Les Trois Balais.

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- Concentre-toi, Bellatrix.

La brune ferma les yeux. « Imagine-toi dans le ciel, fusant à travers les airs. Tu es aussi légère que le vent, aussi rapide que la lumière. Tu es entière, puissante comme une explosion. Rassemble ton énergie, et vole ». Son Maître lui avait dit que le vol sans balai serait bientôt d'une facilité déconcertante pour elle. Pour le moment, elle ne parvenait même pas à décoller.

- Faut-il que je te demande à nouveau de sauter d'une falaise pour que tu me fasses l'honneur de fendre les airs ? siffla le mage noir qui regardait sa servante incapable de faire le moindre mouvement.

Bellatrix frémit en entendant cela. Légère comme le vent, rapide comme la lumière, puissante comme une explosion. Il fallait qu'elle réussisse, pour son Maître, pour mieux le servir. Tout à coup, elle sentit une décharge à travers son corps. Elle sentit la magie affluer dans ses veines. Enfin, elle sentit sa masse toute entière être propulsée dans les airs. Quand elle rouvrit les yeux, elle était entourée de fumée noire et se trouvait à plusieurs mètres au dessus du sol. Elle ne put retenir un cri de joie, avant de sentir son énergie la quitter et de s'écrouler bruyamment sur la surface terrestre.
Lord Voldemort demeura impassible.

- Recommence. Tu ne partiras pas d'ici avant de maîtriser cela à la perfection. C'était misérable. Recommence.

Cette fois, Bellatrix parvint à s'élever plus haut dans le ciel et pouvait voir la forêt à l'horizon, le village en contrebas, et la petite maison de pierre à côté de laquelle se trouvait son Maître qui attendait patiemment. Elle se concentra et essaya de se diriger vers le village dominé par l'inquiétant manoir en ruines. À sa grande surprise, elle y arriva. Elle fusait dans son nuage de fumée noire, dans tous les sens qu'elle voulait. Cela lui prenait énormément d'énergie cependant, et elle dut atterrir en catastrophe aux pieds de son Maître pour ne pas perdre connaissance en plein air.

- Légèrement mieux. Recommence.
- Maître...
- Fais ce que je te dis, siffla Voldemort.

Bellatrix se leva en grimaçant, sentant chacun de ses membres endoloris la lancer. Elle ferma les yeux, et décolla.


****


- Pas maintenant, Dolph, je suis exténuée, dit Bellatrix en repoussant son époux qui venait de faire un mouvement pour lui déposer un baiser sur la joue.

Rodulphus fit un pas en arrière et la regarda d'un air déconcerté.

- Exténuée par ton shopping ?

La brune lui avait dit qu'elle rentrait du Chemin de Traverse. Ne sachant pas si elle devait garder ses cours de vol secret, elle avait pensé qu'il était plus avisé de trouver une autre excuse à son absence.

- Exactement. Fatiguant, très fatiguant le lèche-vitrine.

Rodulphus leva les yeux au ciel en soupirant, ce qui fit sourire Bellatrix. Elle avait réussi, après un nombre incalculable d'essais désastreux, à voler correctement sans balai. Plus que correctement même ; elle avait été capable de lancer des sortilèges en volant. Son Maître avait alors semblé satisfait.

- Tu as reçu une lettre de tes parents, dit Rodulphus en lui tendant une enveloppe.
- Oh.

Elle ouvrit la lettre et y jeta un coup d'œil. Sa mère l'invitait à prendre le thé dans l'après-midi.

- Oh pitié, souffla la sorcière en grimaçant.


****


Druella semblait particulièrement nerveuse lorsque Bellatrix prit place dans le salon de ses parents. L'elfe de maison apporta le service à thé, et la mère fit trembler la sienne si fort en la portant à ses lèvres que Bellatrix pensa qu'elle allait en renverser sur sa jupe grise.

- Vous êtes sûre que vous allez bien, mère ?

Druella reposa sa tasse et passa ses mains sur le tissu de son jupon pour aplatir les plis, tâchant d'apaiser ses tremblements.

- Votre sœur nous a écrit, Bellatrix. Elle a lancé un maléfice à un jeune sang-mêlé de Gryffondor.

Bellatrix pouffa sans retenue en secouant la tête, n'en croyant pas ses oreilles.

- Ne riez pas à cela ! Elle aurait pu se faire renvoyer !
- Et bien qu'en est-il ?
- Elle reste à Poudlard. Mais elle a fait perdre soixante points à Serpentard et a gagné un mois entier de retenue !
- Hmm. Pas mal, répondit Bellatrix en haussant les épaules.
- Le sale gamin qu'elle a attaqué a vomi du sang pendant deux jours. Il l'a amplement mérité.
- Qu'a-t-il fait ?
- Il a lu son courrier à voix haute devant d'autres élèves. Narcissa n'a pas supporté que son intimité soit ainsi exposée, et lui a lancé le sortilège d'hematemesis.

Les yeux de Bellatrix étaient devenus ronds comme des soucoupes.

- Il a lu une de ses lettres ? répéta-t-elle la bouche soudainement sèche.
- Oui, je crois d'ailleurs qu'elle vous était adressée.
- Comment ?!

Bellatrix s'était levée, faisant trembler la table devant elle. L'air était devenu froid, la lumière du lustre au-dessus de leurs têtes oscillait.

- Bellatrix, ma chère, calmez-vous, murmura Druella en jetant un coup d'œil inquiet autour d'elle. C'est un grave manque de respect mais il n'y a rien à...
- Qu'en savez-vous ? siffla la brune d'un ton menaçant. Avez-vous seulement idée de ce que pouvait contenir cette lettre ?

La jeune sorcière fulminait. Ses joues étaient devenues écarlates, ses cheveux bruns étaient comme hérissés au-dessus de sa tête.

- Des noms ! aboya-t-elle. Je veux des noms !

Druella sursauta quand sa fille cria et réfléchit quelques secondes avant de dire :

- Un certain McLaggen je crois...et Finnigan... si je me souviens bien, le dernier se nommait Perks... Cissy n'a pas été très précise, je ne connais pas leurs prénoms.
- McLaggen, répéta lentement Bellatrix, les yeux plissés. McLaggen...

Elle fit volte-face pour trouver le regard de sa mère.

- Quand est la prochaine sortie à Pré-au-Lard ?
- Euh...dans une semaine il me semble...vendredi 12. Que comptez-vous faire, Bellatrix ? s'inquiéta Druella.
- Merci pour le thé, mère. Je dois y aller.


****


Les Trois Balais étaient remplis de sorcières et sorciers en tout genre. En retrait, assise à une table isolée, Bellatrix attendait nerveusement l'arrivée de sa sœur. Certains clients du bar lui jetaient des coups d'œil curieux. La brune n'en était pas étonnée. Les sorciers de son rang n'étaient pas des habitués du commerce tenu par madame Rosemerta. L'endroit n'était...pas assez distingué. C'est ici pourtant qu'elle avait donné rendez-vous à Narcissa.

- Eh bah ! Si on m'avait dit que la terrible Bellatrix serait assise à une de mes tables cet après-midi, je ne l'aurais pas cru.

La sorcière leva les yeux vers la grande dame brune aux courbes généreuses qui se tenait devant elle avec un large plateau à la main.

- La vie est pleine de surprise, je suppose, grinça Bellatrix.
- Et qu'est ce que je lui sers, à...madame Lestrange maintenant, c'est ça ?
- Un jus de citrouille. Et un chocolat, ajouta-t-elle en pensant que Narcissa serait sûrement contente de trouver une boisson chaude après avoir traversé les chemins enneigés qui menaient à Pré-au-Lard.

Madame Rosemerta repartit et laissa Bellatrix seule à sa table. Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, une voix qu'elle reconnu immédiatement la tira de sa réflexion.

- Mademoiselle Black. Quelle immense surprise de voir ici. Puis-je m'asseoir ?

Bellatrix leva les yeux vers Dumbledore et sentit son estomac se retourner.

- La place est prise.
- Oh. Je ne vois personne pourtant. Je serai rapide, dit-il en prenant place sur la chaise que la sorcière gardait pour Narcissa.

Le directeur la regarda derrière ses lunettes et lui sourit.

- Je vois que tu as appris l'art compliqué de l'occlumancie, Bellatrix. Je me demande bien à quoi cela peut te servir. Je suis sûr que tu n'as rien à cacher au monde.
- Que voulez-vous ? siffla la sorcière.
- Je souhaite simplement prendre de vos nouvelles, madame Lestrange.
- Depuis quand vous souciez-vous des Serpentard ? rétorqua-t-elle d'un ton narquois.
- Oh mais, vous n'êtes plus une élève de Serpentard je crois. Vous êtes autre chose, Bellatrix. Qu'êtes vous ?
- Une épouse exemplaire.
- Je n'en doute pas. Je doute pourtant qu'un tempérament comme le votre accepte de se complaire au rôle d'épouse, je me trompe ?
- Cela ne vous concerne aucunement, Albus.
- Voyez-vous, le bien être de mes élèves est ma priorité. Je crois que votre jeune sœur Narcissa est lancée dans une mission qui dépasse de loin le simple envoi de lettres rapportant à son aînée les ragots de Poudlard. Je doute que vous vous souciiez réellement du déroulement de la scolarité des jeunes James Potter et Sirius Black. Je crois, Bellatrix, que vous ne voudriez pas voir Narcissa malheureuse. Jeune femme, entendez raison. La voie que vous avez prise est une route dangereuse et trompeuse. Ne forcez pas votre sœur à emprunter le chemin que vous idéalisez. Il est encore temps de faire demi-tour, Bellatrix.
- J'ignore de quoi vous parlez, grogna la brune.
- Tom Jedusor est un sorcier puissant, mais il ne gagnera pas cette guerre. Il est trop tard pour lui, mais il n'est pas trop tard pour vous ou pour tous les autres. Laissez moi vous aider.
- Silence vieux fou ! aboya Bellatrix. Comment osez-vous... toutes ces hypothèses farfelues sont infondées, vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez. J'en ai assez entendu, veuillez céder cette place à ma sœur maintenant.

Dumbledore soupira et lança un dernier regard désolé à Bellatrix avant de se lever et de saluer Narcissa qui venait d'arriver sous le regard intrigué des autres clients. La blonde prit place en regardant le vieil homme s'éloigner.

- Qu'est ce qu'il voulait ?
- Il sait. Comment sait-il ? demanda Bellatrix avec colère.
- Je...je l'ignore. Aucun des garçons n'a parlé. Lucius et les autres les ont menacés. Ils n'ont pas dit un mot sur ce qui s'était passé.
- Il a tout vu. Quelle idiote ai-je été. Il a tout vu en sondant tes pensées. Tu aurais dû te tenir à distance, Cissy, dit Bellatrix en serrant les dents.
- Comment aurais-je pu savoir ? se défendit-elle. Ne m'accuse pas juste parce que tu n'as personne sur qui te défouler, Bella !
- Il va me punir... il va me tuer.
- Non, Bella. Non, je suis sûre que non. Il ne ferait pas cela.
- Tu n'as aucune idée de ce qu'il peut faire ! gronda la brune.
- Tu es son meilleur soldat. Ce qui est arrivé n'est pas ta faute. Et puis, mis à part la parole de Dumbledore, il n'y a aucune preuve qui puisse faire lien entre toi et...lui. Son nom n'a jamais été évoqué. Tout ce qu'ils ont, ce sont des suppositions.
- Je vais devoir redoubler de vigilance. Si les aurors venaient à mettre la main sur ma baguette...

Les sœurs parlaient à voix basse désormais. Bellatrix essayait de ne pas penser à ce qui pourrait lui arriver si toutes ces « suppositions » venaient à mener à une enquête complète sur sa personne. Elle n'osait même pas imaginer la réaction de son Maître lorsqu'il entendrait tout cela. Au moment où elle s'apprêtait à dire au revoir à Narcissa, elle sentit la brûlure tant redoutée sur son avant-bras. Elle leva les yeux vers sa sœur, et s'efforça de sourire malgré la peur qu'elle ressentait dans tout son corps.

- Ravie de t'avoir connue, Cissy.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant