Les morts ne sont pas morts, les morts vivent encore
Leurs tombes sont vides, n'enfermant que des corps
Certains ont choisi l'ombre, ils errent et ils souffrent
Attendant un appel pour sortir de leurs gouffres.
Les autres que l'amour a libérés d'eux-mêmes
Je les sais près de nous et je sais qu'ils nous aiment.
Ne vous lamentez pas, ne pleurez pas sur eux
Dans la lumière du cosmos ils sont heureux.
Les morts ne sont pas morts, ils sont nés à nouveau
Ils sont dans un jardin et non dans un tombeau
Dans cet ailleurs si proche, ils nous voient, nous entendent
Ils ne nous oublient pas, je sais qu'ils nous attendent
L'ami attend l'ami, l'amante attend l'amant
Et le fils sa mère, et la mère ses enfants
Ne vous lamentez pas, près du fleuve de vie
Ils oublient l'errance des âmes asservies. Les morts ne sont pas morts, ils sont près de vous
Je sais des soirs troublants où ils viennent vers nous
Leur vie est un firmament ruisselant d'étoiles
Chaque étoile est une âme évadée de sa toile
Ils ont si soif encore d'un amour infini
Pensez à eux car la vraie tombe c'est l'oubli
Ne vous lamentez pas, les pleurs sont des prières
Mais vos douleurs en font des âmes prisonnières. Les morts ne sont pas morts, un soir ils me l'ont dit.Jean-Paul Sermonte
Je ne suis pas morte.
Je suis en train de revenir.
C'est une renaissance.
Bizarrement, ce texte tourne dans ma tête, encore et encore. Je l'avais entendu une fois, quand j'étais plus jeune, lors des funérailles de ma grand-mère maternelle, une femme froide et implacable que j'ai rencontrée à quelques rares reprises dans ma vie. Je pensais que ce texte avait disparu de ma mémoire, et en fait je n'y avais jamais repensé jusqu'à présent. Mais apparemment, mon cerveau a réussi à s'en souvenir à la perfection, me le ressortant au moment le plus important de mon existence.
Mourir est plus difficile qu'on ne le pense. Même avec la certitude absolue que je vais revenir à moi, je suis terrifiée. Il y a quelque chose de troublant dans le processus. La douleur. La panique. La tristesse, aussi. La tristesse de tout laisser derrière soi, et de devoir tout recommencer.
Le pire, c'est le silence. Mourir en silence, sans aucun bruit réconfortant autour de moi, ça me renvoie ma solitude en plein visage. J'ai toujours été une fille solitaire, taciturne, peu bavarde, et j'ai toujours cruellement manqué de confiance en moi. Mais ces derniers mois, je pensais avoir trouvé une sorte d'équilibre au milieu de ce chaos. Comme un répit.
Naître. Renaître. Mourir.
Revivre.
Le plus dur, c'est cette incertitude qui m'étreint. La peur de ne pas avoir pris la bonne décision. La peur de faire tout ça pour rien. Je suis en train de mourir depuis plusieurs secondes, minutes, heures, jours, mais j'arrive encore à avoir peur, à appréhender.
Et si tout cela était fait en vain ?
Et si on ne m'aimait plus ?
- Tiens-toi plus droite. Encore. Encore. Relève le menton.
J'obéis.
- C'est très bien. Et maintenant, tu restes comme ça. Tu vois, ce n'est pas si difficile.
Un petit silence s'installe.
- N'est-ce pas ? Réponds-moi.
- Non maman, ce n'est pas difficile, je murmure.
- Une dame du monde ne se tient jamais les épaules voutées, dit-elle en commençant à me coiffer les cheveux. Si tu te tiens mal, on pensera que tu es une paysanne, et tu n'es pas une paysanne, n'est-ce pas ?
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...