II - Chapitre 7

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Le lendemain matin, Laura.

Nous sommes au tribunal, en pleine audience. Nicolas, le principal agresseur, est à la barre. Il raconte le jour où j'ai été kidnappé, où Stéphanie a faillit mourir. Il parle avec une aisance impressionnante, il n'a pas honte de ce qu'il a fait, pas du tout. On a l'impression qu'il raconte une histoire apprise par cœur à l'école, sauf qu'il y a de vraies victimes.

Il retourne à sa place après avoir raconté le premier jour et mon avocat revient à sa place. Il me sourit, tout ce passe très bien.

-Votre honneur, je souhaiterais faire venir la principale victime, mademoiselle Tyler.

Je regarde l'avocat de la partie adverse, il peut pas faire ça ! On a conclu un accord, il ne peut me faire témoigner ! Il a m'a déposition.

-C'est contraire à notre accord. Il n'a pas le droit de demander à mademoiselle Tyler de témoigner !

Mon avocat réagit vite, je ne veux pas parler !

-L'accord n'est pas valable.

-Comment ça ? Ma cliente a signé un accord qui stipulait qu'elle ne témoignerait pas au procès ! Vous avez tous une copie de sa déposition à la police.

-L'accord n'a jamais été signé pour ma partie, maître.

Je regarde Herman, je n'ai pas pu oublier de signer un papier. L'avocat a très bien fait son travail quand il est venu, j'ai signé assez de documents comme ça.

-Tout les documents ont été signés. Je n'ai pas passé une journée complète chez ma cliente, qui était alors en convalescence, pour rien.

-Puisque je vous le dit.

-S'il vous plaît messieurs. Puis-je voir l'accord que vous avez maître Gordon ?

-Avec plaisir.

Il fouille dans ses papiers et en apporte un au juge. Il vérifie les signatures puis nous regarde par dessus ses lunettes.

-Effectivement mademoiselle Tyler, cette copie n'est pas signée.

-Rien ne vous oblige à y aller Laura.

-Mais je le dois. C'est pas grave.

-Mademoiselle Tyler, merci d'aller à la barre.

Je prends une profond inspiration en regardant de nouveau Herman, je me lève et vais m'installer à cette putain de chaise que je voulais éviter. Je prête serment de ne dire que la vérité et je joue avec le bouton de ma robe. L'avocat de la partie adversaire se cale contre sa table, mains dans les poches et me regarde en souriant.

-Mademoiselle, pourriez-vous nous raconter ce jour où vous vous êtes faites enlevé ?

Je me racle la gorge et réponds.

-À partir d'où ? Du moment où votre client, Nicolas, est entré par effraction chez moi, du moment où il a poignardé mon amie, Stéphanie ou bien quand il m'a frappé et emmenée ailleurs ?

-Le moment où vous l'avez vu pour la première fois.

-J'étais dans ma chambre, quand j'ai entendu du vacarme venant d'en bas. Je suis sortie pour voir si Stéphanie avait un problème, mais j'ai remarqué trois hommes. C'est là que je l'ai vu pour la première fois. Sur mon amie, il l'avait poignardé.

-Êtes vous sûr que c'était lui qui avait poignardé votre amie ?

-Oui. Je l'ai vu faire.

-Continuez.

-Je suis partie me cacher dans ma salle de bains, je pensais être à l'abri.

-Et vous n'avez pas appelé la police ?

-J'avais oublié mon téléphone et je ne voulais pas faire de bruit.

-Donc vous auriez pu éviter cet enlèvement ?

-Donc votre client aurait pu éviter d'être un connard.

-Mademoiselle Tyler, s'il vous plaît, pas d'insulte dans ma salle d'audience.

Je m'excuse, mais il fallait que ça sorte, je ne pouvais pas me retenir.

-Continuez donc mademoiselle.

-Oui votre honneur. J'aurais effectivement pu éviter l'enlèvement, mais sur le coup, j'ai oublié mon téléphone. Mais je suis restée caché, cloîtrée dans un coin de la salle de bains. J'entendais les bruits de meubles, ils me cherchaient.

-Comment ont-ils fait pour vous trouver ?

-J'étais enfermée dans une pièce sans issue. Les deux seules que j'avais étaient prises. Ils ont simplement défoncés les portes et ils m'ont vu. Je me suis débattue pour nous pas être emmenée, j'ai lutté de toutes mes forces, mais trois contre une, c'est compliqué. Ils m'ont frappés et m'ont emmenée ailleurs, dans un immeuble en construction du principal concurrent de monsieur Gomez.

-Bien. C'est tout ce que je veux savoir sur ce jour là pour le moment. J'ai une autre question pour vous.

Il fouille dans ses papiers et m'apporte quelque chose. Je lis rapidement le début, c'est une copie de mon contrat de mère porteuse.

-Vous reconnaissez ce document ?

-Oui.

-Pouvez-vous dire de quoi il s'agit ?

-Ça ne regarde en rien cette affaire.

-Votre honneur, nous ne savons pas quel document il montre à ma cliente !

-Ah oui. Excusez-moi.

Il se tourne vers mon avocat, il va faire tout les coups les plus bas pour atteindre Herman. Il sait que son affaire est plié, que ses clients vont être condamnés, alors il va essayer de ruiner une autre vie et carrière : celle d'Herman.

-Ce document est un contrat pour une mère porteuse. Mademoiselle Tyler était une mère porteuse pour monsieur Gomez.

-Le rapport ?

-Aucun, je voulais juste dire que mademoiselle Tyler était une mère porteuse.

-Maître, si vous n'avez rien de plus pertinent à dire, on continue. Ce genre de documents qui n'ont pas d'importance n'ont rien à faire dans mon tribunal.

Je jette un coup d'œil aux jurés le temps que l'autre avocat se fasse remonter les bretelles, ils sourient. La situation est assez drôle effectivement. Un avocat aussi expérimenté, même avec si peu de charisme, se fait remonter les bretelles parce qu'il est hors sujet.

-Vous avez finit avec mademoiselle Tyler ?

-J'ai une dernière question. Étiez-vous enceinte le jour de l'enlèvement ?

-J'étais effectivement enceinte. On l'a dit hier matin. J'ai perdu mon bébé à cause de votre client.

-On en sait encore rien.

-Vraiment ? Vos clients m'ont battus, j'ai finit à l'hôpital avec de nombreuses lésions. Et j'ai perdu mon bébé juste après ça, alors que tout allait bien.

-On en parlera au moment venu. C'est tout pour moi.

Il retourne s'asseoir, je comprends son petit manège. Il veut juste prouver que ma fausse couche n'est pas dû à l'enlèvement, juste pour que ses clients ne soient pas jugé sur la mort d'un embryon.

Je retourne à ma place, je soupire en m'asseyant. Herman prends ma main, je le regarde.

-Ça va aller Laura ?

-Oui.

Je me tourne vers mon frère, il me regarde d'une manière assez étrange. Maintenant, il sait ce qu'il c'est passé entre Herman et moi, au tout début. Je voulais cacher tout ça à mon frère, mais ce connard d'avocat a dévoilé mon secret. Je regarde aussi Ellie, elle est sous le choc d'apprendre que son ex a fait appel à une mère porteuse.

L'avocat a vraiment mis la merde avec quelques mots, il ne s'en rends pas compte. Sauf si son coup était prévu et qu'il cherche justement ça. Je regarde Nicolas, il sourit en me regardant. Il va tout faire pour foutre la merde, pour qu'à la fin du procès, je sois seule.

Une vie sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant