~ Chapitre 25

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Mes pieds battant dans le vide, je tentais désespérément de m'accrocher à la moindre particule d'air qui pouvait rentrer en contact avec mes poumons. En vain.

J'étais encore sous le choc de ce qui venait de se produire, et qui continuait de se produire. Mes mains posées sur celles de Klaus me maintenant coincée contre la cloison du frigo, je tentais de le faire lâcher prise en le griffant et en agrippant ses mains. Malheureusement pour moi, mes faibles tentatives ne semblaient avoir aucune prise sur lui.

C'était comme si je m'évertuais à taper contre un mur. La partie encore rationnelle de mon cerveau ne pouvait s'empêcher de se demander ce que j'avais bien pu commettre de si terrible pour que le jeune homme ressente l'envie de me tuer.

J'avais l'impression d'être le dommage collatéral d'une situation qui n'était même pas ma faute. A moins que ma présence en ces lieux ne constitue un délit, je ne méritais pas tout cela. Le mot qui venait dans mon esprit embrumé était « injuste ». Comme tout ce qui m'arrivais depuis plusieurs mois d'ailleurs.

Je n'arrivais même plus à discerner les formes et les contours autour de moi, et je trouvais cela triste ; aussi méchant Klaus était-il, je voulais que son beau visage soit la dernière chose que je verrai avant de partir. J'aurai aussi aimé savoir la raison pour laquelle il faisait ça, mais j'imaginais qu'on ne pouvait pas tout avoir dans la vie.

Alors que j'avais le sentiment que mon cerveau allait exploser d'une seconde à l'autre, je sentis un choc, puis mes pieds retrouvèrent le sol de la cuisine, et je m'écroulais sur ce dernier, non sans me cogner la tête dans un coin du placard.

En reprenant mes esprits, je constatais que Tobias se trouvait dans la pièce. Bien sûr, il était intervenu. Son visage était déformé par une rage que je ne lui connaissais pas. Une veine palpitait le long de sa tempe et il avait retroussé sa lèvre supérieure, comme si il était un animal qui montrait les dents.

- Espèce de sale fils de pute, dit-il lentement en avançant d'un pas vers Klaus.

Si ce dernier semblait moins confiant qu'à l'accoutumée, il avait toujours en revanche son masque de sérénité, laissant penser que ce qui venait de se passer n'était pas si grave. Quant à moi, je me tenais la gorge –geste inutile, j'en étais consciente- et massais la zone pour me soulager. Je me sentais très faible, et j'avais dû être à la limite de la perte de connaissance.

- Tu viens d'essayer de la tuer ! hurla Tobias et je posais mes mains contre mes oreilles, comme abasourdie.

- N'importe quoi ! s'exclama Klaus. Son pouls n'a pas flanché une seule fois. Je l'ai senti contre ma main, dit-il d'un ton victorieux, comme si il avait eu une sorte de privilège.

Tobias ne répondit pas à cette provocation ; il semblait plutôt concentré. Ou bien alors essayait-il de se calmer, pour ne pas assassiner son frère devant mes yeux.

- Pourquoi as-tu fais ça ? demanda-il d'une voix qui avait du mal à ne pas trembler.

Pile à ce moment-là, Teodora arriva en courant dans la cuisine, probablement alertée par les cris. En me découvrant assise par terre dans un coin de la cuisine, elle se précipita à mes côtés.

- Elle est tombée par terre et elle s'est cognée, dit Tobias d'une voix tendue. Regarde s'il n'y a pas de risque qu'elle se mette à saigner.

A voix basse, j'entendis Klaus grogner :

- Il ne manquerait plus que ça.

Teodora se lança à la recherche d'une plaie quelconque, surtout au niveau de la tête, mais elle ne trouva rien. Je me sentais juste étourdie, et j'avais du mal à reprendre mes esprits. Tobias continua d'avancer vers Klaus à pas lents, comme si il n'était pas encore sûr de ce qu'il avait l'intention de faire. Teodora et moi le suivions d'un œil anxieux, incertaines quant à ce qui pouvait se produire.

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