lève-toi, on n'a pas tous les jours 17 ans !
- En effet, murmurais-je.
Je n'avais pas du tout envie de célébrer l'évènement. La date fatidique s'était rapprochée, sans que je ne la voie venir. Elle me rappelait mes parents et leurs somptueux cadeaux, et c'était la dernière chose dont j'avais besoin. Je me relevais vivement en fusillant Teodora du regard.
- Je ne vois pas en quoi avoir 17 ans est si magique. Je pensais qu'en général on attendait plutôt les 18 ans. Tu sais, quand on est majeur.
Je mettais bien en évidence ces propos, car en effet, je ne voyais pas l'intérêt. Je ne me sentais ni plus vieille ni plus spéciale qu'avant, et je ne voyais donc pas l'intérêt de célébrer l'évènement de quelque façon.
- Et en général les femmes attendant la quarantaine pour refuser de fêter leur anniversaire.
Je soupirais tout en me roulant en boule dans mon lit.
- Je n'ai pas dit que je ne souhaitais pas le fêter. Juste que je ne vois pas l'intérêt de marquer l'évènement.
- Tu n'as pas le droit de faire ça, Agnes ! Tout le monde est super enthousiaste !
Teodora fit la moue avant de se reprendre, un air faussement pensif sur le visage.
- Enfin, moi et Tobias surtout, reprit-elle. Mais même Lune et Klaus ont promis de faire un effort en ce jour si spécial.
- Ils seront là ? demandais-je d'une voix que j'avais du mal à ne pas faire trembler.
Klaus et Lune célébrant mon anniversaire me terrifiait. La première personne, car elle m'attirait terriblement, la deuxième, car elle m'intimidait plus que n'importe qui sur cette planète.
- Klaus a promis de faire un effort, dit-elle d'un air entendu.
Je soupirais en songeant qu'il était certes impoli de ne pas descendre. Avec un autre soupir exagérément ostentatoire, j'acceptais à contrecœur.
- Je ne te garantis pas que ça me plaira, rajoutais-je.
- Enfile une tenue un petit peu plus décente, dit la jeune fille en bondissant de mon lit pour s'échapper de la pièce.
Soudain, mon cerveau enfin réveillé se mit à tilter.
- Deux petites minutes ! dis-je brusquement.
Teodora fit volte-face et ses boucles auburn s'écrasèrent contre ses joues roses.
- Comment tu sais que c'est aujourd'hui mon anniversaire, d'abord ?
Elle m'adressa un sourire de conspiratrice.
- Je le sais car j'ai des moyens de le savoir à ma disposition, et j'en ai usé.
Elle claqua la porte avec un peu trop d'entrain, et, tout en me frottant le visage avec lassitude, je m'engageais dans la salle de bain pour une petite douche rapide. Je ne réfléchissais à rien, sauf à ne pas mouiller mes cheveux, et après m'être séchée, je décidais de les laisser libres le long de mon dos. Une fois devant l'immense dressing composé par les soins de ma nouvelle amie, je restais stoïque pendant deux bonnes minutes, me demandant ce que j'allais bien pouvoir porter.
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...