Chapitre 112

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" À bientôt. "
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Deux mots. Une promesse. Juste un au-revoir. Je serre l'œuf contre moi. Il est dur et froid. Le lien s'est rompu. Je ne sens plus rien dans moi. Je suis perdue. Un vide. Un vide a comblé ma poitrine à la place de la présence qu'il y avait avant. Je ne la remarquais pas. Je savais que Saphir était là, mais je m'étais tellement habituée à sa présence en moi que je n'y faisais plus attention. Maintenant il n'y a plus rien. Ce trou me ronge déjà. Saphir me manque déjà. Je serre encore plus fort ses écailles contre moi. Désormais, ils forment un œuf. Un cocon. Un nid. Ça me rappelle la première fois que je l'ai vu. Si grand. Au centre de tous les autres œufs. Le plus beau. Le plus noir. Mon préféré. Et il a éclot devant moi.

Je n'en reviens pas. Toute ces aventures. Je me suis laissée trainer comme un vieux sac. À aucun moment je me suis demandée ce que je faisais vraiment là. Saphir a toujours été là pour me protéger. Elle me criait souvent dessus. Je l'ai même détesté à un moment. Je ne comprends pas comment j'ai pu être en colère contre elle. Elle faisait tellement pour moi. Et moi, je me cachais dans un coin, pour pleurer. Et je me laissais trainer par les autres. Ils m'ont aidé aussi. Ils m'ont donné une épée. Je ne sais toujours pas l'utiliser cette épée. Je devrais pouvoir faire de la magie avec. Comme un prolongement de mon bras. Mais je lui ai tourné le dos. J'ai préféré me cacher derrière les autres. Comme une lâche. Comme une peureuse.

J'avais des amis avant. Je ne me souviens presque plus de leur nom. Ça ne fait pas plus de un mois pourtant. J'ai l'impression que la moi d'avant n'existait pas. J'ai retrouvé mon vrai prénom, mon vrai frère. J'ai comme deux passés bien distincts. Trois versions de moi. Plus ou moins courageuses. La première est une enfant. Avec des rêves d'enfant. Des envies d'enfant. De la curiosité. Une joie de vivre. La seconde est une jeune fille. Elle se fout de tout. Elle a des amis. Elle se bat pour quelque chose. Elle veut devenir fermière et reprendre la ferme de ses parents avec ces maudites autruches. La dernière version de moi est peureuse, naïve. Elle se cache derrière les autres. Elle se fait aider parce que les gens ont trop pitié d'elle. Je suis cette dernière version. Je n'ai pas envie de l'être pourtant.

Je serre l'œuf encore plus fort contre moi. Les larmes coulent sur mes joues. Elles ne veulent plus s'arrêter. Saphir est partie. Une partie de moi est partie avec elle. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas qui j'ai envie d'être. Mais je veux ma dragonne. Elle, elle me dirait de me secouer et de me relever. Que ce n'est pas la fin du monde. Qu'il faut encore se battre. Elle me crierait dessus, me donnerait quelques coups avec sa queue et on se releverait ensemble. Prêtes pour un autre combat. Prêtes pour affronter le monde, ensemble. Maintenant je suis seule. Dans mon coin. Je n'ai plus cette motivation. Je regarde l'œuf. Il est flou avec les larmes dans mes yeux. J'essuye les larmes.

- Saphir. Tu ne m'entends sûrement pas. Tu viens juste de partir mais c'est déjà insurmontable. Je n'ai jamais ressenti de douleur aussi forte. Quand je regarde ton œuf, je sais ce que tu voudrais me dire si t'étais là. Je suis trop fainéante. Il faut que je me batte. Oui. Je l'ai décidé. Sans ton aide cette fois, t'as vu ? Je grandis ... Je vais y aller à cette île secrète. Que je doive nager pour y arriver ou pas. J'irai. Et je te prendrais avec moi. Notre lien n'est pas fini.

Dragon PrincessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant