Sortir m'apparaissait comme étant une mauvaise idée, comme si pendant tout ce temps j'avais vécue sous une cloche qui me protégeait plus ou moins de tout.
Dans mon ancienne vie déjà, je sortais très peu, me bornant à aller en ville quand le besoin s'en faisait réellement sentir, que ce soit pour acheter des fournitures scolaires ou des nouveaux vêtements. Sortir pour le plaisir et pour me changer les idées, pour reprendre l'expression employée par Teodora, me semblait nouveau et un peu inquiétant.
Je méditais sur cette pensée tandis que l'eau du bain refroidissait et que les dernières bulles de mon huile de bain s'évaporaient. Si Teodora attendait de moi que je m'amuse comme une petite folle ce soir, elle allait être franchement déçue. Je n'étais pas ce genre de copine, car je n'étais pas une bonne copine de base.
Je n'étais pas une fille spontanée, de celles qui faisaient rire les gens de part leur pitreries et leur audace. Je n'avais jamais rien fait d'inconsidéré dans ma vie, si bien que la perspective de sortir de cette maison m'angoissait énormément.
La peur de respirer l'air frais de la ville me poursuivait encore alors que j'étais en train d'attacher mes cheveux séchés en un gros chignon décoiffé sur le sommet de ma tête. Je savais que je ne voulais pas faire ça. Je n'en avais pas l'envie.
Je ne voulais ni sociabiliser, ni me trémousser sur une piste de danse. Et c'était précisément ce que Teodora attendait de moi ce soir.
J'errais dans la penderie pendant un bon moment, me demandant quelle tenue serait adéquate pour ce soir.Je voulais mettre une robe, pour que mon apparence ne reflète pas mon humeur ; une partie de moi avait envie d'être éblouissante mais j'ignorais si j'en avais les capacités.
Au bout d'une vingtaine de minutes cependant, une robe noire à paillettes aux épaules dénudées et m'arrivant à mi-cuisse finissait enfin par retenir mon attention.Elle était tellement provocante que j'hésitais quelques secondes à la passer, mais une fois sur moi, je dus admettre qu'elle n'était pas si flashy que ça, et qu'elle m'allait même plutôt bien ;elle mettait en valeur mes formes et la pâleur de ma peau.
Ne possédant aucun produit de cosmétique, je sautais cette étape et enfilais des baskets noires à paillettes toute simples, le stress me gagnant davantage au fur et à mesure que j'étais prête à partir.
Teodora déboula dans ma chambre au moment même où je prenais mon gros manteau noir doublé.
- Eh ! M'indignais-je, j'aurai pu être nue ...
Mon amie était à peine reconnaissable.
Elle portait une robe d'un rouge profond au décolleté visible, ses yeux étaient cerclés de noir et elle avait lissé ses cheveux, si bien que ces derniers lui arrivaient probablement au niveau des fesses. Elle paraissait bien plus âgée que moi, et même si j'ignorais encore où nous allions,je savais qu'elle n'aurait aucun problème pour y rentrer. Mais quand elle jaugea ma tenue, elle fit la moue
- C'est quoi cette tenue d'enterrement ?
- Et qu'est-ce que tu lui reproches à ma tenue ? Dis-je un peu sèchement, piquée par son commentaire.
- Rien, rien, j'aime beaucoup la robe, c'est un bon choix, mais les chaussures ... Et puis, tu ne t'es même pas maquillée !
- Je n'ai pas de maquillage et je ne me maquille jamais ; à tout les coups si tu me maquilles je vais finir par oublier au bout de cinq minutes et je vais ressembler à un panda après.
- Ok, ok ! Dit Teodora en levant les deux mains devant elle, comme si elle avait peur que la conversation dévie en dispute. Mais change au moins tes chaussures alors.
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...