Salem.

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5 juillet 1972, Manoir Black, Wiltshire.

Narcissa caressa du bout des doigts l'immense collection de livre de son père. C'était étrange, d'être à nouveau seule. Elle venait d'achever sa sixième année à Poudlard, la première sans aucune de ses sœurs à croiser dans les couloirs ou dans la Salle Commune de Serpentard. Mais elle avait toujours été entourée de ses amies à l'école. Ici, dans le grand manoir de ses parents, elle n'avait personne. Druella était très solitaire et passait son temps dans la serre au fond du jardin à s'occuper de ses plantes. Cygnus était toujours en déplacement professionnel. Andromeda était partie vivre avec son moldu d'époux et Bellatrix... Merlin seul savait ce que faisait l'aînée des sœurs Black de ses journées. Narcissa préférait ne pas y penser.
Le regard de la blonde s'arrêta sur un livre qu'elle reconnut immédiatement. Elle le dégagea de l'étagère sur laquelle il était posé et observa la couverture. « Contes et récits de Salem ». Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'un souvenir se formait dans son esprit.

Trois petites filles étaient assises en tailleur sur un large tapis vert émeraude, devant une grande femme blonde installée sur un sofa de la même couleur. La plus âgée des enfants, une fillette d'une dizaine d'années aux folles boucles brunes, faisait signe à sa cadette de se taire. La plus jeune, une blonde qui ressemblait énormément à la mère, attendait avec impatience. La femme devant elles ouvrit un livre qu'elle posa sur ses genoux, et haussa une paire de lunettes fines sur son nez droit.

- Alors les filles, l'une d'entre vous pourrait-elle me rappeler où nous nous en étions arrêtés dans les Contes et Récits de Salem ?
- Mère, nous venions de terminer l'histoire d'Abigail Hobbs et la façon dont son père a manipulé le juge pour lui éviter la peine de mort avec le sortilège de l'Imperium, répondit la cadette.
- Merci Andromeda. Alors voyons voir... voilà. Aujourd'hui, nous allons découvrir la triste histoire de la famille Good.

La petite blonde ouvrit grand ses yeux émerveillés. Elle adorait quand sa mère les rassemblait pour leur lire des histoires, et elle aimait particulièrement celles qui tournaient autour des procès de Salem. Druella se racla la gorge et commença.

- « Sarah et William Good vivaient paisiblement dans la ville de Salem, aux États-Unis. Ils avaient une fille, l'enfant la plus adorable que vous puissiez rencontrer, qui s'appelait Dorothy. La petite et sa mère pratiquaient la magie. Le père n'en savait rien, ignorant que sa femme était douée de pouvoirs qu'elle avait transmis à Dorothy. Un jour, deux femmes moldues, leurs voisines, allèrent au juge en criant « sorcières, meurtrières, qu'elles soient arrêtées et exécutées ! ». Les femmes n'avaient aucune preuve mais affirmaient avoir été soumise à l'emprise d'un sortilège de Sarah et qu'elles avaient vu la petite parler avec un serpent. C'est sans aucune défense que la mère et l'enfant furent arrêtées et jetées en prison. Dorothy, qui n'avait passé que quatre innocentes années sur Terre, ne revit plus jamais sa mère. Sarah fut pendue sur la place publique, n'ayant commis que le crime d'être différente de ses voisines. Nul ne sût ce qu'il advint de la petite Dorothy, qui jamais ne ressortit de la prison dans laquelle les moldus l'avaient enfermée. »
- C'est horrible ! s'écria la blonde les larmes aux yeux.
- Oui, Cissy. C'est horrible. C'est pour cela qu'il est de notre devoir de continuer à raconter ces histoires. Pour ne pas oublier. Pour se rappeler de la façon dont notre peuple a autrefois été traité, avant que le Code international du Secret Magique ne soit signé en 1689 et que nous soyons obligés de vivre cachés. Quelqu'un peut me dire ce qu'est alors la morale de cette histoire ?
- Il faut tuer les moldus avant qu'ils ne nous tuent ! répondit l'aînée avec véhémence.
- Non, Bella, répondit la mère en riant doucement. Pas exactement.
- Il faut se méfier des moldus car ils ne nous accepteront jamais. C'est pour cela que nous, les sangs-purs, nous refusons de nous en approcher : ce sont des êtres inférieurs qui évoluent perpétuellement dans la haine de l'autre.
- Exactement, Narcissa. Les filles, je crois que votre jeune sœur vient de vous donner une leçon. Prenez exemple, voulez-vous ?

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant