Chapitre 15

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Le lendemain matin, Laura.

J'arrive au boulot, avec un peu d'avance pour que je puisse parler à mon chef et lui donner ma démission. Je vais également lui dire que je tire jusqu'à vendredi midi. Après, adieu ce boulot qui m'a bien aidé.

Le bar est déjà ouvert, ce qui ne me surprends pas. Je file directement aux vestiaires, pose mes affaires, mets mon tablier et je vais dans la salle. Il n'y a personne, donc j'en profite pour aller voir mon patron.

-Monsieur, je peux vous parler deux secondes ?

-Bien sûr. Pour une fois qu'on a le temps.

-Merci.

Je sors le courrier de ma poche et lui tends. Il prends en m'interrogeant du regard.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ma lettre de démission. Je vous quitte.

-Pardon ?

-Je démissionne, je pars vendredi si vous l'acceptez.

Il regarde la lettre, la pose sous le comptoir et me regarde en souriant.

-Bien, pas de soucis. Ça me fait quand même un peu chier que tu partes comme ça.

-Vous allez quand même me trouver un remplaçant.

-Aussi bien et jolie que toi ? Je ne pense pas.

Je lève les yeux au ciel, le jolie n'était pas nécessaire. Un client arrive, il vient s'installer sur une table, je me bouge. On est partis pour une nouvelle journée de boulot. Et donc, J-5 avant mon départ.

Je me mets à fond dans le boulot, j'ai juste envie que cette journée passe rapidement. Et cette semaine aussi. J'ai envie de commencer ma nouvelle vie.

J'ai un peu reparlé avec mon frère, quand il était loin de la maison, loin de sa fiancée. Il protège vraiment notre secret, je le remercierais jamais assez pour ce qu'il fait.

* * *

Je ferme ma veste et sort du bar. Je ne rentre pas immédiatement, j'ai envie de profiter du beau temps. Je me dirige vers la rue qui m'a fait rêver toute ma vie et m'arrête devant la devanture d'une salle où j'aurais adoré bosser.

Je me mets à rêvasser, qu'est-ce que j'aurais aimé travailler ici. J'aurais aimé vivre la grande vie d'artiste, à me coucher tard et me lever tôt, avoir des répétitions à n'en pas finir, les pieds en feu à force de danser sur des talons et la gorge en feu à force de chanter et d'atteindre des notes très hautes.

Mais non, ma vie sera plus simple, plus tranquille. J'aurais juste un bébé et je vivrais très confortablement le reste de ma vie.

Je profite la rue de Broadway un bon moment, puis je rentre chez moi. Que j'ai hâte d'être à samedi, que je quitte mon quartier. Seul madame Miller va me manquer, je vais voir si je peux lui préparer un bon repas pour vendredi soir, histoire qu'on passe un bon moment toutes les deux.

Vendredi soir, Laura.

Mes cartons sont prêts, l'appartement est rangé, propre, ma valise est ouverte et prête à accueillir les affaires qui sont encore dehors. Je suis prête à partir d'ici, mais je veux encore dîner avec madame Miller.

Mon repas est prêt, j'ai fait un bon gratin de pommes de terre, un de mes plats préféré, avec une bonne salade et une mousse au chocolat. Madame Miller m'a dit de ne pas faire de viande, elle s'en occupe.

Je réussis à descendre tout les plats d'un seul coup, je suis fière de moi. Madame Miller m'attends devant sa porte, elle vient m'aider en prenant le plat chaud et me laisse entrer. La table est déjà dressée, la viande est déjà sur la table.

-Tu as des choses à mettre au frais ?

-Oui, une délicieuse mousse au chocolat.

-Oh. Toi tu sais me parler !

-C'est votre dessert préféré ?

-Oui. J'adore ça. J'espère qu'elle sera bonne !

-J'espère aussi.

Elle prends le plat et l'emmène dans la cuisine. Je vais poser la salade sur la table et je commence doucement à nous servir. Je mets un peu de salade, du gratin et du rôti, qui a l'air délicieux, dans nos assiettes.

-Ça a l'air si bon ce que tu as fait trésor.

-Votre viande aussi à l'air délicieuse. Tendre, comme j'aime.

-Bah j'espère que tu vas bien l'aimer.

-Je connais vos repas, je sais que je vais me régaler.

-Et bah mangeons !

On s'installe à table et on commence à manger, mon gratin est bien fait, j'ai bien dosé. Et la viande est juste excellent ! Je l'adore.

-Dis-moi trésor, commence-t-elle, pourquoi tu voulais absolument dîner avec moi aujourd'hui ?

-Parce que je voulais vous dire quelque chose d'important.

-Ah ? Quelque chose de grave ?

-Non, non. Je voulais juste vous annoncer mon déménagement.

-Quoi ? Tu vas partir ?

-Oui. Je ne quitte pas New-York, juste le Bronx. J'ai l'occasion de déménager. J'en profite.

Je vois la tristesse arriver sur son visage, je pose ma fourchette et je prends sa main entre les miennes

-Madame Miller, je reviendrais vous voir, je vous le promets. J'ai juste une occasion de quitter mon appartement, je ne pouvais pas refuser.

-Ça ne m'empêche pas d'être triste. Tu étais la meilleure voisine que j'ai jamais eu, je ne retrouverais jamais aussi bien que toi.

-Mais si. Et j'essaierais de passer une ou deux fois par semaine, pour prendre un délicieux café.

Elle sourit, mais je sais qu'elle est blessée de me perdre. Je sais qu'elle n'a pas beaucoup de visites et qu'elle reste souvent chez elle, ce qui me brise le cœur. J'étais une voisine et une amie pour elle. Heureusement, je sais que ses enfants et petits-enfants l'appellent très régulièrement, tout les jours s'ils le peuvent, ce qui rends mon cœur un peu moins lourd.

-Tu pars chez le beau jeune homme que j'ai vu l'autre jour ?

-Oui.

-T'as bien de la chance trésor. J'espère que tu seras heureuse là-bas.

-Il me manquera toujours ma grand-mère d'adoption.

-Oooh, trésor...

Elle réussit à récupérer sa main et la pose sur ma joue. Je souris, je l'aime tellement cette vieille femme.

-Soit juste heureuse. Si tu l'es, je le serais aussi, surtout si tu penses à m'appeler régulièrement !

-J'y penserais.

On éclate toutes les deux de rires, puis nous finissons notre délicieux repas en papotant de tout et n'importe quoi. On dîne entre deux copines, l'ambiance est sympa.

Je reste jusque tard chez elle, puis je rentre tranquillement. Une fois dans mon appartement, je regarde mes cartons. Demain, c'est le grand jour.

Je suis stressée, excitée, impatiente. Je sais que je vais faire une insomnie, comme à chaque fois que je suis trop impatiente.

Je vais commencer une nouvelle vie dans quelques heures, j'espère que tout ce passera bien avec Herman.

Je file dans ma salle de bains, je me brosse les dents, me change et file au lit.

Une vie sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant