Joyeux Noël, Maître.

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- Joyeux Noël, Maître.

Bellatrix ne savait pas exactement pourquoi elle avait dit cela, et maintenant, elle trouvait que cela sonnait bien trop familier. « Joyeux Noël, Maître ». Elle passait pour une idiote devant le Seigneur des Ténèbres. Qui s'occupe des fêtes quand il y a une guerre à l'approche ?

- Tu t'es donnée en spectacle devant ta belle-famille, ai-je entendu.

Bellatrix resta bouche bée.

- Arsenius m'a dit comme tu t'étais déchaînée contre Mérida quand ils ont fait mention de mes jeunes années...et de mes origines.
- Maître, j'ai pensé qu'il était inapproprié d'en dévoiler autant sur...
- Mon passé, Bellatrix, la coupa Voldemort, ne peut être caché aux yeux du Monde. Tom Jedusor n'est pas un secret, malheureusement. Bien trop de personnes connaissent son existence pour que l'on s'acharne à la garder secrète. Mais vois-tu, Bellatrix, ce garçon est mort il y a des années de cela. Laisse-les savoir, laisse-les connaitre la fulgurante ascension qu'a connu leur Maître. Laisse-les réaliser à quel point je suis plus grand qu'eux, à quel point mon pouvoir est immense. Ce qui compte, Bella, ce n'est pas mon moldu de père, ni mon enfance parmi son peuple, mais ce que je suis devenu. Tout ce qui compte, c'est Lord Voldemort.
- Lord Voldemort est tout ce qui a toujours compté pour moi, mon Seigneur.

Le mage noir ignora les propos de sa servante et sortit une bouteille de derrière son bureau, et conjura deux verres. Bellatrix n'en cru pas ses yeux. S'apprêtait-il à l'inviter à boire avec lui le jour de Noël ?
Il servit un liquide brun dans chacun des verres, et invita la sorcière à s'asseoir.

- À la fin de cette année, nous aurons de nouvelles recrues, comme tu le sais, dit-il en lui tendant un verre. Les fils Crabbe, Goyle, Malefoy, Lestrange, et Avery. Je me suis déjà longuement entretenu avec ton futur beau-frère. Lucius est déterminé à servir notre cause. Il compte également entrer au Ministère, il pourra nous servir d'espion.
- Je suis sûre qu'il vous sera utile, Maître.
- Je le pense aussi. Le garçon est imbu de lui même, il est aussi pompeux que son père mais a un désir immense de faire ses preuves. Ce désir nous sera utile, oui.

Bellatrix porta sa boisson à ses lèvres et prit une petite gorgée qui lui brûla la gorge. Du Whisky Pur Feu.

- Ta sœur, cependant, est plus réservée quant à notre mouvement. Elle s'inquiète pour son ami, et pour toi, Bella.
- Je ne vois aucune raison à son inquiétude, Maître. Vous servir est mon plus grand désir, la source de mon plus grand plaisir.
- Elle craint que Lucius et toi tombiez au combat. Elle craint que je puisse être celui qui ôtera votre vie si jamais vous veniez à me déplaire.
- Ma sœur se trompe, mon Seigneur. Si Lucius et moi devions mourir, de quelque manière que ce soit, ce serait un honneur si nous disparaissons en vous servant. Si un jour vous vouliez me punir par la mort, je suis absolument certaine que le châtiment sera approprié et juste.
- Crois-tu que je puisse un jour t'exécuter, Bella ? demanda Voldemort avec un sourire froid.
- Oui, mon Seigneur. Je crois que c'est une possibilité.
- Et tu n'as pas peur ?
- Mon Seigneur, je vous crains et vous respecte car vous êtes le mage noir le plus puissant de tous les temps. Parce que vous êtes mon Maître. Mais je n'ai pas peur de la mort. Je sais que je donnerai un jour ma vie pour vous. J'espère, il est vrai, que je ne vous décevrai jamais assez pour que vous ayez à être celui qui m'éliminera. Vous décevoir est...
- Ta plus grande crainte. Je sais.

Voldemort bu une longue gorgée de whisky et fixa un point dans le vide sans rien dire durant de longues secondes. Bellatrix resta immobile, muette également.

- La confiance aveugle que tu me portes m'est précieuse, Bellatrix. Ton support sans faille est admirable, je crois. Rarement je n'ai vu un désir aussi grand de me satisfaire chez quelqu'un. Aucun de mes disciples encore en vie n'a fait preuve d'une telle confiance.
- Encore en vie...voulez-vous parler d'Abraxas, mon Seigneur ? Était-il ainsi loyal à votre cause ?
- Je ne pensais pas à Malefoy, non.

Bellatrix fronça légèrement les sourcils, mais n'osa pas poser de questions.

- Tu te demande de qui je parle, hmm ?
- Mon Seigneur, je suis un être curieux, mais je ne veux pas outrepasser les limites du respect.
- Je crois savoir que tu es au courant de l'existence du club des Chevaliers de Walpurgis.
- En effet, Maître.
- Arsenius t'en as parlé, tu as posé des questions. Tu voulais en savoir plus.

Bellatrix comprit alors qu'il avait vu le souvenir de son beau-père en utilisant ses pouvoirs de legilimens. Il l'avait vu poser des questions sur la fille secrète dont personne ne connaissait le nom.

- Je suis désolée, Maître.
- Ta mère me méprisait, le savais-tu ?
- Non, Maître... je l'ignorais. Elle s'est toujours montrée très dévouée à votre cause devant moi.
- Hmm. Tu n'as pas connu Druella du temps de sa jeunesse. Nous étions en désaccord un jour, je ne parviens pas à m'en rappeler la cause. Je me rappelle néanmoins du nom dont elle m'a affublé.

La belle brune avait le regard visé au sol désormais. Elle ne semblait pas vouloir entendre la suite.

- Si mes souvenirs sont exacts, Druella Rosier m'avait qualifié « d'infâme sang-mêlé », expliqua Voldemort avec un sourire cruel avant de prendre une nouvelle gorgée de whisky. Bien-entendu, ton père l'avait vite remise à sa place.
- Je suis sûre qu'elle s'en mord les doigts maintenant, mon Seigneur, bredouilla Bellatrix qui était rouge de honte.
- Telle mère, telle fille, n'est-ce pas ?

Les yeux de Bellatrix commencèrent à s'emplir de larmes. Elle se mordit si fort la lèvre qu'elle en coupa l'intérieur avec ses incisives, laissant échapper quelques perles de sang dans sa bouche.

- Maître, articula-t-elle difficilement. Je suis tellement désolée.
- J'ai une nouvelle mission pour toi, Bellatrix, dit Voldemort soudainement. Il faudra que tu sois discrète. Pas de mise en scène farfelue, pas de grand spectacle.

Bellatrix sembla alors soulagée, et se trouva infiniment reconnaissante pour ce nouveau sujet de conversation.

- Je veux que tu me ramènes des moldus. Vivants. Plusieurs moldus.
- Combien, mon Seigneur ?
- Une vingtaine suffira.
- Une vingtaine ? répéta-t-elle les yeux écarquillés.
- Cela te pose un problème, Bella ?
- Non, non, mon Maître. Bien sûr que non.
- Répète cela un peu.
- Mon...mon Maître ?

Voldemort esquissa un sourire quasiment imperceptible.

- Hmm. Bien, Bella. Va rejoindre ta famille maintenant. J'attendrai nos invités patiemment, mais ne tarde pas. Il me faut les corps sous peu.
- Oui, mon Seigneur.

Bellatrix se leva, déposa son verre et disparut.


****


Les rues de Birmingham étaient noires de monde le soir du nouvel an. Bellatrix avait estimé que sa mission était plus importante que la soirée du réveillon organisée cette année au manoir Avery. C'est pourquoi, alors que la plupart de ses proches festoyaient à présent avec l'élite de la communauté magique, la jeune sorcière se tenait devant un pub à l'intérieur duquel des moldus s'étaient réunis pour fêter la nouvelle année autour d'une pinte de bière.
La brune les observait depuis le trottoir d'en face, dans l'ombre, avec une grimace de dégout peinte sur son visage de porcelaine. Elle regardait des hommes gras s'exprimer de la façon la plus vulgaire en commentant les tenues des filles plus jeunes qu'eux qui avaient le malheur d'apparaître dans leur champ de vision.
Bellatrix prit une profonde inspiration et avança vers le pub. Quand elle entra à l'intérieur, elle fut envahie par les bruits et les odeurs immondes qui flottaient dans l'air. L'endroit puait l'alcool et la transpiration. Elle entendait les tons grossiers des soulards ponctués par des hoquets embarrassants, et les cris que l'on poussait de temps en temps pour exprimer son mécontentement. Elle lutta de toutes ses forces pour ne pas prendre ses jambes à son cou.
Elle avisa une place libre au bar et y prit place, entre deux hommes bien plus vieux qu'elle et absolument repoussants.

- Qu'est-ce qu'elle veut la jolie dame ?

Bellatrix leva les yeux vers le serveur qui astiquait un verre, puis regarda la carte des boissons derrière lui. Elle ne connaissait pas la moitié des cocktails proposés par la maison, aussi elle répondit un nom au hasard.

- Un Bloody Mary ? fit-elle d'un ton las.
- Et un Bloody Mary pour la... vous êtes majeure ?
- J'ai une tête à avoir dix-sept ans ?
- Dix-sept ans ? D'où tu sors toi ? T'es rigolote.
- Je sais.

Bellatrix porta son attention sur les hommes autour d'elle, réfléchissant à une façon de les attirer hors du pub, hors de vue. Le serveur lui tendit un long verre rempli d'une épaisse crème rouge.

- Cela fera dix livres.
- Dix quoi ?
- Dix livres, miss. T'es pas d'ici, hein ?
- Euh...non.
- J'en étais sûr ! avec ce style, tu pouvais pas être d'ici. Tu viens d'où ?
- Paris, répondit Bellatrix machinalement.
- Ah ouais ? T'as un super bon accent anglais.
- Ok.

L'homme à la droite de Bellatrix se tourna alors vers eux.

- Tiens, Alfred. Je paye pour la petite. Laisse-la un peu veux-tu ? Elle ne veut pas te parler.
- Qu'est-ce qui te dit qu'elle veut pas me parler Winston ? répondit le serveur en tendant la main pour récupérer la monnaie.

Winston leva les yeux au ciel en émettant un rire aussi gras que lui, puis regarda Bellatrix.

- Et si on allait s'asseoir confortablement à une table, mademoiselle ? lui demanda Winston en lui adressant un regard avide.

Bellatrix frémit de dégoût, mais acquiesça. Elle le suivit jusqu'à une table éloignée, et l'homme alluma un cigarre épais. Bellatrix manqua de s'étouffer quand il souffla une épaisse fumée grise vers elle.

- Alors comment elle s'appelle la jolie demoiselle ?
- Bellatrix.
- Bellatrix ? C'est original, j'ai jamais entendu un tel prénom. J'ai jamais vu une beauté pareille non plus d'ailleurs.

La sorcière resta muette, tâchant de figurer une solution pour sortir de cet Enfer le plus rapidement possible avec sa proie.

- Et t'as quelqu'un dans la vie, Bellatrix ?

La brune regarda l'homme devant elle. Il devait bien avoir une cinquantaine d'années. Il avait des cheveux rares et grisonnants, un ventre énorme et une peau rougeâtre. Il sentait mauvais, ses ongles étaient sales.

- C'est compliqué.
- Tu veux t'amuser, hein ? On peut s'amuser tous les deux si tu veux. Pour fêter la nouvelle année.
- Oh croyez-moi, vous allez la fêter, cette nouvelle année, répondit Bellatrix en forçant un sourire.
- Mais c'est qu'elle est coquine la petite. Eh, Charles, viens voir un peu !

Un autre homme arriva. Il avait le même genre de physique de son camarade.

- Mon amie Bellatrix veut faire la fête ce soir. Si on allait chez toi ?

Charles plissa les yeux et regarda Bellatrix en se passant la langue sur les lèvres.

- Boh, y'a pas beaucoup de place mais on peut se serrer, hein ma belle ?
- Je suis sûre que nous trouverons un arrangement, répondit Bellatrix d'une voix posée.
- Audacieuse. J'aime ça. Et si on y allait maintenant ? Mademoiselle Bellatrix, proposa Charles en lui tendant la main.

Bellatrix hésita, puis saisit la main du moldu en réprimant une violente nausée. Lorsqu'ils sortirent du pub, les rues étaient désertes et la nuit était noire. La sorcière suivit les hommes jusqu'à une vieille automobile abimée, et monta dedans après eux. Quand Winston ferma sa portière, son ami n'eut pas le temps de tourner la clef pour faire démarrer le moteur que Bellatrix avait déjà sa baguette sur eux.

- Impero.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant