Méfiance.

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Septembre 1971, École de sorcellerie Poudlard, Écosse.


Les élèves se pressaient sur les quais de la gare de Pré-au-Lard. Narcissa, toujours entourée de Dahlia et Maisie, rejoignait Lucius et Rabastan qui gagnaient déjà les calèches pour aller à Poudlard. Quand tous arrivèrent dans l'enceinte du château, ils gagnèrent vite la Grande Salle où la cérémonie de répartition des premières années allait commencer. Dumbledore intima le silence lorsque les nouveaux entrèrent, suivant le professeur McGonagall. Narcissa, depuis la table des Serpentard, parvint à voir son jeune cousin Sirius, qui discutait avec le jeune James Potter qu'elle avait déjà aperçu et qu'elle n'appréciait guère, et un autre garçon aux cheveux plats. Son attention se porta également sur un autre jeune garçon, un peu plus en retrait, au teint cireux et aux cheveux noirs et gras, qui se tenait aux côtés d'une ravissante fille rousse. Le professeur Slughorn amena le Choixpeau à Dumbledore qui commença alors son discours habituel sur le règlement et tout ce qui allait avec. Puis, la cérémonie commença.
Quelques élèves passèrent, et furent envoyés à Serdaigle, Gryffondor ou encore Poufsouffle. Mais les Serpentard n'avaient pour l'instant aucune nouvelle recrue. Puis, ce fut au tour de Sirius de s'asseoir et de recevoir l'objet magique sur sa tête. Le silence s'installa. Narcissa se rappela du jour où elle avait été répartie à Serpentard : le Choixpeau avait à peine frôlé sa chevelure blonde qu'il avait crié le nom de sa maison. Cela avait été pareil pour tous les membres de la famille Black. Le silence qui s'était alors imposé n'en était que plus perturbant.

- Je vois une grande fierté chez toi, mon garçon, fit le Choixpeau d'un ton énigmatique. Mais cette fierté que l'on retrouve chez tous les membres de ta famille n'est pas due à ton noble lignage n'est ce pas ? Non, non, toi...tu es fier de ta différence. Je vois beaucoup de courage, une volonté de se démarquer... Ça ne peut être que... GRYFFONDOR !

Des applaudissements s'élevèrent de la table des Gryffondors qui s'empressèrent d'accueillir leur nouveau membre. À la table des Serpentards, tous les regards étaient tournés vers Narcissa qui avala difficilement sa salive et sentit le rouge lui monter aux joues. Elle tâcha de rester digne, mais l'embarra était trop profond. Tout le monde pouvait voir qu'elle était devenue écarlate, mais personne n'osa faire de réflexion. La cérémonie continua. Sans grande surprise, James Potter rejoint Sirius, tout comme leur ami, Rémus Lupin, comme l'avait indiqué le Choixpeau. La ravissante rousse, Lily Evans, fut aussi répartie dans la même maison que les garçons. Enfin, ce fut au tour de celui qui avait l'air malade, celui aux cheveux noirs et gras.

- Il a l'air dégoûtant, chuchota Maisie en gloussant.
- Ne sois pas méchante, Maisie, rétorqua Narcissa avant de se reconcentrer sur le jeune garçon.

Ce dernier s'avançait vers le Choixpeau que McGonagall posa doucement sur sa tête. Il resta impassible, et n'eut aucune réaction lorsque l'antiquité s'exclama « Serpentard » et que tous les élèves de la maison se levèrent pour l'accueillir. Narcissa le regarda prendre place non loin d'elle et ses amis. Lucius se pencha vers le garçon.

- Bienvenue à Serpentard, je suis Lucius Malefoy. Mon père travaille au Ministère, c'est Abraxas Malefoy. Je te t'ai jamais vu avant...tu es ?
- Severus Rogue, répondit l'enfant d'une voix étrangement calme.
- Rogue ? Jamais entendu parler. Quoi qu'il en soit, tu as été réparti dans la meilleure maison de l'histoire de Poudlard, j'espère que tu es content.
- Ce n'est pas la maison qui est bonne, ce sont les élèves qui y sont.

Lucius laissa échapper un rire amusé et regarda Rabastan.

- Il promet celui là.

Ils ne payèrent pas plus d'attention au jeune Severus. Narcissa jeta un coup d'œil à la table des Gryffondors et croisa le regard arrogant de Sirius qui la regardait avec un air de défi.

- Quel idiot, siffla-t-elle.
- Vois le côté positif des choses, dit Dahlia. Tu n'auras pas à croiser sa sale tête dans la Salle Commune.
- Tu as certainement raison. Ce n'est une surprise pour personne de toute façon. N'en parlons plus, c'est assez gênant comme cela.

Après le dîné de bienvenu, les élèves gagnèrent les dortoirs. Narcissa écrivit sans plus attendre à sa sœur.

Bellatrix,

Je m'empresse de t'écrire pour te faire savoir que notre cousin Sirius a été réparti à Gryffondor. Cet idiot semblait fier et m'a gratifié de son regard arrogant que je déteste tant. J'espère qu'il fera perdre des points à sa nouvelle maison et que tante Walburga en perdra ses cheveux.
Je ne sais pas si cette information vous sera utile, mais dans le doute ; je vous la confie.
Aussi, Dumbledore a renforcé le règlement qui est plus strict qu'auparavant sur les sorties. Nous devons désormais rester en groupes, il nous est interdit de se balader seul dans Pré-au-Lard et les visites familiales en dehors des vacances scolaires ne sont accordées qu'en cas d'extrême urgence. Cela signifie que je ne pourrai pas être présente pour ton anniversaire, ce qui m'attriste.
J'espère que tu vas bien.

Narcissa.

****

Narcissa,

Je te remercie pour l'information dont tu m'as fait part, qui a immédiatement été transmise. Nul n'est étonné de découvrir que Sirius n'est pas allé à Serpentard : il n'est certainement pas digne d'une maison aussi noble.
Je pense que tu seras heureuse de savoir que Walburga était folle de rage et qu'il a fallu que père et oncle Orion lui fasse prendre un philtre de paix pour qu'elle ne détruise pas tout ce qui était sur son passage. D'après mère, c'était très amusant à regarder.
Je vais bien, mieux que je ne l'ai jamais été. Je travaille dur, il se passe beaucoup de choses en ce moment.
Ne t'inquiète pas pour mon anniversaire, Cissy, ce n'est pas important. Tu sais que je n'ai jamais apprécié le fêter. Je trouve cela stupide. Qu'est ce qu'une année de plus, si ce n'est une année de moins à vivre ?
Quoi qu'il en soit, je te souhaite un bon début d'année. Continues d'être bonne élève et de faire honneur à notre noble famille. Tiens-moi au courant des événements...

Bellatrix.


****

Bellatrix,

Joyeux anniversaire. As-tu reçu mon cadeau ?
Sirius se pavane dans les couloirs comme un coq avec ses amis idiots. James Potter est encore plus arrogant que lui, Rémus Lupin est le garçon le plus étrange qu'il m'est été donné de rencontrer et il y a un garçon d'une laideur impressionnante qui les suit à longueur de temps, un certain Pettigrow. Comme prévu, ils montrent un profond mépris pour le règlement et ont fait perdre à leur maison une cinquantaine de points.
Après l'attaque survenue ce week-end, Dumbledore a tenu un discours sur la nécessité de rester sur ses gardes et de se soutenir. Il a affirmé que nous étions tous égaux et qu'il était impératif de maintenir une bonne entente entre les sorciers de toutes origines, ce qui est profondément répugnant. Il nous a aussi expliqué, et j'ai retenu la phrase entière parce que j'ai pensé que c'était important, que « certains sorciers qui croient en la supériorité du prétendu sang-pur ne doivent pas penser qu'ils auront un jour raison car leur idéologie est motivée par la méconnaissance et la peur ». Il a aussi dit que les mangemorts étaient une menace qui devait être prise au sérieux mais qu'il fallait continuer de croire en la puissance de l'amour même lorsque l'obscurité venait à envelopper nos cœurs.
Je crois que, si tu avais été là, Bella, tu aurais renvoyé ton déjeuner. Le vieil homme est encore plus gênant que d'habitude. J'aime beaucoup mes amis, mais j'ai hâte de quitter cet endroit rempli d'indésirables.

Narcissa.


****


Narcissa,

J'ai bien reçu ton cadeau. Les gants de cuir que tu m'as offerts sont à ma taille et me serviront durant cet hiver qui s'annonce particulièrement froid.
Dumbledore est un fou s'il croit que ses discours ridicules arrêteront quoi que ce soit.
Garde un œil sur Sirius et ses amis. Continue d'écouter Dumbledore avec attention...
Nous nous verrons à Noël.

Bellatrix.


****


Bellatrix attacha sa lettre à la patte de la chouette laponne des Lestrange qui s'envola à travers le paysage enneigé. Dans la matinée, elle avait assisté à une réunion au Manoir Malefoy durant laquelle Lord Voldemort avait commandité le saccage d'une boutique appartenant à la femme d'un journaliste qui avait fait publier une tribune contre le Seigneur des Ténèbres. À la fin de cette réunion, il avait ordonné à Bellatrix de le rejoindre à vingt-trois heure dans son bureau. Il n'était que seize heure, et la sorcière trépignait d'impatience. Elle se demandait ce qu'il avait à lui dire, ou à lui demander. Dans tous les cas, elle était heureuse d'avoir le privilège de pouvoir être en sa présence alors que les autres restaient chez eux. Elle avait fait d'immenses progrès ces derniers mois. Jamais elle ne s'était montrée plus efficace dans ses missions. Voldemort ne l'avait jamais félicité, mais elle savait qu'il était satisfait de ses performances.

Sa bonne humeur aurait pu être dissipée par l'annonce officielle du mariage d'Andromeda avec Teddy Tonks, mais Bellatrix n'eut pas la force de ressentir quoi que ce soit face à cette nouvelle. En revanche, elle pensa qu'il serait correct d'envoyer un cadeau de mariage à la nouvelle madame Tonks. Elle quitta la volière, un sourire machiavélique peint sur ses lèvres pleines.
Elle gagna sa chambre, et ouvrit le tiroir de sa commode pour un tirer un petit médaillon d'ambre accroché à une chaîne d'argent.

- Je savais que tu allais me servir, chuchota-t-elle à l'objet en le caressant.

Elle descendit jusqu'au bureau pour y trouver une enveloppe dans laquelle elle glissa le bijou. Elle prit un bout de parchemin et se munit d'une plume. Elle tâcha d'écrire de la façon la plus grossière possible afin que son écriture soit méconnaissable. Après tout, le bijou appartenait à Thelma Jenkins, et même si le meurtre n'avait jamais officiellement été lié ni aux mangemorts ni à Bellatrix, elle ne voulait pas que l'on puisse s'en servir pour l'accuser.

Félicitations pour ton mariage admirable.
Un petit cadeau s'impose : accepte cet humble présent qui, je l'espère, te rappellera d'heureux souvenirs.

Elle ne signa pas. Andromeda comprendrait, mais ne pourrait jamais prouver que l'auteur de cette lettre était sa sœur aînée. Elle ferma l'enveloppe et la glissa dans sa poche avant de se diriger vers la cheminée du salon. Elle ne pouvait pas utiliser les oiseaux des Lestrange pour ce courrier ; il serait possible de remonter jusqu'à eux sinon. Elle avait une meilleure idée.

Après avoir prit une bonne poignée de poudre de cheminette et annoncé distinctement la destination qu'elle voulait, la sorcière disparu dans des flammes vertes. Elle arriva au Chaudron Baveur où les ivrognes habituels prenaient leurs bièraubeurres immondes. Elle traversa le mur pour déboucher sur le Chemin de Traverse et se pressa vers l'allée des Embrumes. Enfin, elle entra dans un magasin sombre et rempli d'artéfacts douteux.

- Monsieur Barjow ? fit Bellatrix en regardant autour d'elle.

La boutique semblait vide. La sorcière s'aventura entre les allées en inspectant les étagères où étaient entreposés des articles qui transpiraient la magie noire. Elle entendit le plancher grincer derrière elle et fit volte-face pour découvrir un homme d'âge moyen, au front dégarni et au menton long.

- Madame Lestrange, fit l'homme d'une voix rauque. Comment puis-je vous servir ?
- J'ai besoin d'un objet qui puisse me permettre d'envoyer quelque chose à quelqu'un, répondit sèchement Bellatrix.
- Oh. Je vois, je vois... dit Mr. Barjow en passant d'un pas lent devant Bellatrix.

Il se dirigea vers le fond de la boutique, suivi par la jeune brune.

- Je devine que, si vous n'utilisez pas de hibou, vous cherchez à vous assurer d'un certain...anonymat, n'est ce pas ?
- Avez-vous ce que je recherche ?
- J'ai précisément ce que vous recherchez, madame Lestrange, répondit l'homme en lui adressant un sourire malicieux. Mais c'est un objet d'une grande rareté, vous comprenez... le prix va avec.
- L'argent n'est pas un problème, répliqua froidement Bellatrix.
- Je n'en doute pas, madame Lestrange. Approchez, approchez...

La sorcière fit quelques pas en sa direction. Barjow attrapa un genre de plateau d'argent aux rebords gravés de runes mystérieuses.

- Ce transporteur a été acheté à une cliente issue d'une famille royale du Maroc. Elle a souhaité préserver son identité, mais je suis sûr que vous comprendrez. C'est un objet d'une grande valeur, madame Lestrange, d'une grande puissance magique. Il saura trouver votre destinataire sans même que vous n'ayez à fournir d'adresse, et effacera toute trace de l'endroit d'où vous envoyez ce que vous envoyez. Il n'en existe qu'une petite dizaine dans le monde...
- Évitez-moi le cirque habituel, Barjow. Je n'en ai rien à faire de la prétendue rareté de ce transporteur. Je veux juste m'assurer qu'il fonctionne. Qu'est ce qui me dit qu'il n'existe aucune chance que l'on puisse remonter à moi avec ce gadget ? Qu'est-ce qui me dit que le destinataire recevra bien mon cadeau ?
- Oh, croyez-moi, vous le saurez. Et puis, si vous êtes déçue, je vous promets de vous rembourser.
- Si je suis déçue, Barjow, ce n'est pas avec des Gallions que vous me rembourserez, répondit Bellatrix avec un sourire terrifiant.
- Hum. Euh, hum...oui. Suivez-moi à la caisse je vous prie.

Barjow s'installa derrière le comptoir et enveloppa le transporteur dans un papier de soie avant de le glisser dans un sac.

- Cela fera cinquante gallions et quinze mornilles, Madame Lestrange.

Bellatrix lui tendit la monnaie et s'empara du sac.

- C'était un plaisir de faire affaire avec vous, dit Barjow d'une voix mielleuse.
- C'est ça.

La sorcière sortit en claquant la porte derrière elle. Elle avait hâte d'envoyer son petit cadeau à sa chère Andromeda, et encore plus hâte de rejoindre son Maître. La soirée s'annonçait particulièrement agréable.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant