Bellatrix décida de faire disparaître ses achats avant d'entrer dans le Manoir Malefoy. Elle ne comptait pas supporter les remarques d'autres de ses collègues, ni le regard dédaigneux de son Maître. Quand elle entra dans la salle de réunion, elle croisa d'abord le regard de Rodulphus. Cela ne faisait que quelques heures qu'une dispute était survenue entre les deux. Sûrement pensait-il que l'amant de Bellatrix se trouvait là, parmi eux, autour de cette table. Si cela était le cas, il n'avait pas entièrement tort, excepté que l'amant en question n'était pas encore arrivé.
La sorcière observa avec amusement son époux scruter les mangemorts avec suspicion. Elle fut offusquée quand Rodulphus fixa longuement Dolohov les yeux plissés. Comment pouvait-il imaginer que ce russe à moitié attardé pouvait faire l'objet d'une liaison avec elle ? C'était presque insultant. Elle croisa les bras sur sa poitrine et leva les yeux au ciel, puis les portes s'ouvrirent et Lord Voldemort apparut. Bellatrix retrouva alors son sourire, et vit le regard de son époux alterner entre elle et son Maître. Se pouvait-il qu'il ai deviné ? Non, impossible. Ce n'était pas réaliste. Le Maître et sa servante, quelle idée. Personne ne pourrait jamais s'en douter.
- Rookwood, fit Voldemort d'une voix aigüe. Alors ?
- Maître, répondit le mangemort en abaissant respectueusement sa tête. Le Bureau des Aurors et le Wagenmagot se sont concertés au regard de l'utilisation des Impardonnables pour l'arrestation des mangemorts. Pour l'instant, il apparaît que cette option ne soit pas envisageable. La Ministre de la Magie s'est lourdement opposée à l'idée proposée par Barty Croupton, qui est actuellement employé au département de la Justice Magique. Néanmoins, Croupton est un homme ambitieux, il semblerait qu'il convoite le poste de directeur du département, voire de Ministre de la Magie. Il est bien plus féroce que Jenkins, mon Seigneur. C'est un homme puissant, qui a la réputation d'être implacable.
- Il faudra que vous le surveilliez de près dans ce cas. Nous ne voulons pas perdre de vue nos ennemis, n'est ce pas ?
Augustus Rookwood acquiesça fermement.
- Macnair. Où en sommes-nous avec les géants ?
- Mon Seigneur... les géants montrent un grand manque de confiance envers le reste du Monde Magique. Un grand nombre d'entre eux cultivent une haine profonde des sorciers, ils pensent que nous les méprisons.
Des ricanements se firent entendre. Voldemort leva une longue main pâle et l'assemblée se tut immédiatement. Walden Macnair reprit son explication.
- Nous n'avons trouvé aucun accord pour l'instant mais j'ai bon espoir qu'avec les bons mots, je saurai les persuader de rallier notre cause.
- Tu trouveras rapidement les bons mots en ce cas, répondit le mage noir d'une voix douceâtre.
- Oui, Maître.
- Bien.
Voldemort parcourut longuement la foule de mangemorts du regard, tout en prenant soin d'éviter de poser les yeux sur Bellatrix qui l'observait avec un air émerveillé.
- Rosier, j'ai cru comprendre que tu t'étais montré incroyablement compétent en matière de duel. Rappelle-moi le nom de l'auror que tu as exécuté ?
- Helmut Stark, mon Seigneur. Je l'ai surpris en train de me suivre sur le chemin du manoir de mes parents. Quand il a voulu me poser des questions sur notre mouvement, je l'ai éliminé et ai effacé toutes traces de son existence. J'ai également rendu visite à sa femme pour la soumettre à un sortilège de confusion, afin de lui faire croire que son époux était rentré à la maison, de sorte à ce qu'on ne devine pas qu'il a disparu lorsqu'il est venu me rendre visite.
- C'est bien, Rosier. Très bien. Vous autres, vous devriez prendre exemple sur notre jeune recrue... d'après ce que je sais, vous ne vous êtes pas montré particulièrement brillants ces derniers temps...
Tous les mangemorts, à l'exception d'Evan Rosier et de Bellatrix, avaient baissé les yeux. Le silence qui s'était imposé était extrêmement lourd, et l'air semblait être devenu glacial.
- Arsenius ! aboya Lord Voldemord. Le bureau des aurors n'attend plus que ton aveu pour te jeter à Azkaban. Comment se fait-il que, de tous mes mangemorts, ce soit toi qui soit le plus suspecté ? Toi, qui étais là avant même que je n'existe aux yeux du monde, tu es un des seuls à avoir tant éveillé les soupçons. Tu me déçois, Lestrange. Tu me déçois profondément...
- Maître, je vous présente mes excuses je...
- Je n'ai que faire de tes excuses, siffla le mage noir d'un ton menaçant. Fais en sorte de te faire oublier, Lestrange, où les aurors n'auront qu'un cadavre à donner aux détraqueurs.
Le père de Rodulphus fixait un point dans le vide, livide. Bellatrix pensa qu'il était prêt à perdre connaissance d'une minute à l'autre.
- Disposez. Maintenant, dit enfin Lord Voldemort d'une voix létale.
L'assemblée se leva d'un seul homme, et tous se dirigèrent vers la sortie.
- Madame Lestrange, un mot.
Bellatrix s'immobilisa et attendit que les autres soient partis pour se tourner vers le Seigneur des Ténèbres qui était resté assis à l'extrémité de la longue table.
- Bien que j'admire le dévouement de ta jeune sœur Narcissa, je crains que les informations qu'elle nous fasse parvenir restent trop vagues pour être réellement utiles. Comme je te l'ai déjà dit, je pense que Dumbledore essaye de recruter parmi ses élèves. Il sait pertinemment que le Ministère est incompétent à faire face à mon ascension, aussi je devine aisément que le vieux fou veuille créer son propre groupe de résistance...
- Voudriez-vous que j'espionne également l'homme, mon Seigneur ? dit Bellatrix d'une voix étonnament douce.
- Il te sera impossible de l'approcher, Bella. Dumbledore est un homme excentrique, mais pas assez stupide pour se pavaner dans les rues alors que notre mouvement est plus fort que jamais. Il sait qu'il est ma cible principale. Non...tu ne vas pas espionner Dumbledore. Pas directement. Tu vas recueillir des informations auprès de ton cousin Sirius. D'après ce qu'Orion m'a dit, il cultive une fierté monstrueuse d'appartenir à la maison Gryffondor, et tout le monde connaît les préférences d'Albus Dumbledore. S'il doit recruter et gagner la confiance de nouveaux disciples, je ne serai pas étonné d'apprendre qu'il ait tourné son choix vers un jeune Black qui prend un malin plaisir à briser la tradition familiale. Je veux que tu lui arraches des informations précises. Que tu en saches plus sur ce que manigance Dumbledore grâce à l'expérience de Sirius. Peux-tu faire cela pour ton Maître, Bella ?
- Je ferai n'importe quoi pour mon Maître, répondit-elle la gorge nouée par l'émotion.
- Si désireuse de me servir...bien, Bella. Tu lui rendras visite quand il sera de retour de Poudlard pour les prochaines vacances. Je préviendrai Orion.
- Maître... Maître je dois tout de même vous prévenir... mon cousin et moi n'entretenons pas les meilleures relations. Je ne suis pas sûre de...
- Tu trouveras une solution. Tu peux disposer, maintenant.
****
12, square Grimmaurd, 20 décembre 1972.
- Bellatrix, la salua Walburga Black en la gratifiant d'un regard hautain. Orion m'a dit que vous passeriez. Je vais faire descendre Sirius, prenez place dans le salon. Kreattur ! Va chercher Sirius et prépare le thé pour madame Lestrange, dépêche toi !
La jeune brune regarda l'elfe de maison obéir à sa maitresse et alla s'asseoir dans un des canapés de cuir du salon. Quelques minutes plus tard, elle entendit des pas descendre les escaliers, puis Sirius se montra. Il la toisa de haut en bas et resta debout devant elle les bras croisés.
- Bonjour, Sirius.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il sur un ton défensif.
- Allons, allons, répondit Bellatrix avec un sourire qu'elle voulait chaleureux. Je veux juste prendre des nouvelles de mon cousin. Après tout, tu es, comme moi, la nouvelle génération des Black. Tu es important Sirius. Prends place, je t'en prie.
Le jeune garçon s'assit le plus loin possible de sa cousine pendant que Kreattur apportait un plateau de thé. Bellatrix se pencha pour saisir un sablé et observa Sirius. Il avait lui aussi hérité des gênes des Black, ce qui n'était pas étonnant puisque ses parents étaient cousins. Il avait de belles boucles brunes, un regard sombre, un teint pâle et un air majestueux. Même s'il ne la méritait pas, le jeune sorcier avait la même beauté obscure que les autres membres de sa famille.
- Oh, je crois que Kreattur a oublié le sucre. Cela te dérangerait d'aller en chercher quelques morceaux ? demanda Bellatrix en souriant.
Sirius leva les yeux au ciel et se rendit à la cuisine en marmonnant. Bellatrix plongea furtivement la main dans sa poche pour en sortir une petite fiole. Elle versa le liquide dans la tasse de son cousin juste avant que celui-ci ne revienne avec ce qu'elle avait demandé. Bellatrix le regarda s'asseoir en silence.
- Alors, comment se passe ta scolarité ?
- Très bien, répondit Sirius d'un ton narquois. Gryffondor est en tête du classement.
- Hmm. Tu dois être fier.
- Très fier.
Un silence pesant s'installa alors. Sirius jeta un coup d'œil au bocal de sucre qu'il avait ramené.
- Tu n'as pas sucré ton thé, dit-il d'un air suspicieux.
- Oh, quelle sotte je fais. Ne bois-tu pas le tien ?
Sirius ne répondit pas mais se pencha pour saisir sa tasse, sans pour autant la porter à ses lèvres. Bellatrix prit un morceau de sucre qu'elle mit dans son thé, bien qu'elle ne sucra habituellement pas sa boisson.
- Dis-moi, es-tu encore ami avec le jeune James Potter ?
- Pourquoi es-tu là, Bellatrix ? siffla Sirius.
- Je te l'ai déjà dit. Je pense qu'il est inutile d'entretenir de mauvaises relations en tant que membres d'une même famille.
- Tu sais très bien que tu n'en as aucune envie, et moi non plus d'ailleurs. C'est lui qui t'envoie, c'est ça ? Il veut que tu me convaincs de rallier ses rangs, hein ? Ton précieux Lord Voldemort ?
Bellatrix frémit de rage en entendant son cousin indigne prononcer le nom de son Maître, mais elle tâcha de ne rien laisser transparaitre.
- Non, Sirius. Je ne suis pas en contact avec cet homme. Ce n'est pas parce que ses idées rejoignent les nôtres que nous sommes d'accord avec ce qu'il fait.
Ces mots avaient été incroyablement dur à prononcer, et Bellatrix se sentait immensément coupable d'avoir dit de telle chose. Elle avait l'impression de trahir son Maître. Pourtant, elle se ressaisit en pensant qu'elle faisait tout cela pour lui. Sirius n'avait que treize ans, elle pouvait encore aisément le manipuler. Surtout avec les gouttes de véritasérum qu'elle avait versées dans son thé. Son thé qu'il n'avait pas encore bu.
- Ton thé va refroidir Sirius.
- Qu'est ce que tu fais de tes journées si tu ne sers pas Voldemort ? Il me semble que tu es sans-emploi, non ?
- Cela ne te concerne pas, grinça Bellatrix.
- Tout comme le déroulement de ma scolarité ne te concerne pas alors. Si c'est comme cela, je pense que nous en avons fini, dit-il en faisant un mouvement pour se lever.
Bellatrix sortit aussitôt sa baguette et la pointa vers son cousin.
- Impero, siffla la brune. Bois ton thé, Sirius, et répond à mes questions.
Le jeune garçon se tourna alors, et il avait le regard vide. Machinalement, il se rassit et porta sa tasse à ses lèvres, prenant de longue gorgée de la boisson déjà tiède.
- Bien. Que fais-tu de tes journées à Poudlard ?
- Je vais en cours avec James, Rémus et Peter. Peter nous suit partout, je ne lui aurais jamais adressé la parole si Rémus n'avait pas insisté pour qu'il fasse partie du groupe. Maintenant, j'imagine que c'est un bon ami à nous. James et moi on aime bien rigoler avec Servilus. C'est un Serpentard, il est ridicule et faible. Il tourne toujours autour de Lily Evans, et je crois que James aime bien Lily. On essaye de trouver une façon d'aider Rémus qui se transforme les soirs de pleine lune. Dumbledore a dit qu'il nous aiderait. On s'est trouvé un nom de groupe, les Maraudeurs.
- Dumbledore, que veux-tu dire par « il a dit qu'il nous aiderait » ?
- À aider Rémus. C'est un loup-garou, et il se sent très seul à cause de ça. Dumbledore nous a parlé d'une forme de métamorphose qui nous permettrait de l'accompagner lors de ses sorties nocturnes, mais il pense que nous sommes encore trop jeunes pour cela.
- Quel genre de métamorphose ?
- Je ne sais pas, il a été très vague.
- Vous a-t-il parlé d'autre chose ? D'une armée qu'il souhait former ? Souhaite-t-il vous recruter pour former une résistance ?
- Pas vraiment. Il nous encourage juste à bien suivre en cours, il pense qu'une guerre éclatera bientôt. Il veut que l'on soit prêt à se battre, mais il n'a pas mentionné de résistance, encore moins d'armée.
Les informations de son cousin étaient inutiles. Sirius n'en savait guère plus qu'elle. Bellatrix appréhendait le compte-rendu qu'elle devrait faire à son Maître et Seigneur. Elle leva une seconde fois sa baguette vers son cousin.
- Finite incantatem. Oubliette.
Sirius secoua la tête et regarda sa cousine l'air perdu.
- Tu n'as pas répondu à ma question, dit-il.
- Quelle question ? demanda Bellatrix en soupirant.
- Qu'est ce que tu fais de tes journées si tu n'es pas au service de Voldemort ?
- Ne t'avise pas de prononcer son nom encore une fois sombre pourriture, siffla Bellatrix en se leva d'un coup. Bien. Notre conversation est terminée. Je te souhaite un très mauvais réveillon, Sirius.
- Je te retourne le souhait, sale sorcière dérangée.
Bellatrix le gratifia d'une belle présentation de son majeur et se tourna pour rejoindre la sortie. Maintenant, elle devait rapporter son échec retentissant au Seigneur des Ténèbres.
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A Black Tale : Sisters of House Black
Fanfiction1969. Bellatrix, Andromeda et Narcissa entament une nouvelle année à Poudlard, sans se douter que celle-ci marquera un tournant décisif dans leur vie encore paisible. Les trois héritières de la noble et très ancienne famille Black seront vite plongé...