II - Chapitre 10

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Le lendemain matin, Laura.

J'arrive au tribunal avec Seb, on est partis pour une nouvelle journée d'audience. J'espère qu'à la fin de celle-ci, les jurés pourront débattre, ça en devient épuisant. Nous trouvons facilement Herman, Ellie, Alex et Stéphanie, ils sont devant la salle, des cafés à la main.

On les rejoint rapidement, Herman est surpris de me voir avec un homme à qui je tiens la main. Mon sourire ne me quitte pas, je suis très bien avec lui. Herman me tends quand même un café que je prends avec plaisir.

-Merci.

-De rien. Qui est l'homme qui t'accompagne ?

-Seb, mon compagnon. Seb, je te présente Herman, Ellie, sa petite-amie et Stéphanie.

Seb tends sa main vers Herman qui lui serre, mais on sent tous la tension entre eux. Je sens que ça va être gaie avec les deux et j'ai pas l'habitude de ce genre de combat de coqs. J'espère qu'ils rangeront leurs fiertés de côté parce que j'ai pas envie de me pourrir la fin de mon séjour.

Nous restons un petit moment ici puis c'est l'heure d'y aller. Stéphanie, Alex et Seb trouvent leurs places, Henry arrive tout juste. Je le salut, embrasse mon homme et on est partis pour une nouvelle journée de témoignage, qui passe étonnement vite !

Je retourne témoigner de ce qui m'est arrivé durant mes quelques heures avec eux, ça remue énormément de mauvais souvenirs, dont la perte du bébé. Et encore une fois, je sens que je vais subir un interrogatoire de la part de Seb, je suis clairement pas prête.

Quand le juge annonce la fin de la journée, qui a été très longue, je reste un peu assise. Demain, c'est la fin de la plus grosse partie du procès. Il va y avoir les exposés de fin, j'ai hâte que ce soit enfin aux jurés de discuter entre eux. Je respire profondément, reprends ma veste, mon sac et je sors. Personne ne m'a attendu, tant mieux.

Je trouve quand même facilement Seb, qui m'attends sur un banc avec Alex. Ils sont en train de discuter ensembles, ils s'entendent plutôt bien. Ça m'étonne de voir mon frère être comme ça, sachant qu'avant hier il était pour que je reprenne une relation avec Herman...

Je les rejoins quand même, ils lèvent leurs têtes en entendant mes talons claquer sur le sol.

-Laura ! On t'attendais.

-Je vois ça. On rentre à l'hôtel ?

-Avant, on doit discuter, dit Seb. J'ai appris pas mal de choses, grâce au procès mais aussi grâce à ton frère.

-Super. Alors discutons.

-Pas ici, dehors.

Les deux hommes se lèvent et nous nous dirigeons vers l'extérieur. Je ne sens pas du tout cette discussion, elle va être chaude. Nous allons nous mettre à un endroit où il n'y a pas trop de passage, là on peut discuter.

-Alors, de quoi voulais tu me parler Seb ?

-De la relation que t'as eu avec Herman. La vraie relation, pas celle que tu m'as vendu quand tu es revenue à la maison.

-OK. Qu'est-ce qu'Alex t'as dit précisément ?

-Que tu étais une mère porteuse.

-Oui, c'est vrai, j'ai signé un contrat comme mère porteuse pour Herman, en toute connaissance de cause, après avoir arrangé des détails.

-Mais qu'est-ce qu'il t'as pris de signer un tel contrat ? Laura, c'est de l'exploitation ce qu'il fait, c'est pas sain.

-Seb, si je me sentais exploitée, je n'aurais jamais signé ça. Sauf que je savais ce que je faisais et j'avais besoin d'argent, alors ça m'arrangeais. Puis j'étais extrêmement bien traité, avec beaucoup de respect. Et j'avais le droit de dire non.

-Et t'aurais caché un bébé à tes parents, ton frère ?

-Non, parce que je suis tombée amoureuse de lui, je serais restée avec lui. Mais ce n'est plus la question. Tout ça fait partis du passé maintenant.

-Je sais, mais j'ai du mal à avaler le fait que tu as vendu ton utérus.

Je commence à m'agacer, je déteste cette phrase.

-Je n'ai pas vendu mon utérus ! Merde !

-C'est exactement ce qu'Herman a fait, il a payé pour ton utérus Laura, réplique Alex.

-Mais putain de merde, d'autres femmes le font dans ce pays, pourquoi ça pose problème avec moi ?! Les gars, on est au vingt et unième siècle, ça ce fait. J'ai été respecté, très bien traité, je ne me suis pas sentie comme un incubateur humain, bien au contraire. J'allais devenir maman, quelque chose que j'ai, au fond, toujours désirée. Si vous n'êtes pas foutu de tourner la page, rentrer à la maison.

Je pars sans attendre de réponse, ils m'ont tout les deux gonflés. Je hèle un taxi, un s'arrête à ma hauteur, je grimpe dedans et je décide d'aller voir un ami. J'ai envie de respirer, de profiter d'un moment avec quelqu'un qui ne juge pas mes choix.

Le taxi se gare devant mon ancien immeuble, je paie la course et monte rapidement chez Sam. Je toque trois coups, il vient ouvrir la porte asse vite. Et je suis surprise de le voir torse nu, il est bien foutu le con. Sa copine doit être contente.

-Salut Laura. Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'avais besoin de souffler. Je ne te dérange pas ?

-Non, tu peux entrer. J'étais juste en train de faire un peu de sport.

-Je vois ça.

Je rigole en entrant dans l'appartement, il y a effectivement des altères et du matériel que je ne connais pas au sol. Je suis pas très sport, je me contente de courir régulièrement.

-Installe toi, j'arrive avec de quoi boire. Dis-moi ce que tu désires.

-De l'eau, ça me va.

-OK.

Il va vers la partie cuisine, je m'assois sur le canapé après avoir retiré ma veste. Sam vient poser un plateau avec une grande bouteille d'eau et deux verres puis il s'absente en allant dans sa chambre. Il en ressort avec un tee-shirt après quelques secondes, c'est du rapide.

-Alors, qu'est-ce qu'il t'arrive Laura ?

-Trois fois rien. Je me suis embrouillée avec mon frère et mon petit-ami.

-Au sujet de...?

-Ma relation avec mon ex. Ils ont su ce qu'il c'était réellement passé entre lui et moi, ça ne leurs a pas plu.

-Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il c'est passé entre vous ?

-En fait, ils ont su que mon ex m'avait d'abord engagé comme mère porteuse, notre rencontre n'était pas dû au hasard.

-T'as été mère porteuse ? Sérieux ?

-Oui. Et ça dégoûte mon frère et mon mec.

-Ils n'ont pas à être dégouté, c'était ton choix, t'es grande.

-C'est bien la première fois qu'on ne me juge pas tiens.

-Bah, moi même je suis né suite à une GPA.

-Ah bon ?

-Ouais. Ma mère pouvait pas avoir d'enfant, malformation, donc elle et mon père ont fait appel au service de la GPA. Alors je suis le dernier à pouvoir te juger sur ça.

-Merci. Ça rassure de voir que tout le monde n'est pas dégouté.

-Personne n'a à l'être tant que tout ce fait dans la légalité. Si t'as signé un contrat en tout état de cause et en étant consciente, personne n'a son mot à dire. C'est ton corps, tes choix.

-Tu sais que ton discours ferait craquer des tas de filles ?

-Mais j'en aime qu'une seule.

Je souris, c'est mignon. Sam est le genre  d'homme que j'adore : qui respecte les choix des femmes et des autres. Tant qu'on fait dans la légalité, alors on a pas son mot à dire. Et c'est très bien comme ça.

Une vie sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant