~ Livre Deux - Chapitre 9

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- Ta tenue est prête ! crie Teodora, sa petite voix noyée par l'eau de la douche.

- D'accord ! je réponds sur le même ton.

Ce soir, c'est le grand soir. A force de négociations serrées et tendues, et grâce à la moue désespérée de Teodora, Lune a accepté que nous sortions ce soir, sous condition d'un couvre-feu qui nous vaudra de « brûler en Enfer » selon les propos de Lune si ce dernier n'est pas respecté.

Je suis plutôt excitée à la perspective de cette soirée, première depuis ma transformation en vampire, deuxième depuis mon arrivée ici. Ça fait peu de sortie, je sais. Et c'est pourquoi j'ai bien l'intention de profiter ce soir, mais je dois aussi admettre que je suis curieuse de savoir si je vais être en mesure de bien me tenir et de me contrôler si le besoin s'en fait sentir.

J'entends Teodora quitter la chambre et je m'empresse de quitter le confort de la cabine de douche chaude et humide. Pour l'occasion, j'ai lissé mes cheveux qui sont maintenant raides comme des baguettes.

Mais quand je sors de la cabine, j'ai un choc.

Je me retrouve face à ma tenue suspendue au lustre pour ne pas être froissée, et je crois que j'ai envie de crier. La robe qui se trouve devant moi est d'un rouge profond, et d'une beauté presque surnaturelle. Serrée au niveau de la taille et vaporeuse, elle dévale jusqu'au sol dans un vomi de tissu léger comme une plume. Le décolleté est bien trop profond -sur moi, il doit arriver au-dessus du nombril-. Bref, cette robe est parfaite et élégante ; elle me ressemble très peu.

Sur la défensive, je retourne l'étiquette, encore trempée de ma douche, et lis : Elie Saab haute couture. Rien que de distinguer ces deux mots de français me fait vriller. Où est-ce que Teodora croit qu'on va ? Je mets à la va-vite un t-shirt blanc, une culotte blanche qui dépasse du tiroir, et me dirige à pas décidé vers la chambre de Teodora, plus ou moins consciente que je suis en train de mouiller le parquet à chacun de mes pas.

- Teodora tu vas avoir des ennuis ! je crie avant même d'entrer dans sa chambre.

Mais elle n'est pas là, et, à la place, je trouve Klaus allongé en travers du lit, les mains derrière la tête.

- Chouette tenue, commente-il.

- Très drôle, je dis en levant les yeux au ciel. Détourne-toi. Je n'ai pas besoin que tu m'admires en t-shirt et en culotte.

- Quoi ? hurle Teodora. Je suis sous la douche je n'entends rien.

Je vais pour ouvrir la porte, mais elle l'a verrouillé.

- Tu as cru qu'on se rendait au Prix Crafoord ou quoi ? Cette tenue ne va pas du tout !

- Quoiiiiii ?

Je soupire et pose mes mains sur mes hanches. Quand je me détourne, je constate avec agacement que Klaus me regarde toujours.

- C'est bon tu as fini ? je demande, blasée par son attitude mais surtout par Teodora qui est incapable de ne pas faire d'une simple sortie un évènement national.

- Fini de ? demande-il innocemment.

- De me regarder, j'insiste. Ça devient gênant.

Il arbore un demi-sourire.

- Oui, c'est assez gênant en effet. Je ne savais pas que ce genre de tenues avaient cours dans les familles d'aristo. Mais ça me plait.

- De quoi est-ce que ...

Je baisse les yeux sur ma tenue, à la recherche d'un élément qui puisse expliquer pourquoi Klaus fait une montagne d'un simple t-shirt culotte, quand je me glace d'effroi.

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