Rupture

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Bellatrix s'empressa de transplaner à Little Hangleton lorsque l'heure arriva. Quand elle entra dans la maison, elle fut soulagée de voir que le feu brûlait dans la cheminée, et que Lord Voldemort était encore là.

- Approche, Bella, dit le mage noir sans se retourner.

La sorcière obéit, et prit place en face de son Maître comme il le lui indiqua.

- Qu'as-tu entendu, la dernière fois ?

Bellatrix se figea, et déglutit bruyamment.

- Hum... j'ai entendu Rogue parler d'une prophétie...et vous avez parlé d'un enfant...et aussi des Londubat, balbutia la brune.

Lord Voldemort continua de regarder les flammes se consumer en silence, l'air de réfléchir. Bellatrix se pencha vers lui.

- Je tiens à vous présenter à nouveau mes excuses, Maître, c'était un comportement absolument dépla...
- Assez, Bellatrix. Cela est fait.
- Allez-vous effacer ma mémoire ? demanda la mangemort.
- Non. Je ne crois pas que cela soit nécessaire.

Il y eut à nouveau un silence. Mal à l'aise, Bellatrix changea de position, tout en gardant son regard braqué sur le Seigneur des Ténèbres.

- La prophétie référait à un enfant né à la fin du septième moi, un enfant né d'un couple qui m'aurait par trois fois défié, et qui aurait le pouvoir de me défaire.
- Cela n'a aucun sens. Personne n'a le pouvoir d'arrêter le plus grand sorcier de tous les temps, et surtout pas un enfant, rétorqua Bellatrix.
- Il faut rester très prudent avec les prophéties, Bella... j'éliminerai l'enfant, par précaution.
- L'enfant des Londubat, Maître ?

Voldemort prit une profonde inspiration, et passa la langue sur sa lèvre.

- Non.

Bellatrix n'osa pas poser de question, bien qu'une en particulier lui brûlait les lèvres. Voldemort lui lança un coup d'œil et eut un léger sourire.

- Celui des Potter. D'après mes informations, Lily Potter a eu un fils le 31 juillet. L'enfant est un sang-mêlé, né de deux membres de l'Ordre du Phénix. Quand l'heure viendra, je les retrouverai, et les éliminerai.
- Pourquoi pas maintenant, mon Seigneur ?
- Nos rangs sont affaiblis, les leurs gagnent de la confiance. Il nous faudra les remettre à leur place, semer le doute et la terreur plus que jamais avant que je ne me débarrasse des Potter. Ce sera le coup de grâce, puis nous renverserons une bonne fois pour toute le gouvernement, et le monde sorcier britannique sera à moi.

Les yeux de Bellatrix pétillaient alors qu'elle buvait les mots de son Maître. Elle le voyait déjà au sommet du monde, dominant tous les autres sorciers, et elle s'imaginait à ses côtés, pour toujours.
Lord Voldemort contempla à son tour sa fidèle servante, et sembla décider qu'il était temps de proprement fêter son anniversaire, car il eut tôt fait de l'emmener jusqu'à la chambre.

Une heure plus tard, les deux étaient allongés dans le large lit à l'étage, encore essoufflés. Bellatrix regardait Voldemort, et Voldemort regardait le plafond. Le mage noir, pour quelque raison, semblait particulièrement troublé. La sorcière, elle, était encore euphorique.

- L'avez-vous toujours su ?

Le Seigneur des Ténèbres tourna la tête vers Bellatrix et haussa un sourcil interrogateur.

- Que vous alliez devenir ce que vous êtes aujourd'hui ?
- Plus ou moins, répondit-il d'une voix calme. J'ai toujours su que j'étais extraordinaire. Quand je suis arrivé à Poudlard, la plupart des professeurs savaient que je dépassais largement le niveau des autres élèves, et me voyaient déjà à la tête du gouvernement, au service du Ministère de la Magie. Mais tous ignoraient que mes ambitions étaient...légèrement différentes. Tous, sauf un.
- Dumbledore ?
- Oui, Bella. Albus Dumbledore s'est toujours méfié de moi. Il ne m'a jamais apprécié, même lorsque je n'étais qu'un enfant. Heureusement pour moi, je n'ai jamais eu besoin de son aide. Je me suis construit seul. Toute ma puissance, je ne la dois qu'à moi même, et Albus ne supporte pas cela. Il croit qu'une seule façade de la magie est faite pour être explorée, mais il se trompe. La magie noire n'est pas notre ennemie, elle est ce qui fait de nous des êtres exceptionnels. Il ne supporte pas que certains sorciers osent pleinement embrasser cette aspect de nos pouvoirs pour devenir plus puissants, peut-être même plus puissants que lui. Albus est un lâche et nous, Bella...nous bâtirons un monde sans lâches et sans traitres.

Les yeux de Bellatrix étaient brillants d'émotion alors qu'elle écoutait son Maître référer à un « nous » qu'elle adorait entendre. Plus encore, elle aimait l'écouter parler de son enfance. Elle savait si peu de choses sur son passé que le moindre détail qu'il dégnait lui apporter provoquait chez elle une vague de joie immense.

- Comment était-ce, pour vous, d'arriver à Poudlard ? osa demander Bellatrix.

Lord Voldemort sembla hésiter répondre à la question. Cela semblait bien trop intime. Il n'avait jamais abordé le sujet avec quiconque. Sa jeunesse n'était pas son sujet de conversation préféré. D'ailleurs, en règle général, le mage noir ne s'embêtait pas à faire la conversation à autrui.

- Disons que j'ai tout de suite su que là était ma place, répondit-il les dents serrées. Même si arriver à Serpentard en temps que sang-mêlé n'était pas la chose la plus aisée du monde.

Les deux eurent alors un léger sourire, et Bellatrix repensa à la fois où elle avait traité Rogue « d'infâme sang-mêlé » devant son Maître. Quelle idiote elle avait été...

- Aviez-vous beaucoup d'amis ?
- Non. Nouer des liens avec les autres élèves n'était pas ma priorité.
- Moi non plus.
- Je sais, Bella.
- Et les Chevaliers de Walpurgis alors ?

Voldemort se redressa machinalement, et se mit à fixer le mur d'en face, la machoire contractée et le regard sombre. Il y eut un long silence, puis il soupira.

- Les Chevaliers de Walpurgis étaient un club secret. J'avais rassemblé quelques sorciers, dont tu connais sûrement les noms, afin que l'on puisse étudier la magie noire en paix, et s'entrainer aux duels.
- Était-ce les premiers mangemorts ?
- En quelque sorte. Mais tous n'ont pas rejoint mes rangs lorsque je suis revenu. La plupart n'étaient que des soutiens financiers.
- Comme mon père.
- Comme ton père, oui.
- Et...est-il vrai qu'il y avait une fille ? un membre secret ?
- Tu es bien trop curieuse, Bellatrix, répondit immédiatement Lord Voldemort d'un ton sec.
- Je vous prie de m'excuser, Maître, bredouilla la brune.

Le Seigneur des Ténèbres se tourna lentement vers elle, et posa sa longue main fine sur sa joue pour doucement caresser sa pommette avec son pouce.

- Elle s'appelait Bianca Selwyn. C'était une sorcière formidable, aussi belle et aussi douée que toi, avec un talent pour les arts obscurs qui reste inégalé à ce jour.
- Oh...
- Bianca Selwyn était elle aussi très curieuse. Cela lui a coûté la vie.

Il avait retiré sa main en disant ces mots, et fixait maintenant Bellatrix avec un regard plus froid que la glace. Bellatrix, elle, était à présent terrorisée. Voldemort continua de la fixer, puis son regard se balada le long de son corps, et il finit par sourire légèrement.

- Je ne vais pas te tuer pour des questions idiotes, dit le mage noir en secouant la tête. Ta présence à mes côtés m'est...

Il s'arrêta pour chercher ses mots, et le cœur de Bellatrix s'accéléra.

- Utile.

La sorcière parut déçue, et Lord Voldemort estima qu'il était temps pour elle de rentrer au Château Lestrange. Elle alla alors se rhabiller rapidement, salua son Maître, et disparut dans la pénombre.


****


19 novembre 1980, Château Lestrange.


Quand Bellatrix arriva, la demeure des Lestrange était silencieuse. Il faisait encore nuit noire, bien que le petit matin était déjà bien présent. La sorcière se dirigea vers ses appartements quand un bruit attira son attention de l'autre côté du couloir, là où se trouvait la suite de son époux. Intriguée, Bellatrix se dirigea dans cette direction, et plus elle approchait, plus elle réussissait à identifier le bruit en question. C'était des gémissements. Arrivée devant la porte, Bellatrix retint son souffle, tétanisée. Sans un bruit, elle la déverrouilla, et entra discrètement dans le boudoir avant de tourner à gauche, vers la chambre. Les cris étaient de plus en plus fort, et il était désormais évident que Rodulphus n'était pas seul. La porte de la chambre n'était qu'entrabaillée, et la brune n'eut qu'à la pousser pour découvrir le spectacle horrifiant qui s'offrait à elle.

D'abord, elle voulu crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Puis, elle voulu s'énerver, mais tout ce qui lui vint fut un énorme fou rire.

Devant elle se trouvaient Rodulphus Lestrange, Lucius Malefoy et Alecto Carrow. Aucun ne portait de vêtements, et Bellatrix venait visiblement d'interrompre quelque chose.
Quand les trois entendirent son rire hystérique, ils sursautèrent si fort qu'ils manquèrent de tomber du lit. Lucius était devenu rouge écarlate et se rhabilla plus vite que la lumière. Alecto, elle, avait plongé sous les draps, et on ne voyait plus que ses petits yeux qui guettaient terrorisés la prochaine action de Bellatrix. Rodulphus lui, était paralysé, et se tenait nu et honteux devant sa femme, la bouche ouverte, stupéfait.

- Mais...mais...je croyais que tu...
- Ne rentrais pas ce soir ? répondit Bellatrix en continuant à rire. Désolée d'être rentrée chez moi.

Lucius voulu profiter de cet instant pour s'éclipser, mais Bellatrix l'attrapa par le col.

- On aura notre conversation plus tard, Malefoy, siffla Bellatrix en lui jetant un regard noir avant de le relâcher brusquement.

Lucius voulu répondre, mais se résigna et sortit de la suite comme un voleur. Bellatrix braqua son regard sur Alecto, et recommença à rire. Elle riait tellement qu'elle en avait mal aux joues et se tenait les côtes comme si elle manquait d'air. Rodulphus parut agacé par la réaction de son épouse, et soupira bruyamment.

- Bon, c'est bon Bella. On n'est même pas vraiment en couple.
- Alecto et Lucius ? répondit Bellatrix, toujours hilare. T'es pédé maintenant ?
- Ne dis pas ce mot, siffla Rodulphus.
- T'aimes les queues Dolph ? et les grosses ? T'aimes ça quand ça bouge de partout quand tu la prends par derrière ? Fallait me le dire, je me serais goinfrée à chaque repas.
- Ferme-la, gronda Rodulphus.
- Regarde-toi, tu es pitoyable.

Bellatrix repartit dans un fou-rire, et essuya une larme qui s'était formée au coin de son œil.

- J'ai épousé un homo...
- FERME LA.

Rodulphus s'était approché de Bellatrix, et venait de la pousser violemment contre le mur. Alecto, elle, cherchait ses affaires, paniquée, sentant que le vent venait soudainement de tourner. En même temps, Bellatrix avait saisi sa baguette et assénait un violent coup de pied à Rodulphus pour le repousser, avant de lui lancer un sortilège de paralysie. Dans la seconde, elle en envoya un second, cette fois-ci à Alecto, qui se mit à saigner abondement.

- DEHORS ! hurla-t-elle. DÉGAGE DE MA MAISON SALE PUTE RÉPUGNANTE.

Carrow, en pleine agonie, eut tellement peur qu'elle trouva la force de prendre le chemin de la sortie, laissant derrière elle des trainées écarlates. Désormais, Bellatrix tremblait de rage. Elle s'accroupit devant Rodulphus, qui était incapable du moindre mouvement, et se mit ensuite à califourchon au-dessus de lui.

- Que tu fasses un gosse que tu verras jamais dans mon dos est une chose, que tu te fasses des tapins à Pré-au-Lard le week-end, passe encore. Le fait que tu oses toucher cette salope d'Alecto est insultant, mais plus pour toi que pour moi si tu veux savoir. Mais Lucius, Lucius putain de merde, espèce de sombre abruti. LUCIUS MALEFOY EST MARIÉ À MA SŒUR GROS CONNARD ÉGOÏSTE ! Ils viennent d'avoir un enfant !

L'absence de réponse rendit Bellatrix encore plus folle de rage, et elle murmura une formule pour réveiller son époux.

- C'est pas ce que tu crois...murmura difficilement Rodulphus.
- Non, c'est ce que j'ai vu, siffla Bellatrix en se relevant d'un coup. Et toi, Dolph, je ne veux plus te voir.
- Bella, attend...

Il était trop tard. Bellatrix Lestrange avait déjà tourné les talons, et lorsque le soleil se leva, elle avait disparut du Château Lestrange.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant