II - Chapitre 21

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Quelques semaines plus tard, Laura.

Je suis dans la maison familial, dans ma chambre, à fond sur une création que je dois rendre absolument d'ici demain matin. J'ai déjà fait quatre créations, pas mal sur à peine deux mois. Mon chef est content de mon travail, ça me rend fière. Les compos ont été attribuées, je compose pour les plus anciens et les plus populaire. Comment dire que composer pour les plus grands va me fait ultra plaisir ?

Enfin, je travaille tranquillement avec mon casque, quasi satisfaite de ma création. C'est une compo dansante, une demande qui a été faite y a trois jours. J'ai encore pas mal de choses à faire, mais quelqu'un me tape sur l'épaule. Je sursaute en retirant mon casque et je me retourne. C'est Seb, il a manqué de me faire avoir une crise cardiaque.

-Qu'est-ce que tu fais là ? T'avais pas un séminaire ?

-Il a été décalé. Il commence demain finalement.

-OK. T'aurais pu me prévenir par SMS, que je sache.

-Je voulais te faire la surprise. Et j'ai réservé une table dans un restaurant à Raleigh.

-J'ai encore pas mal de choses à faire ce soir, mon dernier projet n'est pas terminée.

-T'auras pas terminé dans deux heures ?

-Non. Il va me falloir la soirée pour terminer. Si je n'avais pas un délai si serré, j'aurais pris une soirée avec joie, mais là,...

-Tu peux pas. C'est quand même chiant, tu passes tes soirées à créer et à travailler sur des échanges avec d'autres musées. Ça fait longtemps qu'on a pas pris du temps pour nous.

-Je sais, mais il faut que je trouve juste mon équilibre. Et on a beaucoup d'échanges avec des musées, c'est la période.

-Mais si t'avais pas ton poste de compositrice, t'aurais plus temps à me consacrer.

-Tu vas me reprocher de vivre mon rêve ? Seb, je ne vais pas tout arrêter parce que tu me dis que j'aurais plus de temps à te consacrer.

-Ce serait pourtant la moindre des choses. Tu vas devenir mon épouse mais j'ai pas l'impression qu'on sera si proche que ça. Tu sais depuis combien de temps on a pas couché ensembles ?

-Quelques jours.

-Ça fait deux semaines qu'on a rien fait et déjà trois jours que tu t'enferme dans le bureau pour composer.

-Je te l'ai dit Seb, c'est temporaire. J'ai énormément de travail, je ne vais pas tout abandonner parce que tu veux m'emmener au restaurant. Je serais beaucoup plus disponible dans d'ici ce week-end.

-Donc, si on veut passer trois minutes ensembles, je dois te demander un rendez-vous ou bien ton planning ?

-N'abuse pas.

-C'est l'impression que j'ai !

Il commence à hausser le ton, je ne comprends pas sa réaction. Je lui ai dit que j'arrivais sur des semaines ultra chargés, il ne devrait pas être autant surpris par la quantité de travail que j'ai à abattre. La saison estivale arrive, le musée sera pris d'assaut, je dois avoir toutes les toiles prêtes et je dois créer quelques pistes pour la mi juin.

-Seb, je te l'ai dit dès la fin des deux réunions avec le musée et la maison de disque que ça allait être chargé. Je vais essayer de me dégager du temps, surtout ce week-end, mais je ne te promets rien. Et je te rappelle aussi que ces deux boulots vont nous aider à payer notre maison.

-Tu vas aussi être mon épouse, il y a des choses que tu me devras.

-Pardon ?!

Je me lève, outrée par ce qu'il vient de dire. C'est tellement... dégoûtant ce qu'il vient de dire.

-Écoute moi bien Seb. Je t'aime, je suis prête à me marier avec toi, mais si tu me manques encore une fois de respect en me disant que je vais être une Marie couche toi là, je t'assure que ça ne va pas durer. Je te tiens toujours au courant de ma charge de travail, tu ne devrais pas être surpris quand je te dis que j'ai du boulot et que je ne peux pas aller au restaurant.

-Et tu peux aussi caser un peu de temps pour moi.

-J'ai signé des contrats. Si on me demande de faire des semaines à rallonge, je le fais. Non seulement pour gagner plus d'argent, mais aussi, et surtout, parce que c'est ma passion. Si ça ne te plaît pas, je m'en fiche.

Seb ronchonne et sort de la chambre, je secoue la tête et je retourne à mon travail. Je remets mon casque sur la tête et je me concentre, je dois vraiment finir ce morceau. Maman m'envoie un message sur mon portable qui est calé à côté de mon ordinateur, c'est l'heure de manger mais j'ai pas le temps. J'y suis presque, je ne dois pas lâcher maintenant.

Mais je sens une main sur mon épaule, je soupire bruyamment, fait pause et je me retourne.

-Encore toi ? Qu'est-ce que tu fais encore là Seb ? Encore une mauvaise réflexion ?

-Non, ta mère m'a demandé de te monter à manger. Et je voulais m'excuser pour l'attitude de tout à l'heure, je n'aurais pas du te parler aussi mal.

-Je confirme. Et j'ai pas le temps de manger, ni de discuter.

Je regarde le plateau, je prends juste la pomme, le verre de vin et la bouteille d'eau.

-Merci. Tu peux y aller maintenant.

-Tu me fais écouter ta création avant ? Même si elle n'est pas complète.

-Si tu veux.

Je lui tends le casque, il pose le plateau et je lance la musique en buvant tranquillement mon verre de vin pendant qu'il écoute ma compo. Il hoche doucement de la tête, j'ai juste l'impression qu'il s'en tape, qu'il veut juste me faire plaisir.

À la fin du morceau, il me rends mon casque et se redresse.

-C'est pas mal. Bravo.

-Merci.

-Je te laisse. À tout à l'heure.

Il reprend le plateau et sort, je reprends mon boulot. J'arrange les derniers petits trucs, ce qui me prends un bon moment, je fais plusieurs écoutes en corrigeant les détails et, quand je suis satisfaite, je me lève et fait deux trois écoutes pour confirmer mon travail.

Puisque je suis ravie de ce que j'ai créé, j'enregistre tout et je l'envoie à la maison de disque. Plus qu'à attendre leur avis, savoir si j'ai bien répondu à la demande qui a été faite. Je range mon matériel, que j'ai finalement finit par acheter et je traîne sur mon potable. Je regarde où en est la commande pour ma robe, elle ne devrait plus trop tarder.

Je suis retournée à New-York pour l'acheter, sans dire à Seb que j'avais pris dans l'argent que j'ai gagné en étant avec Herman. Mais je voulais ma robe de rêve et j'ai finis par la trouver. Elle m'a coûté huit cents dollars, ça reste convenable. J'ai hâte d'aller la chercher, de la remettre pour vérifier les coutures. J'emmènerai peut-être Elea, qui me fait toujours la tête mais on peut espérer.

Je regarde l'heure, c'est déjà bientôt onze heures du soir. Il est temps de rentrer à la maison retrouver Seb.

Une vie sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant