16 août 1974, Oxfordshire, Angleterre.L'avantage, quand on est l'héritière d'une fortune colossale, c'est qu'il n'y a rien que l'on ne puisse pas acheter. Surtout pas l'adresse secrète d'une famille qui a acquis récemment une petite maison dans l'Oxfordshire. Bellatrix n'avait même pas eu à menacer l'agent immobilier qui avait aidé Andromeda à trouver son nouveau logement ; cette fois, les gallions avaient été plus efficaces que les mots. 10 Montagu Road. C'était là qu'habitait désormais la famille Tonks, et c'était donc là que Bellatrix se trouvait en cette paisible journée d'août.
Il était midi. La mangemort guettait de loin la petite maison de ville, semblable à toutes les autres, dans laquelle vivaient sa sœur et sa nièce. Elle n'avait jamais vu cette dernière, et, même si elle voulait se convaincre que l'enfant lui importait guère, elle était curieuse de savoir à quoi l'hybride d'Andromeda ressemblait. Bellatrix ne tarda pas à avoir sa réponse puisqu'elle aperçu rapidement à travers la fenêtre sa cadette traverser le salon, tenant dans ses bras un poupon aux cheveux roses bonbons. Une métamorphomage ? se demanda Bellatrix en se retenant de rire. Andromeda avait-elle réellement pondu une bête de foire pareille ?
Bellatrix observa la petite famille déjeuner, puis les regarda sortir de leur maison pour monter dans une vieille automobile et partir au loin. La brune n'avait pas prévu cela, mais décida de profiter de leur absence pour faire un tour dans le logis. Elle déverrouilla aisément la porte d'entrée, surprise que sa sœur n'ait pas mis plus de protections en place, et entra. L'odeur de nourriture embaumait encore le rez-de-chaussée. Des jouets d'enfants trainaient dans le salon, un exemplaire de la Gazette du Sorcier avait été laissé sur un sofa de velours. Bellatrix monta les escaliers jusqu'à l'étage des chambres. Il n'y en avait que deux. De fait, la maison était horriblement petite. Comment Andromeda pouvait accepter de vivre ainsi ? Ils n'avaient aucun elfe de maison, aucune chambre d'ami, une seule salle de bain, les matériaux des meubles étaient de mauvaise qualité, sans parler de l'aspect de la maison qui était d'une banalité repoussante. La sorcière soupira, et entra dans la chambre des parents. Elle fouilla dans la bibliothèque, remplie d'ouvrages moldus, ce qui lui arracha une grimace de dégoût. Néanmoins, elle en ouvrit un, juste pour voir ce qui pouvait bien intéresser sa cadette dans ces écrits répugnants. Alors elle tourna les pages d'un roman qui s'appelait « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » d'une certaine Harper Lee, et bien qu'elle trouva le titre ridicule, elle en lut quelques lignes : « (...) mais avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même. La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l'individu ». Conneries, pensa Bellatrix. Andromeda avait décidément besoin d'un peu d'aide dans le choix de ses lectures. Elle parcourut le reste de la bibliothèque, posant son regard sur chacun des titres. Les Hauts de Hurlevent, Raison et Sentiments, Orgueil et Préjugés...il y avait même des livres en français, comme la Mare au Diable d'un certain George Sand, que Bellatrix comprit être en réalité une femme lorsqu'elle lut le résumé du livre, puis des recueils de poèmes d'auteurs nommés Hugo, Verlaine ou encore Rimbaud.
En lisant tout cela, Bellatrix n'avait pas vu l'heure passer, et elle fut surprise par le bruit d'un moteur qui s'approchait de la maison. Elle reposa précipitamment tous les livres à leur place, et regarda autour d'elle pour trouver un endroit où se cacher. L'armoire. Bellatrix s'y précipita et tâcha de se faire la plus petite possible dans l'étroite penderie de sa sœur. Elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir et des voix résonner au rez-de-chaussée.- Je vais faire une sieste, Ted, dit Andromeda alors que le bruit de ses pas se faisait déjà entendre dans l'escalier.
Elle ne tarda pas à apparaître dans la chambre et Bellatrix, toujours cachée dans l'armoire, retint son souffle. Elle entendit le matelas faire un bruit sourd et comprit que sa sœur s'y était allongée. Bientôt, le souffle d'Andromeda ralentit, et Bellatrix sut qu'elle s'était assoupie. Elle ouvrit lentement, très lentement les portes de l'armoire, tâchant de ne faire aucun bruit, et en sortit. Elle pointa sa baguette en direction de la porte de la chambre et murmura « colloporta », puis un léger bruit de succion se fit entendre, indiquant que le sortilège avait bien marché.
La sorcière se tourna alors vers sa cadette, qui dormait paisiblement dans son lit blanc. Les boucles brunes aux reflets dorés d'Andromeda étaient éparpillées autour de son visage, formant comme une auréole. Ses lèvres pleines étaient entrouvertes, sa poitrine se soulevait lentement au rythme de sa respiration. Sa peau nacrée était absolument lisse, ses pommettes étaient hautes et sa mâchoire était ciselée. Bellatrix avait autrefois apprécié la façon dont sa cadette lui ressemblait tant. Mais depuis maintenant quelques années, l'idée qu'on puisse les confondre la répugnait. Andromeda n'était pas digne de ces nobles traits. Elle n'était pas digne du sang des Black, ni de celui des Rosier. Elle méritait de ressembler à n'importe quel sang-de-bourbe que l'on pouvait croiser dans la rue. Elle avait trahi sa famille, elle avait trahi ses sœurs. Dans quelques heures, elle serait assise au fond du cachot des Malefoy, et le lendemain ; elle serait morte.
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A Black Tale : Sisters of House Black
Fanfiction1969. Bellatrix, Andromeda et Narcissa entament une nouvelle année à Poudlard, sans se douter que celle-ci marquera un tournant décisif dans leur vie encore paisible. Les trois héritières de la noble et très ancienne famille Black seront vite plongé...