Ma main est plongée dans une flamme dont la couleur rougeoie, encore et encore. La chaleur se répand dans tout mon corps, jusqu'à friser l'inconfort. Je voudrais m'éloigner des flammes, mais c'est impossible, c'est comme si elles faisaient partie de moi ...
Jusqu'à ce que j'ouvre brutalement les yeux.
Ma première pensée, c'est de trouver étrange que le tapis de la bibliothèque soit si confortable et moelleux. Mais en bougeant la tête, je constate que je suis dans un lit qui m'est peu familier. Ma deuxième pensée, un peu plus cohérente, c'est de comprendre la signification de mon rêve ; cette sensation de chaleur est uniquement due à Klaus qui est étalé sur moi comme un drapeau.
Sa tête repose sur mon estomac, tandis que ses mains sont passées sous mon dos. Je suis littéralement clouée sous son corps tandis que les évènements de la veille me percutent par flash, se rappelant à mon bon souvenir.
Je ne me rappelle même pas avoir atterrie dans sa chambre, et, en sentant son corps nu contre le mien, une foule de souvenirs nocturnes me reviennent. Je doute que Klaus se soit endormi dans cette position –de toute évidence, il est dans un sommeil profond-, mais pour le moment, j'ai envie de croire qu'en le voyant ainsi, collé à moi, tout va bien se passer.
J'essaye de calquer ma respiration à la sienne, qui est profonde et régulière, afin de grappiller quelques précieuses secondes en sa compagnie, mais je suis définitivement réveillée. Il faut que je m'extirpe de ce lit, loin de la tentation du corps dénudé de Klaus contre ma chair moite.
Par je ne sais quel miracle, je parviens à glisser sous lui, et Klaus se contente juste de grogner dans son sommeil avant de se retourner et de se rendormir. Il faut que je me lave ; je suis transpirante et les vapeurs d'alcool me font l'effet d'un pic vert qui tape contre mon crâne.
A pas de loup, je me faufile dans la salle de bain attenante et fait couler l'eau –ni trop chaude, ni trop froide-, en espérant que cette dernière saura me laver de mes pêchés de la veille. Ma vision se trouble, et la pensée que je puisse être encore alcoolisée traverse mon esprit embrumé.
Sous la douche, je dresse le bilan de ma nuit. Je suis courbaturée, à cause des vacillements sur les talons aiguilles mais aussi de ce que mon corps a subi. En nettoyant les traces de sang séché entre mes cuisses, la stupidité de ce que nous avons commis me frappe tel un uppercut en plein ventre.
Je voulais coucher avec Klaus et perdre ma virginité avec lui plus qu'avec n'importe qui d'autre, mais à la lumière du jour, je ne sais plus comment je suis censée me sentir. Les douleurs de mon corps sont agréables : j'ai l'impression d'être passée dans le cycle à essorer d'une machine à laver, mais mon entrejambe et mes seins sont des zones sensibles.
En sortant de la douche, je fouille dans le placard de Klaus et déniche un t-shirt noir assez grand pour qu'il soit utilisé comme une chemise de nuit. Je n'ai pas forcément envie de porter ses vêtements, mais en même temps ma chambre est à l'étage et je ne veux pas prendre le risque de tomber sur quelqu'un.
En m'observant rapidement dans le miroir, je ne sais pas si c'est psychologique mais je me trouve ... changée. Mes joues sont toutes rouges et mes lèvres encore gonflées.
En regagnant la chambre, mon sang se glace lorsque mon regard croise celui de Klaus, tout à fait réveillé. Le drap blanc lui arrive en dessous de la ceinture, ses cheveux sont en bataille et son torse est constellé de petites marques rouges.
Est-ce que c'est moi qui ai fait ça ?
Gênée, je détourne le regard et essaye de dompter mes cheveux à l'aide de mes doigts. Je parcours la pièce des yeux à la recherche de quelque chose de familier, comme mes vêtements de la veille par exemple, quand je réalise que tout est sûrement resté dans la bibliothèque.
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...