Arya McAdam

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3 septembre 1973, Manoir Malefoy, Wiltshire.

La réunion avait été très banale ce jour-ci. Le Seigneur des Ténèbres réunissait des informations sur Dumbledore, attribuait des missions, prenait des nouvelles des alliances en cours. Bellatrix l'avait regardé tout du long sans vraiment l'écouter. Il n'avait partagé qu'une nuit depuis qu'elle avait emménagé au Manoir Malefoy, et elle commençait à s'interroger sur l'utilité de sa présence permanente dans l'immense demeure. À vrai dire, il était faux de dire qu'ils avaient passé une nuit ensemble : le Seigneur des Ténèbres n'était resté qu'une vingtaine de minutes. Bellatrix préférait vivre au Château Lestrange. Ici, elle n'avait même pas la chance de croiser son Maître dans les couloirs. Là-bas, elle pouvait passer ses soirées à rire avec son époux et son beau frère. Et puis, l'ambiance était morbide depuis plusieurs jours. Bellatrix se sentait seule et coupable de ne pas pouvoir s'occuper de Narcissa. Elle regarda cette dernière qui était assise en face d'elle. La jeune femme ne semblait pas particulièrement apprécier les réunions des mangemorts. Cela était compréhensible ; bien qu'elle soit d'accord avec les idées du mage noir, elle ne lui avait jamais prêté réellement allégeance. Néanmoins, Lucius avait insisté pour qu'elle y assiste, aussi lui avait-elle obéit. Gentille et docile Narcissa. Enfant modèle, épouse idéale. Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Bellatrix. Narcissa était restée si différente d'elle en grandissant.

Assez rapidement, Lord Voldemort ordonna à ses mangemorts de se disperser. Bellatrix regarda sa sœur et Lucius sortir de la grande salle, suivis des autres. Rodulphus s'approcha d'elle et s'apprêtait à lui adresser la parole quand la voix froide du mage noir retentit derrière eux.

- Bella, un mot. Lestrange, tu peux partir.

Rodulphus referma la bouche avant d'avoir pu prononcer quoi que ce soit et lança un regard désolé à son épouse avant de partir. Bellatrix se retourna vers son Maître, qui était resté assis en bout de table.

- As-tu parlé à ton cousin Regulus ?
- Oui, Maître. Je lui ai fait savoir que ses services étaient requis pour son Maître. Il est honoré d'avoir été jugé digne de votre confiance, mon Seigneur.
- Hmm. J'espère que le jeune Black nous sera utile.
- J'espère que les membres de ma famille continueront de vous êtres fidèles et de vous servir correctement, Maître.
- Hmm...comme ta sœur Andromeda et ton cousin Sirius, je suppose ? répondit calmement Lord Voldemort.
- Maître je...
- Allons, allons. Ce n'est pas de ta faute, n'est ce pas ?
- Je n'ai rien à voir avec ces traitres à leur sang. Ils font honte à la noble et très ancienne famille Black.
- Lucius m'a dit que tu n'étais pas satisfaite avec ton nouveau logement. Le Manoir Malefoy n'est-il pas assez spacieux pour votre excellence ? demanda le mage noir d'un ton entre la moquerie et la menace.
- Je...non je...le Manoir Malefoy me convient tout à fait, mon Seigneur. Je ferai tout ce que vous...
- Oui, oui, la coupa-t-il en accompagnant ses propos d'un geste las de la main. Peut-être est-ce ton époux qui te manque alors ? continua le mage noir avec un sourire carnassier.
- Maître, non ! Rien au monde ne compte plus que mon Maître.
- Peut-être que tu voudrais devenir comme ta sœur, finalement, et élever les gamins des Lestrange dans votre beau Château ? Peut-être, Bella, que ma cause n'est pas assez intéressante pour toi ? Peut-être que mon mouvement prend trop de temps à s'ancrer ? Hmm ?
- Maître...je ne comprends pas...
- Si je t'ai éloignée de ton époux, Bellatrix, c'est pour la simple et bonne raison que j'ai estimé que tu y étais trop attachée. Tu as vu ce que cela donne quand on perd un proche avec Narcissa. Si Rodulphus meurt au combat, et cela est très probable, je ne peux pas que tu sois distraite par sa disparition. Alors, Bella, tu vas rester concentrée sur ton seul objectif ; moi, et tu vas arrêter de te plaindre. Quand je n'aurai pas besoin de tes services, tu pourras retourner batifoler avec Lestrange. En attendant, tu demeures ma propriété. Et je ne suis pas du genre à partager, as-tu compris ?
- Oui, Maître, bredouilla Bellatrix en se maudissant de s'être confiée à Malefoy.
- Tu peux disposer.


****


Le brise fraîche de la nuit de septembre balayait les rues du quartier de White Chapel. Tapie dans l'ombre, une silhouette progressait vers un bel immeuble victorien. En s'approchant de l'entrée, Bellatrix sortit sa baguette et la pointa sur la poignée de la porte. « Alohomora » prononça la sorcière, et la porte fit un déclic avant de s'ouvrir. Elle grimpa les escaliers jusqu'au troisième étage et répéta le même manège avec la porte de l'appartement à droite des escaliers. Celui-ci était plongé dans la pénombre, ses habitants devaient être endormis. Bellatrix, avec l'agilité d'un chat, inspecta les lieux sans un bruit. Elle trouva bientôt la chance, et poussa la porte qui y donnait accès le plus discrètement possible. Arya McAdam dormait paisiblement entre les bras de sa fiancée, dans leur grand lit aux parures mauves. Bellatrix prit place dans le fauteuil en face du lit, et mit son masque de mangemort en argent sur son visage. Elle observa le couple avec dégoût, puis se pencha pour allumer la lampe de chevet posée à côté du lit. Arya et sa compagne s'éveillèrent alors avec difficulté, se frottant les yeux et baillant. Quand elles virent Bellatrix, elles poussèrent un cri de surprise, mêlé à de la peur. La rousse tenta de saisir sa baguette mais Bellatrix fut plus rapide et la pétrifia immédiatement.

- Je sais qui tu es ! hurla Arya d'une voix tremblante.
- Si tu le dis, je serai obligée de tuer ta copine, répondit Bellatrix d'une fois enfantine.
- Je t'en supplie, je sais que tu n'es pas une mauvaise personne. Dromeda aussi, elle le sait. Je t'en prie, Bel...

Arya plaqua ses mains sur sa bouche, et son regard s'emplit de terreur.

- S'il te plait, ne...
- Trop tard, trop d'indices. Avada Kedavra ! siffla la sorcière.

Le corps de la rousse retomba sur le matelas, et Arya poussa un cri d'horreur alors qu'elle se penchait pour ramener le corps de son amie contre elle. Bellatrix la regarda se balancer d'avant en arrière en tenant la rousse dans ses bras tandis qu'elle pleurait en criant. La brune leva les yeux au ciel.

- Moins fort ! tu vas réveiller les voisins, se plaignit la sorcière.
- Comment peux-tu faire une chose pareille ? demanda Arya entre deux sanglots. Tu es un monstre !
- Bah, il faudrait savoir à un moment. Je croyais que je n'étais pas une mauvaise personne.
- Qu'est ce que tu veux ?! hurla la jeune femme.
- Oh...je sais pas vraiment. Mais c'est plus fort que moi. Tu vois, avant que toi et tes copains vicieux ne retourniez le cerveau d'Andromeda, c'était une sorcière tout à fait correcte. Mais maintenant regarde-la ! Elle se reproduit avec des sangs de bourbe ! Moi j'ai essayé de lui faire changer d'avis, tu sais. Moi je l'aimais, Andromeda. Vous, vous la détestez. Comment je le sais ? Vous êtes jaloux de son sang, alors vous avez tout fait pour qu'elle soit reniée. Mais, peut-être que si j'essaye plus fort, peut-être qu'elle va revenir, hein ? Peut-être que, quand elle verra ton corps, elle se dira qu'elle a fait le mauvais choix. Alors, bien sûr, je ne suis pas certaine du résultat. Mais, qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ?
- Bellatrix, je t'en supplie...
- Hush, hush, c'est bientôt fini. Regarde, dit-elle en sortant un objet aux reflets argentés de sa poche. Ça, c'est un cadeau de mon Maître. Il a fait graver mes initiales dessus. J'ai pensé que, puisque vous aimez tant les moldus, alors je ferais mieux de ne pas utiliser la magie pour mettre fin à tes jours. Au moins, tu auras un réel aperçu de ce qu'est leur monde.

À ces mots, Bellatrix se jeta sur Arya qui hurla de rage. La jeune femme se débattit de toutes ses forces mais ne put éviter les coups de poignard de Bellatrix qui coupaient ses avant-bras et s'enfonçaient dans la chair de sa poitrine. Au bout de plusieurs minutes de combat, Bellatrix était assise à califourchon sur une Arya qui convulsait au-dessous d'elle. Les deux étaient tâchées de sang. Lestrange regardait avec fascination le sang chaud pulser hors du corps de sa victime dont les yeux se couvraient peu à peu d'un voile vitreux. Quand le corps mutilé d'Arya cessa enfin de bouger, Bellatrix poussa un soupir, et fit disparaître celui de la rousse.

- Une sang-mêlé lesbienne qui aime les moldus. Pfff. Bon débarra.

Elle se releva et pointa sa baguette sur Arya.

- Mobilicorpus.

La sorcière, sans se soucier un seul moment d'être aperçue en compagnie du cadavre qui flottait derrière elle, se dirigea à l'Est de l'immeuble, là où passait un large fleuve. Elle regarda le corps léviter jusqu'au dessus de l'eau, puis annula le sortilège qui le gardait suspendu dans les airs en murmurant « finite incantatem ». Elle regarda l'amie de sa sœur s'enfoncer dans les profondeurs de la Tamise, et ne put s'empêcher de glousser en pensant à la tête qu'Andromeda allait faire en apprenant cela.

****


Quand Bellatrix arriva au Manoir Malefoy aux alentours d'une heure du matin, elle s'attendait à ce que tout le monde soit endormis. Aussi, sa surprise fut immense lorsqu'elle entendit un hurlement qui provenait des appartements de Narcissa. Soudain rongée par l'inquiétude, et oubliant l'état dans lequel elle se trouvait, Bellatrix s'y précipita et ouvrit la porte à la volée quand elle atteignit les lieux. Avec horreur, elle retrouva sa petite sœur au milieu de son lit, dans une immense flaque de sang. Narcissa tremblait et se tenait les genoux repliés contre sa poitrine en sanglotant. Bellatrix ferma les yeux et avala difficilement sa salive avant de conjurer un mouchoir qu'elle tendit à sa sœur.

- Cissy...dit-elle la gorge nouée.
- Je suis désolée, répondit Narcissa en pleurant. Je suis tellement désolée.
- Non...non Cissy, ce n'est pas de ta faute, dit Bellatrix d'une voix douce.

Des bruits de pas précipités se firent entendre dans le couloir, et Lucius apparut dans l'encadrement de la porte. Bellatrix cru que son beau-frère allait vomir devant elles lorsqu'il vit tout le sang sur les deux sœurs. Il mit en temps à débloquer avant de se précipiter vers Narcissa et de la prendre dans ses bras. Il embrassa le haut de son crâne en répétant « ça va aller », et Narcissa continuait de dire à quel point elle était désolée. Bellatrix s'éloigna un peu du couple, et lança quelques sortilèges de nettoyage pour ôter les tâches de sang sur le lit et sur la robe de nuit de sa sœur.

- Je vais écrire à Sainte Mangouste pour qu'ils envoient un médicomage. Je suis sûr qu'il n'est pas trop tard. Ça arrive de saigner pendant les grossesses. Ça va aller, dit Lucius.

Narcissa continuait de gémir dans ses bras, et Bellatrix regardait le spectacle d'un air désolé. Sa petite sœur avait perdu bien trop de sang pour que le fœtus soit encore viable. Lucius le savait certainement, mais il refusait d'entendre raison.

- Lucius... dit Bellatrix en secouant la tête. Cissy va avoir besoin de repos.
- Mais le...
- Lucius, le coupa plus sèchement Bellatrix. Assez.

L'homme ferma les yeux et ne les rouvrit que pour regarder sa femme recroquevillée contre lui. Il caressa ses cheveux d'or doucement, et continua de lui répéter que tout allait aller. Bellatrix, tout à coup nauséeuse, ne put trouver la force de rester aux côtés de sa sœur, elle sortit de la chambre le cœur lourd.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant