~ Chapitre 42

208 27 6
                                    

Lorsque j'ouvrais les yeux, je n'avais aucune notion de l'heure qu'il était.

Mais il était tout sauf le temps écoulé, ça j'en étais sûre.

Je regardais en direction des fenêtres, et constatais que les rideaux étaient ouverts, et que ces derniers diffusaient une lumière pâle et morne. Soit il était très tôt, soit il ne faisait pas beau. Cependant, je n'avais pas du tout envie de me lever pour vérifier.

C'est alors que les évènements de la veille me revinrent à l'esprit, et je chassais brutalement tout l'air de mes poumons. Tout me revint par flash, comme une sale gueule de bois. Je n'avais jamais expérimenté cet état, bien entendu, mais je le connaissais assez à travers les livres et les films pour savoir que ce que je ressentais s'en approchait.

Klaus.

Instinctivement, je basculais de l'autre côté du lit, et sans surprise, le trouvais vide. Froid. Soudainement inhospitalier. A quoi m'étais-je attendue ? A ce que Klaus soit là, éveillé et tout sourire, et me dise à quel point j'étais belle lorsque je dormais ?

Ça, c'était ce qui aurait pu se passer dans un monde merveilleux sans vampires, où les gens ont une vie normale, dépourvue de colère, d'animosité, de haine et de rancœur. Mais ma vie n'avait jamais ressemblé à ça, et ne ressemblerait jamais à ça.

Klaus était ... eh bien, il était Klaus. Il m'avait fait comprendre qu'aux premières lueurs de l'aube, sa haine à mon égard reviendrait, plus forte que jamais, et c'était ce qui s'était passé. Bien sûr, la partie encore naïve et idiote de mon cerveau -celle qui faisait de moi une fille bien trop gentille-, avait pensé qu'il y avait peut-être une microscopique chance pour que les choses ne se passent pas comme prévues, mais j'avais eu bien trop foi en moi, et en lui.

Je décidais de m'octroyer quelques minutes supplémentaires dans la tiédeur des draps en songeant au poids que j'avais sur les épaules, à savoir assumer cette nuit et la pénible journée qui m'attendais. J'étais engourdie, et mon corps était comme ankylosé. Ou alors, il avait pris la consistance d'une méduse, je ne savais pas trop ; c'était comme si mon corps tout entier était passé dans le cycle d'une machine à laver.

Je me levais avec difficulté, me rhabillais rapidement, et regardais par la fenêtre. Il était encore tôt -une brume matinale enveloppait le jardin- et une pluie diluvienne enlevait les traces de neige, rendant cette dernière boueuse, la faisant ressembler à des extrémités de coton-tige.

A pas de loup, je sortais de la chambre de Klaus, priant pour ne tomber sur personne. Je n'étais pas encore prête à parler à qui que ce soit -il fallait déjà que j'ai une conversation avec moi-même avant de parler à quelqu'un d'autre-.

En fermant la porte de ma chambre, j'expirais longuement et me dirigeais immédiatement vers la cabine de douche. L'eau était brulante, mais j'en étais à peine consciente. Mon cerveau ne cessait d'aller et venir entre ce qui aurait pu être la plus belle nuit de ma vie, et sur ce qu'elle avait réellement été.

Il fallait que je parle à Klaus, j'en étais parfaitement consciente, mais j'étais déjà angoissée. Je savais que la conversation s'annonçait pénible et douloureuse. Il allait me balancer des horreurs à la figure, probablement se moquer de m'être offerte à lui avec tant d'abondance la nuit dernière. Et il aurait raison. C'était cela qui faisait le plus mal : savoir que malgré les horreurs qui sortiraient de sa bouche, la plupart seraient vraies.

La nuit dernière, aussi parfaite avait-elle été, était d'ores et déjà gâchée. Klaus avait pris quelque chose qui ne lui appartenait pas, qui ne lui revenait pas. J'aurai dû donner cette chose à quelqu'un qui m'aurait aimé, qui m'aurait respecté, et au lieu de ça, j'avais cédé avec une rapidité et une facilité qui me faisait passer pour ce que je n'étais pas. Lien ou pas, je n'avais aucune excuse.

Club ElevenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant