~ Chapitre 38

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Il s'agissait là d'une impression de déjà-vu.

Quelques mois auparavant, Tobias avait ordonné au reste de la maisonnée de se joindre à nous, car j'avais réussi à capter son odeur. Une odeur de pomme et d'herbe fraîchement coupée. Il avait voulu avoir l'avis des siens.

Aujourd'hui, j'étais celle qui ordonnait cette réunion, car aujourd'hui était le jour où tout cette histoire allait enfin prendre tout son sens. J'allais avoir des explications. Après tout ce temps à batailler à la rechercher de la vérité, j'étais à deux doigts de l'obtenir.

Tobias m'installa dans le grand salon, celui-là même où j'avais appris la véritable nature de mes colocataires, le jour de mes dix-sept ans. La boucle allait être bouclée une bonne fois pour toute, et j'étais persuadée qu'aujourd'hui personne n'allait être assez bête pour me mentir.

Dans la grande cheminée, un feu ronronnait, et je m'installais face à ce dernier dans le gros fauteuil. Sur ma gauche et sur ma droite se trouvait deux canapés. J'avais l'impression que j'allais présider cette rencontre, et la sensation de contrôle m'arracha quelques frissons de plaisir et d'anticipation.

Teodora arriva la première, parfaitement apprêtée comme à son habitude, ses boucles acajou se balançant tranquillement dans son dos. Elle chercha mon regard, et je lisais dans le sien une profonde tristesse. De toute évidence, elle était peinée par la situation que je subissais.

Lune émergea de la bibliothèque, toute de noir vêtue, et elle portait une robe ultra courte avec des collants qui s'arrêtaient au-dessus des genoux. Sa peau diaphane paraissait presque transparente avec le maquillage charbonneux qu'elle portait. Ses cheveux négligemment bouclés arrivaient au niveau de ses fesses, et ses talons claquèrent bruyamment sur le parquet ancien de la pièce. A son arrivée, Teodora se décala pour lui laisser une place à ses côtés.

Klaus arriva bon dernier, avec une expression de nonchalance peinte sur le visage. Néanmoins, j'aperçus l'ombre d'un rictus. J'étais presque certaine que la situation le délectait, et qu'il attendait avec impatience le reste du récit pour observer mes réactions.

Une fois qu'ils furent tous assis à me regarder –sauf Klaus, qui regardait derrière moi-, je ne sus quoi dire. La nervosité que je ressentais me clouait sur place, et j'avais du mal à respirer. Et pourtant, il fallait bien que nous commencions quelque part.

- Bien, dis-je finalement, la voix tremblante. Tobias m'a raconté l'histoire du Club Eleven, et maintenant j'aimerai savoir pourquoi je suis ici exactement, ce que vous attendez de moi et ce que je suis censée faire. Je veux savoir ce qu'il s'est passé cette nuit-là.

Le silence était à couper au couteau. La tension, tellement palpable, qu'on aurait pu la toucher du bout du doigt. Je regardais Klaus et Tobias, les suppliant de dire quelque chose. Soudain, Tobias se redressa dans le fauteuil et s'éclaircit la voix.

- En effet, tu connais l'histoire du Club Eleven. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il est ouvert à tous. Quand je dis à tous, je parle bien entendu des gens de mon espèce ... des vampires. Erling se fiche pas mal des personnes qui composent sa clientèle, pour peu que nous ayons les moyens de payer. En ce qui me concerne (son regard dévia vers Klaus), ce n'était que la deuxième fois que je me rendais à une vente aux enchères. Tous les ans, il y a ce qu'on appelle la Vente Prestige, uniquement composée de la descendance des cinq familles. Le reste du temps, pour continuer de faire du profit, Erling propose des jeunes filles ramassées un peu partout en Suède.

- Pourquoi est-ce que tu es venu au Club Eleven ? demandais-je, déçue de lui.

Tobias déglutit.

Club ElevenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant