~ Chapitre Dernier

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- Tout ça va très mal se terminer, répétait Teodora en boucle.

Ces dernières 72h, elle avait tellement répété cette phrase tel un mantra que j'avais commencé à me demander si elle n'avait pas raison. Ses regards angoissés et ses moments de doutes avaient déteints sur moi, si bien que je ne me sentais plus aussi sûre de moi.

Errant dans le dressing de ma chambre, je posais ma main sur l'étoffe soyeuse de la cape avec laquelle j'étais arrivée ici. D'un rouge profond, j'avais rangé ce vêtement au fin fond de mon dressing, peu désireuse de me confronter à ce souvenir. Pourtant aujourd'hui bizarrement, je ressentais le besoin d'en toucher la matière, de la caresser, pour essayer de décrypter le fil complexe de mes émotions.

Ces trois derniers jours, j'avais été conseillé par Lune et Teodora sur ce qui m'attendait. Quoique, conseillé n'était peut-être pas le terme approprié. J'avais été pour ainsi dire coachée, les deux femmes tentant de m'apprendre les rudiments du vampirisme.

« Pendant plusieurs jours, tu ne pourras plus bouger. Dès que le virus s'empare de ton corps, tu es comme paralysée, car le venin circule dans tout ton corps. Ton corps et ton cœur se meurent, et le temps de transformation varie en fonction des personnes. C'est assez douloureux. Tes organes cessent de fonctionner les uns après les autres, tes veines se scellent, c'est comme si tu mourrais encore et encore » m'avait prévenu Lune.

La douleur n'était pas quelque chose que j'avais prévu de supporter, et je l'appréhendais énormément. Mourir encore et encore pendant plusieurs jours paraissait facile de prime abord ; les autres avaient survécu à cette épreuve. Mais je n'étais pas sûre de moi, pas sûre d'être capable de supporter la douleur de cette façon.

D'une voix tremblante, j'avais demandé ce qui m'attendait après. La soif de sang était ce qui me terrorisais le plus. Je n'avais jamais vu aucun de mes compagnons se comporter réellement en vampire, sauf la fois où Klaus s'était abreuvé de mon sang. Il était tellement facile d'oublier qu'ils étaient des vampires.

« Au début, la soif va l'emporter sur tout le reste » m'avait dit Teodora en se replongeant dans ses propres souvenirs. « Le reste n'aura aucune importance, et tu devras rester confiner ici le temps que cette obsession ne se transforme en quelque chose de gérable. Nous t'aiderons, bien sûr, et il n'y a aucune raison pour que tu n'y parviennes pas. »

Les filles avaient aussi mentionné une libido plus intense, que j'avais fais semblant de ne pas entendre, mais aussi des émotions exacerbées. Là-dessus, j'étais préparée, car Tobias l'avait mentionné. Je savais que j'allais devoir apprendre à gérer mes émotions comme une petite fille capricieuse.

Mais la peur était quand même là, et j'étais incapable de l'endiguer. Elle m'empêchait de dormir, de manger, de réfléchir correctement. Et subsistait ce point d'interrogation, gigantesque, que je voyais partout où j'allais, même quand je fermais les yeux : qu'en était-il de Klaus ?

Car même si Tobias m'avait donné son accord, Klaus n'avait rien accepté, lui. Cette question me coupait littéralement l'appétit, et me faisait me retourner dans mon sommeil. Peut-être étais-je en train de précipiter mon propre trépas. Mais aussi la vie de mes amis.

J'étais toujours une catastrophe ambulante, en fait.

- Teodora, merci de la mettre en veilleuse. Tu m'angoisses plutôt qu'autre chose.

- Désolée, piailla-elle, mais je ne peux pas me réjouir de notre mort imminente quand Klaus apprendra qu'on t'a changé en vampire contre son gré quand il reviendra ici.

- Klaus ne reviendra pas, dis-je d'une voix cassante. Et quand bien même, on ne peut pas passer notre vie à l'attendre.

C'était presque une certitude ; je sentais dans mes tripes que Klaus était loin de moi, et que je n'allais pas le revoir avant un long, long moment, voire jamais.

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