Klaus, les traits déformés par la colère, mais aussi par une pointe d'étonnement, me semblait-il, m'observait sans rien dire. Vêtu d'un bas de survêtement gris et d'un t-shirt assorti, il était tout aussi appétissant qu'à son habitude.
Mon cœur battait sourdement dans ma poitrine, et j'étais certaine que mon rythme cardiaque hiératique lui parvenait sans problème. Une partie de mon cerveau s'attardait encore sur Tobias – était-il possible que Lune ait raison et que ce dernier soit amoureux de moi ? -, mais là tout de suite, j'étais comme intoxiquée par la présence de Klaus. Mais contrairement à d'habitude, au lieu de ressentir une douce gêne et excitation à l'idée de me retrouver en sa présence, j'étais aussi en colère, agacée du comportement dont il avait fait preuve ces derniers mois. Je me sentais toute puissante maintenant que je savais que j'étais celle qui avait le pouvoir.
Klaus s'avança doucement vers moi, avant de lentement taper dans ses mains en un applaudissement sinistre et moqueur. Je sursautais, le bruit me surprenant. Je ne sais pas à quoi je m'étais attendue, mais certainement pas à ça. Klaus continuait d'applaudir tout en se dirigeant vers moi.
- Bravo, Agnes. Belle performance. Je savais que tu débarquerais ici dans peu de temps pour te vanter de détenir le pouvoir, dit-il méchamment.
Je reculais d'un demi-pas, stupéfaite par ses propos.
- Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire.
Après tout ce temps, ne me connaissait-il donc pas ? Je n'étais pas ce genre de fille. La situation était tellement compliquée et inédite que je n'avais aucune raison de me vanter de quoique ce soit. Il ne comprenait pas où je voulais en venir.
- Vraiment ? dit-il en prenant une moue faussement étonnée. Alors dans ce cas, que fais-tu ici ?
J'ouvrais la bouche pour la refermer aussitôt. Il marquait un point. Pourquoi étais-je ici ? Une petite voix diabolique dans ma tête me susurrait les véritables raisons de ma présence ici, mais je n'osais pas faire quoi que ce soit.
- Voilà, nous y sommes, reprit Klaus. Voilà ton véritable problème, Agnes. Près des trois quarts du temps, tu n'as aucune idée de ce que tu es en train de faire. Ce qui te rend encore plus ridicule et stupide que tu ne l'es déjà.
- Ça suffit ! criais-je, haletante. Tu n'as pas le droit de me parler comme ça ! Je ne suis pas ta chose ! C'est fini, tu n'as plus de prise sur moi, ce temps-là est terminé !
Il se mit à rire et à prendre un air faussement impressionné.
- Eh bien, continue, c'est assez amusant de te voir comme ça. Tu es ridicule, dit-il en pointant un doigt sur moi.
A cet instant précis, sa méchanceté m'apparut au grand jour et me percuta tel un coup de poing dans le ventre.
- Tu es un incroyable salaud, murmurais-je.
Il haussa les épaules.
- Mais je n'ai jamais prétendu le contraire, contrairement à toi qui te voiles la face.
- Tu me dis en quoi je me voile la face ?
- Sous ce nouvel air de confiance que tu arbores, je sais que tu es toujours cette petite chose fragile et innocente qui a débarqué ici il y a quelques mois de cela.
- Tu m'en veux pour tout ça, pour la situation dans laquelle nous nous trouvons, soufflais-je, mais c'est toi qui est venu au Club Eleven.
Il recula, surpris par mes propos.
- C'est vrai. Et crois-moi, en plusieurs siècles d'existence jamais je n'ai regretté quelque chose aussi amèrement.
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Club Eleven
VampireLa vie d'Agnes Wallenberg est orchestrée comme du papier à musique. Issue de l'aristocratie suédoise, aux valeurs, aux croyances, et aux règles strictes, elle n'a jamais fait de vagues. L'année de son dix-septième anniversaire, elle apprend la vérit...