Tricotin.

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Narcissa était assise dans la Salle Commune de Serpentard. Lucius, Rabastan, Maisie et Dahlia ne tardèrent pas à arriver pour retrouver leur amie dans un état second. La jeune Black était encore plus pâle qu'à l'habitude, son regard était éteint et sa jambe tressautait nerveusement.

- Quelque chose ne va pas, Cissy ? demanda Dahlia en s'asseyant à côté d'elle l'air inquiet.
- J'ai lancé un sortilège à McLaggen, répondit la blonde à toute vitesse, incapable de garder son erreur pour elle plus longtemps.
- C'est pour cela que tu es aussi mal ? ricana Lucius. Allons, je suis sûr que cet imbécile a eu ce qu'il méritait. Quel sort ?
- Hematemesis, répondit Narcissa le souffle court.
- Génial ! s'exclama Maisie avec des yeux pétillants de malice. Vraiment Cissy, c'est brillant !
- Je vais me faire renvoyer de Poudlard, répondit la jeune Black d'une voix blanche, la gorge nouée.
- Ne dis pas de bêtise, rétorqua Rabastan. Ta sœur a mis le feu à la salle de divination en troisième année et elle n'a eu qu'une semaine de retenue. Tu ne vas pas être renvoyée pour avoir fait vomir du sang à un abruti comme McLaggen.

Lucius regardait son amie en plissant les yeux, l'air grave.

- Qu'est ce qu'il t'a fait, Cissy ?
- Il... j'étais dans la volière pour...tu sais...envoyer une lettre à Bellatrix.

Les yeux du jeune Malefoy s'écarquillèrent alors qu'il réalisait la gravité de la situation.

- A-t-il vu le contenu de la lettre ?

Narcissa hocha la tête en silence, retenant ses larmes. Elle vit Lucius serrer si fort ses poingts que ses phalanges blanchirent soudainement.

- Cissy, s'ils disent quelque chose...
- Je sais ! s'écria Narcissa. Je sais pertinemment ce qui lui arrivera si jamais ces garçons parlent.

Les autres ne semblaient pas tout suivre, mais étaient pourtant presque aussi alarmés que leurs amis. Lucius prit une profonde inspiration.

- Lestrange, va chercher Zabini, ordonna le jeune blond d'un ton sec en se tournant ensuite vers son amie. Cissy, ne t'en fais pas. Ces bons à rien ne diront rien. Nous veillerons à ce qu'aucun mot ne sorte de leur bouche.
- Et s'ils avaient déjà prévenu quelqu'un ? demanda Narcissa la bouche sèche.

Lucius resta muet, les dents serrées, le regard fuyant. Dahlia posa une main bienveillante sur l'épaule de la benjamine Black.

- Ne t'en fais pas Cissy. Cela n'est pas arrivé il y a longtemps. Je suis sûre que personne...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que le professeur Slughorn entrait en trombe dans la Salle Commune des Serpentards.

- Narcissa Black ! Dans mon bureau. Immédiatement.


****


- Comment avez-vous pu penser ne serait qu'une seule seconde à faire une chose pareille ? C'est grave, mademoiselle Black, très grave, dit Horace Slughorn qui était hors de lui. Je ne comprends pas, vous avez toujours été une élève exemplaire ! Qu'est ce qui vous a pris ?

Narcissa restait muette face au directeur de la maison Serpentard. Celui-ci, debout face à elle, faisait les cents pas et fulminait.

- Ce pauvre Tiberius, il est à l'infirmerie à l'heure qu'il est ! Madame Pomfresh était tout bonnement scandalisée ! Un sortilège pareil ! Où avez vous appris une telle chose ? Non, non je ne veux pas le savoir. Cela va vous coûter très cher, mademoiselle Black, très cher.

La jeune sorcière luttait pour ne pas fondre en larmes devant le professeur. Elle redoutait qu'il ne décide de la renvoyer, ou pire encore ; que McLaggen ait raconté ce qu'il avait lu.

- Nous avons interrogé le jeune garçon, mais il était incapable de prononcer un mot. Pas un seul ! Sa gorge était trop enflammée, trop douloureuse ! Vous rendez-vous compte ? Mademoiselle Black, c'est très grave !
- Il n'a pas parlé ? demanda Narcissa qui commençait à regagner espoir.
- Comment...est-ce là tout ce qui vous inquiète jeune fille ? gronda Slughorn.
- Non, non, bien sûr que non professeur, bredouilla la blonde. Je regrette profondément mon acte. J'ai agis sous l'impulsion je... je suis désolée.
- Que s'est-il passé pour que vous soyez poussée à utiliser un sortilège aussi offensif ? Je vous connais, mademoiselle Black, et ce n'est pas du tout votre genre ! s'exclama Horace d'une voix aigüe.
- Monsieur, j'ignore ce qui m'a pris. McLaggen et ses amis m'importunaient et ne voulaient pas me laisser partir. J'étais seule et incapable de me défendre. J'ai paniqué, et c'est le premier sort qui m'est venu à l'esprit.
- Enfin Narcissa, il y a d'autres moyens de se défendre ! Par la barbe de Merlin, je croirais avoir votre sœur Bellatrix devant moi ! Ne me dites pas que vous comptez suivre sa voix ? Une brillante élève votre sœur, mais un comportement des plus déplorables ! des plus déplorables !
- Non, monsieur. C'était un accident, murmura Narcissa.
- Sachez, mademoiselle, que je vais être dans l'obligation d'enlever des points à la maison Serpentard pour ce que vous avez fait. Vous allez aussi recevoir un mois de retenue, et une lettre d'excuse adressée au jeune McLaggen est vivement souhaitée, répliqua Slughorn.

Narcissa poussa un soupir de soulagement. Elle n'allait pas être renvoyée.

- Bien professeur. Je ferai ce qui est en mon possible pour racheter mon erreur.
- Je l'espère, mademoiselle Black, je l'espère ! Bien, maintenant, le professeur Dumbledore a insisté pour que vous alliez le voir dans son bureau. Il veut en savoir plus sur ce qu'il s'est passé. Vous y rendez-vous seule ou avez-vous besoin que je vous accompagne ?
- J'irai seule, professeur. Merci, dit Narcissa dans un soupir.

La blonde sortit du bureau d'Horace Slughorn le cœur battant. En traversant les couloirs, elle entendit des voix résonner entre les murs. Quand elle reconnu le ton froid de Lucius, elle s'y dirigea d'un pas rapide.

- ...un seul mot sur ce qui s'est passé et je crains qu'il n'arrive de choses terribles à vos proches. Vous ne voudriez pas qu'il leur arrive malheur, non ? Perks, tu vis avec ta grand-mère, je me trompe ? Et toi, Finnigan, tes parents attendent un autre enfant, non ?

Narcissa observa de loin Malefoy, Rabastan et Zabini confronter les deux Gryffondors qui semblaient absolument terrorisés. Lucius l'aperçut, et lui fit un discret signe de la tête, lui assurant ainsi qu'il avait les choses en mains. Elle lui murmura un remerciement qu'il lut sur ses lèvres, et continua son chemin vers le bureau du directeur.
Quand elle arriva devant l'hideuse gargouille de pierre qui en gardait l'entrée, elle prononça le mot de passe « tricotin » et celle-ci s'anima, faisant un pas sur le côté pour dévoiler l'accès à un escaler en colimaçon mobile sur lequel Narcissa grimpa. Lorsqu'elle arriva devant la porte de chêne, elle prit une profonde inspiration et leva le heurtoir pour toquer à la porte. Elle entendit un « entrez » et avança alors dans le bureau. Il s'agissait d'une grande pièce circulaire, remplie de curieux instruments en argent qui faisaient un bourdonnement étrange. Elle vit aussi, en haut d'une étagère, l'ancestral Choixpeau Magique qui l'avait envoyée à Serpentard il y a des années.

- Ah, miss Black. Je me doutais que vous ne tarderiez pas.

Elle leva les yeux et vit Albus Dumbledore qui se tenait derrière la rambarde d'une mezzanine. Il descendit des petits escaliers de métal pour s'approcher de la sorcière.

- Black ? Quelqu'un a dit Black ? fit une voix qui semblait se détacher d'un mur. Oh mais c'est notre Narcissa. Que faites-vous ici jeune fille ?

La blonde tourna la tête vers le tableau imposant où était peint son ancêtre.

- Phinéas, je crains que votre descendante et moi aillons besoin d'une conversation privée. Je suis sûr que vous deux pourrez avoir une joyeuse conversation lorsque mademoiselle Black se rendra au 12, square Grimmaurd, répondit Dumbledore avec un sourire.

Phinéas Nigellus Black grommela quelque chose d'incompréhensible et disparut de son tableau, laissant un fond vide et sombre derrière lui.

- Bien. Un chocogrenouille ? proposa Dumbledore en désignant un bol rempli de sucreries.
- Non merci, professeur.
- Asseyez-vous, Narcissa, fit le directeur d'une voix douce.

La sorcière prit place sur la chaise en face du bureau derrière lequel Albus s'assit à son tour en portant un chocogrenouille à sa bouche.

- Délicieux. Cela faisait longtemps que je n'avais pas goûté ces adorables gourmandises.

Narcissa ne savait pas quoi répondre à cela. Elle observa en silence le directeur finir sa bouchée, puis détourna le regard lorsqu'il la regarda par dessus ses lunettes en forme de demi-lune.

- Narcissa, vous vous doutez que je suis au courant pour l'histoire avec le jeune McLaggen, n'est ce pas ?
- Oui, professeur.
- Vous savez aussi que ce que vous avez fait est extrêmement grave.
- Oui, professeur.
- Vous n'êtes pas une mauvaise personne, Narcissa. Parfois lorsqu'on se sent acculé, lorsque la pression est trop grande, il nous est difficile de faire le bon choix. Je crois que la panique, la peur, ont guidé votre action plus que la volonté d'infliger de la douleur à votre camarade. Ai-je tort de penser cela ?
- Non, professeur.
- Voyez-vous, quelque chose me dit que ni vous ni le jeune Tiberius ou même ses deux amis qui ont assisté à la scène ne me direz ce qu'il s'est réellement passé dans la volière. Néanmoins, je me permets d'insister, car j'aimerai que vous puissiez avoir assez confiance en vous pour me prévenir d'un danger qui vous guette ou qui guetterai vos proches. Alors je vais vous poser cette simple question, Narcissa, et j'espère que vous trouverez la force de me répondre. Pourquoi avoir lancé ce sortilège à Tiberius ?
- Il m'importunait, professeur.
- Êtes-vous certaine qu'il ne s'agissait que de cela ?
- Oui.
- Je crois que vous vous apprêtiez à envoyer une lettre à votre sœur aînée, n'est ce pas ? Comment se porte Bellatrix ?

Narcissa sentit toutes ses couleurs la quitter soudainement et son souffle se coupa. Elle avala difficilement sa salive avant de répondre.

- Bellatrix se porte bien.

Dumbledore la regardait avec bienveillance désormais, mais la jeune Black se sentait horriblement mal à l'aise face à cette attitude, et était plus fermée que jamais.

- Votre sœur était une sorcière brillante, vraiment. J'ai souvenir de rapports que me faisait le professeur Slughorn qui était chaque fois émerveillé par ses prouesses en cours de potion... j'imagine que Bellatrix doit être un véritable modèle pour vous, Narcissa.
- Je n'ose pas prétendre pouvoir un jour égaler les talents de ma sœur, professeur.
- Oh je suis sûr que vous vous suffisez très largement à vous-même. Vous êtes une très bonne élève, je suis au courant.

Il laissa planer un silence mystérieux et observa le coucher de soleil à travers les grands vitraux.

- Vous n'êtes pas comme votre sœur, Narcissa, et vous n'avez pas à l'être. J'ai malgré tout l'intime conviction que tout le monde peut se racheter. La rédemption n'est jamais très loin derrière la terreur. Je me rappelle avoir parlé à Bellatrix de l'importance des choix, lorsqu'elle était elle-même en dernière année ici, à Poudlard. J'ai eu, à vrai dire, une conversation similaire avec un autre élève de la maison Serpentard il y a plusieurs décennies. Malheureusement, l'élève en question a fait tous les mauvais choix du monde, et je crains qu'il soit déjà tard pour lui. Mais vous et votre sœur êtes jeunes, douées, et encore animées par un désir profond de faire ce qui est juste. Narcissa, vous et moi savons ce qui se prépare dans l'ombre. Les Ténèbres gagnent du terrain chaque seconde, chaque minute qui passe. Je ne saurais que vous conseiller de vous accrocher ardemment à la lumière.

Narcissa hocha lentement la tête, assimilant peu à peu les mots du directeur. Il ne semblait pas vouloir du mal à Bellatrix. Au contraire, il paraissait vouloir lui accorder une seconde chance. Une chance de « faire ce qui est juste ». Puisque la conversation semblait terminée, la jeune sorcière se leva et salua Albus Dumbledore avant de gagner les dortoirs. Elle était soulagée, et ne put s'empêcher de sourire légèrement en pensant que Dumbledore n'avait pas tout à faire tort. Bellatrix ferait toujours ce qui semblait juste. Seulement, la définition du mot variait énormément d'un point à l'autre.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant