La chanson d'une vie.

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14 mai 1978, Manoir Malefoy, Wiltshire.


Tout les invités étaient vêtus de blanc pour l'anniversaire de Narcissa Malefoy. La jeune femme avait reçu des cadeaux tous plus somptueux les uns que les autres. Lucius avait fait fort en lui offrant une résidence secondaire située dans le Var, en France, où il avait promis de l'amener le plus vite possible. C'était désormais au tour de Bellatrix de lui donner son présent. L'aînée de la fratrie Black tendit à sa sœur la boite rectangulaire qui contenait le bijou qu'elle avait choisi avec soin la veille. Quand Narcissa l'ouvrit, les reflets des diamants -ou peut-être la joie qu'elle avait devant tant de beauté- se refléta dans ses yeux.

- C'est magnifique Bella ! s'exclama Narcissa en soulevant délicatement le collier au lourd pendentif en forme de panthère. Où as-tu trouvé ça ?
- C'est un secret, répondit malicieusement Bellatrix.
- Merci beaucoup !

Narcissa prit la main de sa sœur et la lui pressa gentiment. Il aurait été étrange de leur part qu'elles s'embrassent, mais ce simple geste signifiait tout autant.

La réception continua dans la bonne humeur. Une cinquantaine de personnes avaient été invitées cette année là, et Bellatrix se retrouva à devoir faire la conversation avec d'anciens camarades de Poudlard et des membres éloignés de sa famille. Rapidement, elle fut lasse des discussions vaines et interminables, et voulu rejoindre sa sœur. Cependant, celle-ci était introuvable. Bellatrix alla demander à ses parents et à Lucius s'ils l'avaient vue quelque part, mais aucun ne sut lui répondre.
Puis, la sorcière eut une idée.

Bellatrix monta prudemment les longs escaliers du manoir, et tourna dans l'aile droite. Elle pouvait voir au bout du couloir de la lumière filtrer par une porte entrebâillée, et s'y dirigea. Narcissa était là, assise par terre au centre de la pièce. La chambre avait été vidée, mais la peinture vert d'eau avait été conservée sur les murs, ainsi qu'un mobilier d'argent représentant des dragons en plein vol qui avait été suspendu au plafond.
Bellatrix referma doucement la porte derrière elle.

- Comment crois-tu qu'elle aurait été ? murmura Narcissa.

Sa sœur vint s'asseoir à côté d'elle, et commença à caresser délicatement la chevelure blonde de Narcissa.

- Elle aurait été la plus jolie petite fille du monde, répondit Bellatrix d'une voix douce. Elle aurait eu de grands yeux bleus, de beaux cheveux dorés, une peau blanche comme la neige. Elle aurait été brillante et forte comme sa mère.
- J'ai refusé de voir son visage, tu sais.

Bellatrix ne répondit pas, mais posa sa tête sur l'épaule de Narcissa.

- Tu te rappelle quand on avait vu les sirènes du lac Trichonida en Grèce ? Avec père, mère et Andromeda ?
- Nous avions eu beaucoup de chance d'en apercevoir. Elles sont plutôt craintives d'après ce que j'ai appris.
- Tu avais si peur d'aller sous l'eau, mère avait dû te faire boire un philtre de paix pour calmer tes nerfs.
- Je me souviens, répondit Narcissa avec un petit sourire. Oh et cette fois où père nous avait amenées à New York et que tu avais écrasé la patte d'un niffleur !
- Je m'en rappelle. Ce sale animal avait volé la gourmette de mère, c'était bien fait pour lui, rétorqua Bellatrix en se redressant.

Le silence s'imposa alors, et l'on entendait plus que le bruit des respirations lentes des deux sœurs.

- Cissy ?
- Oui ?
- Tu peux me coiffer ?

Narcissa lança un sourire radieux à son aînée, et se plaça derrière elle. Tandis que ses mains délicates s'activaient entre les longues mèches de boucles brunes de Bellatrix, elle fredonnait une chanson.
« Portez mon âme dans la nuit, que les étoiles illuminent mon chemin. Je me glorifie de cet aspect, tandis que la nuit prend le jour. Chantez la chanson d'une vie, menée sans douleur. Dites à ceux que j'aimais, que je n'oublierai jamais ».
Après de longues minutes, les doigts de Narcissa cessèrent de bouger.

- Voilà. Tu es encore plus belle maintenant.
- Tu as toujours été la plus douée pour ce genre de choses, répondit Bellatrix en se tournant vers sa sœur. Merci, Cissy.
- Je t'en prie, dit la blonde. Bella ?
- Oui ?
- Lucius me dit que les choses évoluent en ce moment... je sais ce qu'il se passe... promets moi de rester.
- De rester ? Cissy, je ne compte aller nul part, assura Bellatrix avec un petit sourire amusé.
- Non, Bella...promets-moi que tu n'iras pas à Azkaban, ou pire.

Bellatrix prit les mains de Narcissa dans les siennes, et marqua une seconde d'hésitation.

- Il n'arrivera rien de tel, Cissy. Bientôt, tout rentrera dans l'ordre.
- Promis ?
- Promis.


****

10 juin 1978, Pré-au-Lard, Écosse.


- Et là, Dora, c'est Honeydukes, la boutique de confiserie, expliqua Teddy en désignant le magasin à la devanture bariolée qui se dressait au bout de la Grand Rue.
- Oh je veux y aller ! d'écria la fillette.
- Je voudrais, corrigea la mère avec un sourire. Nous irons, mais que dis-tu d'un bon jus de citrouille avant ? Nous avons beaucoup marché, on pourrait peut-être se reposer un peu aux Trois Balais ? Qu'en dis-tu ?
- Ok pour un jus de citrouille, répondit Nymphadora en lançant un grand sourire à Andromeda.
- Tu sais que maman et moi, quand on était élèves à Poudlard, on y allait à chaque sortie ? demanda Teddy à sa fille.
- Nan je savais pas !
- Et bien, on y allait, et on demandait à madame Rosemerta de nous servir des bièraubeurres. C'est les meilleures de la région. Tonton Pablo et notre amie Arya étaient toujours avec nous. On rigolait bien tous les quatre.

Le couple échangea un regard ému, et Teddy prit la main d'Andromeda tandis que la petite famille se dirigea vers le pub de leur enfance. Les trois s'installèrent à une table, et Andromeda remarqua que nombre de client la regardaient avec un regard méfiant. Elle se pencha vers son époux et dit à voix basse :

- L'ambiance a changé ici...
- Oui, j'ai aussi remarqué. On peut partir, si tu veux...il y a toujours le salon de thé de Madame Pieddodu.
- Non, non, on ne va pas fuir à cause de trois stupides regards déplacés...

À ce moment, une voix féminine se fit entendre derrière eux, et Andromeda regarda la femme à la silhouette galbée devant eux.

- Black et Tonks, dit Rosemerta avec surprise. Cela fait longtemps qu'on vous a pas vu dans l'coin. Et c'est qui cette petite ?
- Moi c'est Nymphadora Tonks ! répondit la fillette en tendant sa main minuscule à la serveuse.
- Et bien, le temps passe ! Et qu'est ce que vous prendrez ?
- Deux bierraubeurres et un jus de citrouille s'il te plait, répondit Teddy.
- C'est parti pour deux bierraubeurres et un jus de citrouille alors !

Rosemerta repartit vers le comptoir.

- Euh papa ?
- Oui, Dora ?
- Euh en fait pourquoi votre copine Arya elle est dans le ciel ?
- Et bien...demanda à ta...
- Je vais utiliser la salle de bain, le coupa Andromeda en se levant précipitamment.

Dans sa trajectoire, elle tomba nez-à-nez avec un homme grand et gros, qui faisait bien deux fois sa taille. Elle s'excusa de lui être rentrée dedans, et s'apprêtait à rejoindre les toilettes, quand elle entendit l'homme grommeler quelque chose dans sa barbe. Andromeda fit volte-face.

- Je vous demande pardon ?
- Je disais que vous avez rien à faire ici, répéta l'homme d'une voix grasse.
- Ma présence ici vous pose un problème ? demanda la sorcière en s'approchant de son interlocuteur.

Teddy fit un geste pour se lever, mais Andromeda lui fit signe de ne pas bouger.

- Ouais ma p'tite dame. Les puristes sont pas les bienvenus ici. Rejoignez vos copains les mangemorts si vous voulez de la compagnie.
- Mes copains les mangemorts ? répéta Andromeda en laissant échapper un rire dédaigneux.
- Ouais on sait très bien qui t'es, Black ! fit une autre voix d'homme au fond du café.
- Dégage d'ici sale mangemort ! cria une autre.

Andromeda porte la main à sa baguette et la leva, tremblante de rage, en direction de l'homme qui l'avait insultée le premier.

- Dromeda ! s'écria Teddy en se précipitant vers son épouse. Ils n'en valent pas la peine. Viens, on s'en va.

Teddy entraina sa fille et son épouse hors du pub. À mesure qu'ils s'en éloignaient, Andromeda sentait sa gorge se nouer et des larmes se former aux coins de ses yeux. La mère de famille prit une profonde inspiration, et chassa sa peine d'un revers de main.

****

16 juin 1978, Château Lestrange.


Bellatrix se réveilla en sursaut dans son large lit. Une idée terrifiante l'avait tirée de son sommeil, et assise dans la pénombre, Bellatrix respirait avec difficulté. Quand elle reprit son souffle, elle se concentra et tâcha de clarifier ses pensées. Elle avait du retard. La dernière fois qu'elle avait eu un rapport intime avec quelqu'un...
Non.
Cela ne pouvait être.
Le Seigneur des Ténèbres prenait toujours la peine de...
Non.
Pas cette fois.
Il n'avait jeté aucun sortilège de contraception sur Bellatrix. Aucun. Et Bellatrix avait maintenant une semaine de retard. La sorcière ferma les yeux et tenta de retenir ses larmes. Si elle était réellement enceinte...elle n'osait pas imaginer ce que lui ferait son Maître. Elle devait à tout prix s'assurer qu'aucune cellule ne se développait dans son bas-ventre, car si c'était bien le cas ; elle devait s'en débarrasser au plus vite.

- Minky ! appela-t-elle d'une voix blanche.

L'elfe apparut dans la chambre à la seconde où sa maîtresse avait prononcé son nom.

- Trouve-moi un test de grossesse, maintenant ! ordonna Bellatrix d'une voix tremblante. Et ne dis à personne pour qui c'est, n'en parle à personne.
- Oui, maîtresse Bellatrix, répondit la créature d'une voix aigüe avant de disparaître à nouveau.

Bellatrix se recroquevilla sur son matelas épais, se mordant fort la lèvre pour contenir ses sanglots angoissés. À ce moment précis, elle remerciait intérieurement Lord Voldemort de lui avoir appris l'occlumancie. Jamais il ne devait savoir cela, qu'elle soit enceinte ou pas. S'il apprenait que Bellatrix avait songé ne serait-ce qu'un seul instant à décider elle-même du sort de leur éventuel enfant, il la tuerait sur-le-champ. Elle se rappela douloureusement de la première fois où elle avait fait un test de grossesse. C'était arrivé peu de temps après sa nuit de noces désastreuse. Bellatrix réprima un frisson en repensant à l'attitude qu'avait alors eu Rodulphus. Comme les choses avaient changé...

L'aurore pointait le bout de son nez quand Minky revint, un sachet à la main. Bellatrix se précipita vers elle et le lui arracha, avant de s'enfermer dans sa salle de bain. Le résultat devait apparaître en quinze minutes. Ce furent les quinze minutes les plus longues de la vie de la sorcière.

Quand enfin le délai fut écoulé, Bellatrix saisit le test de grossesse et regarda le résultat. En le voyant, ses jambes faiblirent, et la mangemort tomba à genoux sur le sol.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant