D'un coup de baguette, le mage noir défit les chaînes retenant l'homme qui tombèrent au sol dans un bruit métallique. Le prisonnier ne bougea pas d'un cran, paralysé par la peur. On entendait son souffle saccadé résonner dans la pièce sombre. Bellatrix l'observait sans rien dire. Elle attendait l'ordre de son Maître.
- Le sortilège que tu t'apprêtes à utiliser ne nécessite pas une grande puissance magique. Il te suffira simplement de maîtriser l'esprit de ton adversaire pour lui faire faire ce qu'il te plaira. Cela pourra t'être utile si tu venais à rejoindre mes rangs, dit Voldemort avec un sourire, comme s'il lançait un défi à la jeune sorcière. Néanmoins, Bellatrix, je dois m'assurer que tu es prête à tout pour notre noble cause.
- Je ferai n'importe quoi pour v... Bellatrix se ravisa juste à temps. Pour la cause.
- Bien, dit Voldemort d'une voix douce. Notre invité ce soir s'appelle Phoebus Maugrey. Ce très cher auror croit que les sorciers et les moldus devraient vivre en harmonie et se mélanger, vois-tu.
Bellatrix ricana doucement pour montrer son approbation avec le Lord.
- Notre invité a eu, ces derniers temps, la fâcheuse tendance à vouloir contrecarrer mes plans. Cela ne m'étonnerait pas s'il se mettait à le regretter amèrement, et en venait même à...peut être...ôter sa propre vie. Mais ce n'est qu'une hypothèse, n'est-ce pas, Bellatrix ?
La belle brune regarda son Maître avec admiration. Elle ferait tout pour le satisfaire.
- Je n'en serais pas surprise non plus, mon Seigneur, dit-elle en levant sa baguette vers l'auror un sourire malicieux aux lèvres.
Ses lèvres prononcèrent le premier sortilège impardonnable et aussitôt, l'homme se leva. Son regard était vide, perdu dans les profondeurs des lymbes qui l'habitaient désormais. Dans un mouvement quasiment mécanique, il monta les escaliers, suivi par Bellatrix qui trépignait d'impatience à l'idée de ce qu'elle allait lui faire subir. Elle pouvait sentir le parfum de Lord Voldemort qui la précédait. C'était un mélange de bois et d'une autre odeur, métallique, qu'elle ne parvenait pas à identifier avec précision. C'était l'odeur la plus douce du monde. Elle ne se laissa cependant pas distraire longtemps et, quand Maugrey déboucha à l'orée des bois qui entouraient la maison, elle éclata de rire. Derrière elle, Voldemort observait la scène d'un œil patient. La brune se figea d'un coup et pivota les talons vers son Maître. Ses yeux brillaient d'excitation.
- Maître... dit-elle le souffle court, mais un énorme sourire aux lèvres.
Voldemort leva un sourcil interrogateur.
- Maître je viens d'avoir une idée, reprit Bellatrix. Avec votre permission, j'aimerai profiter d'une petite ballade avec notre invité. Je crois qu'il a oublié quelque chose à la maison.
Le Seigneur des Ténèbres était sceptique. Il voyait où la jeune sorcière voulait en venir, mais c'était risqué. Cependant, il était amusé par l'entrain de sa disciple.
- Tâche de ne pas te faire prendre, lui répondit-il simplement.
Bellatrix était toute joie : son Maître lui faisait confiance. Il ne fallait pas qu'elle le déçoive, mais si tout se passait bien, la mission qu'il lui avait originalement confiée n'en serait que plus réussie. Ce soir, elle s'apprêtait à faire d'une pierre deux coup. Rien n'était trop grand pour le Seigneur des Ténèbres. Elle agita sa baguette et Phoebus tendit le bras. Bellatrix le saisit, et lança un regard à Lord Voldemort pour qu'il fasse de même. À la seconde où ce dernier les rejoignit, ils transplanèrent.
Il faisait nuit noire à Tinworth. Les trois individus venaient d'atterrir devant une petite maison de ville semblable à toutes les autres. Machinalement, Maugrey y entra, suivit de Bellatrix qui faisait des pirouettes de joie derrière lui. Le regard sévère de Voldemort lui fit comprendre qu'elle devait être plus discrète, mais elle eut du mal à cacher son excitation. Maugrey montait à présent les escaliers dans le silence le plus total. La brune jeta un coup d'œil prudent à son Maître. Celui-ci tenait fermement sa baguette, prêt à parer toute éventualité. La jeune Black se calma d'un coup et observa le prisonnier, cette fois avec une pointe d'appréhension, pénétrer dans ce qui devait être la suite conjugale. Bellatrix et Voldemort se figèrent, attendant la suite des événements en silence. La sorcière pouvait sentir le souffle de son Maître sur sa nuque. Il était si proche d'elle...
Tout à coup, une voix féminine se fit entendre. Visiblement, la femme qui venait de se réveiller était sur le point de pleurer, à en juger par l'émotion qui écrasait le timbre doux de ses mots.
- Phoebus ? Mon amour, où étais-tu ? Alastor et moi t'avons cherché partout, je craignais que... La femme éclata en sanglots, puis s'arrêta. Cette fois, sa voix était empreinte de peur. Phoebus ? Qu'est-ce que tu fais ?
Un éclair vert illumina la chambre, suivit rapidement d'un second. Bellatrix frémit de bonheur, et, doucement, alla vérifier que tout le monde était bien mort. Elle revint vers son Maître un sourire triomphant aux lèvres.
- Deux aurors pour le prix d'un ! S'exclama-t-elle.
- Les autres croiront à un meurtre-suicidaire... bien pensé, Bellatrix. Ne tardons pas, dit Lord Voldemort en la prenant par le bras avant de transplaner.
****
Maître et élève étaient de retour dans la maison de pierre. Le sourire de la sorcière n'avait toujours pas quitté ses lèvres, et elle regardait Voldemort en cherchant désespérément l'approbation dans ses yeux. Celui-ci restait impassible.
- Tu as pris de gros risques ce soir Bellatrix. Les autres mangemorts auraient su rester discrets et faire simplement ce qui leur avait été demandé.
La brune baissa immédiatement les yeux. Elle pensait avoir réussi sa mission mais tous ses espoirs venaient d'être balayés d'un revers de la main méprisant. Si elle avait été plus faible, elle aurait éclaté en sanglots.
- Cependant, reprit Voldemort d'une voix douce, tu as été au-delà de mes attentes. Ta manière de faire est quelque peu...surprenante.
- Maître j'ai pensé que vous méritiez plus qu'un tour de passe-passe, je savais que les Maugrey étaient tous deux des aurors, je me suis dis que...
- Je ne t'ai pas demandé de penser par toi-même, Bellatrix. La prochaine fois, tâche de ne pas réfléchir. Nous devons agir dans l'ombre pour l'instant. Même si j'ai apprécié le spectacle qui tu as habilement monté pour moi, nous aurions pu être exposé facilement. Comprends-tu ce que je te dis ? Demanda Voldemort d'une voix glaciale.
- Oui, Maître...
- Bien, très bien... rentre chez toi maintenant, nous en avons assez fait pour aujourd'hui. Ne parle de nos séances à quiconque. Et sois de retour ici demain, à la même heure.
- Oui Maître...merci, dit Bellatrix les yeux brillants d'émotion.
Bellatrix arriva dans sa chambre alors que le petit matin se levait. Elle espérait que cette fois, sa mère la laisserait faire la grasse-matinée. Ce ne fut bien évidemment pas le cas. La jeune sorcière n'avait fermé les yeux que depuis une heure quand l'elfe de maison de la famille vint toquer à sa porte.
- Dégage, grommela-t-elle en s'enfonçant sous ses couettes.
- La maîtresse veut que vous descendiez au salon mademoiselle Bellatrix, annonça la créature d'une voix tremblante.
La brune attrapa sa baguette posée sur sa table de chevet et referma violemment la porte sur le pied de l'elfe qui poussa un couinement de douleur. Quelques secondes plus tard, elle entendit le pas de sa mère monter les escaliers et poussa un soupir d'exaspération. Ne pouvait-elle pas être tranquille deux minutes dans cette maudite maison ?
- Debout, Bellatrix, il est déjà huit heure du matin, dit sèchement Druella.
- Mère, je n'ai rien à faire aujourd'hui, pourquoi ne puis-je pas me reposer plus longtemps ? Répondit la fille d'une voix plaintive.
- Vous aviez la nuit entière pour vous reposer. Allons, debout. Je veux vous voir en bas dans un quart d'heure tout au plus, et prête. Nous recevons de la famille aujourd'hui. Tâchez d'être présentable, ajouta Druella en jetant un coup d'œil à la crinière de Bellatrix.
Quand sa mère quitta sa chambre, Bellatrix étouffa un cri de rage dans son oreiller. D'un pas trainant, elle se dirigea dans sa salle de bain pour se préparer. Dans sa baignoire, elle se rappelait du Maître, de la nuit passée en sa compagnie à tuer des traitres à leur sang. Elle repensait à son souffle contre elle, à la proximité de leurs corps dans la cage d'escaliers. Elle dût passer un peu trop de temps à rêvasser sous l'eau car elle fut surprise par Narcissa qui venait d'entrer sans gêne et la dévisageait. La brune tenta tant bien que mal de cacher son corps nu et poussa un cri de protestation.
- Sors immédiatement ! Dit-elle effarée.
- Mère se demande ce qui te prend tant de temps. Elle est très énervée.
Bellatrix sortit de l'eau et enfila un peignoir le plus rapidement possible.
- Ça ne te dérange pas de jouer les hiboux ? Petite peste, tu n'as pas à entrer dans ma suite sans mon autorisation !
- Tu ne disais rien quand c'était Andromeda ! Répliqua la blonde, visiblement vexée.
Son aînée demeura un instant sans rien dire. Il est vrai qu'elle ne s'était jamais offusquée lorsque sa cadette faisait irruption dans sa chambre sans rien dire. Elle savait qu'elle traitait plus durement la benjamine de la fratrie, mais en ignorait la raison.
- Mais enfin cela n'a rien à voir, répliqua-t-elle, elle même peu convaincue. Tu...je me douchais, tu aurais pu attendre !
- Peu importe. Tu as intérêt à te dépêcher si tu ne veux pas endurer un nouveau sermon, soupira Narcissa avant de disparaître.
Bellatrix revêtit rapidement une robe noire et descendit au salon sans même sécher ses cheveux noirs qui tombaient en cascade sur ses épaules. Druella lui lança un regard plus sombre que la couleur de son habit.
- Vous en avez mis du temps, Bellatrix, dit la mère.
- Excusez-moi.
- On ne s'excuse pas soi-même.
- Je vous prie de m'excuser ô ma douce mère, répondit Bellatrix en levant les yeux au ciel.
- Ceci est un jeu pour vous, n'est-ce pas ? dit Druella d'une voix dure. Si votre père et moi même nous ne nous étions pas forcé de vous donner une éducation, vous vous comporteriez comme ces traitres à leur sang de Weasley, jeune fille. Soyez donc reconnaissante pour ce que vous avez. Vous auriez pu être bien moins chanceuse.
Voyant le silence de sa fille, la femme eut l'air satisfaite.
- Bien, déclara-t-elle. Passons aux choses sérieuses. Vous n'êtes pas sans savoir que nous recevons Walburga et Orion aujourd'hui, ainsi que vos jeunes cousins. J'attends de vous un comportement exemplaire. Par ailleurs, Cygnus m'a fait part de son souhait de vous voir vous excuser auprès de votre fiancé à qui vous avez profondément manqué de respect l'autre fois. Nous voulons qu'une lettre de votre part lui soit envoyée d'ici la fin de la journée.
Bellatrix n'en revenait pas. Depuis quand devait-elle des excuses à Rodulphus alors que c'était lui qui s'était le premier montré hautement irrespectueux à son égard ? Leur lettre à la con, ils pouvaient se la mettre où elle pensait, se dit-elle.
Pour ce qui était de Walburga, la jeune fille fit un effort. Lorsque les Black arrivèrent au manoir, elle les salua docilement. Quand le repas commença, elle ne prit la parole que lorsqu'elle y était invitée, et tâcha de ne tenir aucun propos déplacé. Cygnus l'observait d'un air satisfait.
En revanche, la fatigue gagnait peu à peu le corps de la jeune sorcière qui n'avait pas eu le temps de se reposer correctement. Elle avait de plus en plus de mal à bouger ses membres engourdis, si bien que même porter sa fourchette à sa bouche lui demandait un effort considérable. Aussi, elle mena une lutte acharnée avec elle-même pour ne pas s'endormir en plein déjeuner. Son combat se montra inefficace, car, quelques minutes plus tard, un bruit sourd se fit entendre.
Tous les regards se tournèrent vers Bellatrix, dont la tête venait de s'écraser contre la table. Cette dernière venait de sombrer dans un sommeil profond, et même la soupe qui venait s'étaler dans ses longs cheveux bouclés ne semblait pas la déranger. Cygnus et Druella échangèrent un long regard de désappointement. Narcissa éclata d'un rire cristallin qui fut vite rejoint par ceux de ses cousins. Andromeda eut un sourire timide, tandis qu'Orion et Walburga observaient leur nièce avec un rictus de dégoût.
Quand elle se réveilla, Bellatrix était allongée sur son lit. Sa mère, assise au bord du matelas, la regardait. Elle était très en colère, à en juger par les éclairs que ses yeux semblaient lancer et le rouge vif qui teintait ses joues.
- Qu'avez-vous fais cette nuit ? demanda Druella d'une voix dure.
- Quoi ? Mais...rien mère je... j'ai eu du mal à dormir, voilà tout.
- Ce n'est pas la peine de me cacher la vérité, Bellatrix. Je sais très bien quand vous mentez. Vous êtes sortie en douce c'est ça ? Vous êtes allée voir Lestrange ? Un autre garçon ? Vous vous rendez compte de ce que vous faites ? Si vous déshonorez votre famille...
- D'abord, ce n'est pas de mon déshonneur dont il faut vous occuper, mère ! Ouvrez les yeux, vous avez d'autres filles que moi ! Et non, je ne suis pas allée voir Rodulphus, sa face de rat est la dernière chose que je veux voir ces temps-ci !
- Quelqu'un a utilisé de la poudre de cheminette et ce n'est certainement pas vos sœurs. Il n'y a que vous pour faire le mur ici, Bellatrix. Dites-moi ce que vous faites de vos nuits enfin !
- Mais rien je...
- Très bien. Tant que vous refuserez de me répondre honnêtement, vous ne sortirez pas de cette chambre. Vos escapades nocturnes prennent fin dès aujourd'hui. Je ne vous laisserai pas mettre vos fiançailles en péril.
- Mais c'est une blague, dites-moi que je rêve ! Vous êtes complètement...
La porte de la chambre se referma avant que Bellatrix puisse finir sa phrase. Elle essaya de transplaner immédiatement mais, bien évidemment, sa mère avait pris soin de sceller la pièce avant d'en sortir. La brune se rua alors sur sa porte, mais elle était impossible à ouvrir, même avec tous les alohomora que Bellatrix lança sur la serrure. Elle repensa à son père qui avait fait exploser le mur lorsqu'elle s'était elle-même enfermée dans la chambre pour ne pas se rendre chez les Lestrange, mais si elle faisait de même, elle savait que Cygnus finirait par la suivre et découvrirait son secret. Or, personne ne devait savoir pour elle et le Seigneur des Ténèbres. Bellatrix était dans une impasse. Elle allait décevoir son Maître tout-puissant.
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A Black Tale : Sisters of House Black
Fanfiction1969. Bellatrix, Andromeda et Narcissa entament une nouvelle année à Poudlard, sans se douter que celle-ci marquera un tournant décisif dans leur vie encore paisible. Les trois héritières de la noble et très ancienne famille Black seront vite plongé...