~ Chapitre 16

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J'errais sans but une partie de l'après-midi, somnolant par moment dans mon lit, me perdant dans la contemplation des flammes de la cheminée à d'autres.

Pour m'occuper, je tressais longuement ma chevelure. Le processus demandait du temps et occupait mon esprit embrumé. Je ne cessais de repenser à Teodora, et à ce qu'elle m'avait dit par rapport à l'histoire de la grenouille. Je me sentais désormais encore plus prise au piège qu'avant, et les sentiments que je commençais à éprouver pour les deux frères ne m'aidaient pas.

J'avais l'impression qu'après près de 17 ans d'existence, mon cœur se mettait à tourner telles les pales d'un hélicoptère. Je me découvrais des émotions jamais ressenties auparavant, qui me faisaient vibrer. D'un côté, il y avait Tobias, qui avait toujours fait preuve de gentillesse et de compassion envers moi. Il essayait de toujours rendre les choses plus faciles pour moi, et pour ça, je lui en étais reconnaissante. Il était indéniablement beau, et sa bienveillance à mon égard ne faisait que renforcer mes sentiments.

De l'autre côté, il y avait le sombre et ténébreux Klaus, dont le regard était suffisamment profond pour me déstabiliser. Dès qu'il se trouvait à proximité, je sentais le rythme de mon cœur s'accélérer de façon tangible. J'aurai –j'imagine- été prête à n'importe quoi pour un regard de sa part, un geste, une attention.

J'étais tellement perdue dans mes pensées que j'entendais presque trop tard qu'on frappait à ma porte. Tobias apparu timidement à la porte de ma chambre, un plateau chargé de victuailles. Il le tenait à une seule main, et le plateau tangua dangereusement. Je me levais, complètement ankylosée, me demandant ce que je pouvais dire.

- Je peux entrer ? demanda-il.

- Oui, bien sûr, soufflais-je.

Il me désigna le petit salon attenant à la chambre et s'y installa. Je tournais le fauteuil de façon à ne pas me retrouver trop près du feu. Tobias me servit une tasse de café au lait et prit un petit pain aux groseilles. Il me fit signe de me servir, mais je refusais gentiment.

Tobias était toujours aussi élégant, vêtu d'un pantalon sombre et d'un pull en V gris, qui mettait en avant sa musculature. La couleur du vêtement s'adaptait parfaitement à la couleur étonnante de ses yeux. Si je n'étais pas aussi attirée par lui que par son frère, je dus cependant me souvenir de respirer.

Tobias croisa les jambes et me sonda, et je me perdais dans son regard. Il semblait maître de ses émotions, mais aussi quelque peu mal à l'aise. Son regard s'attarda un peu trop longtemps sur ma gorge, mais au lieu de ressentir de l'inconfort, je me sentis rougir.

- Bien, dit Tobias avec un petit sourire. J'ai parlé avec Teodora avant de venir te voir et elle m'a fait part de la conversation que vous avez eu.

- En effet, dis-je un peu froidement.

J'étais sur la défensive, car j'ignorais s'il comptait me faire des reproches ou enfin me dire la vérité.

- Agnes, je ...

- Je sais ce que tu vas me dire, le coupais-je. Je sais que tu vas me demander de faire preuve de foi et de patience, mais je n'en peux plus. Tu ne peux pas me demander ça, tu ne peux plus.

J'étais au bord des larmes et j'inspirais doucement pour m'exhorter au calme. Tobias se redressa sur le fauteuil et passa sa main dans les cheveux.

- Je n'allais pas dire ça, à vrai dire, dit-il avec beaucoup de douceur dans la voix. En réalité, je ne peux que te comprendre, et encore une fois t'adresser mes plus sincères excuses.

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