Dernière chance

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Après que le Seigneur des Ténèbres lui ai apposé la marque, il avait informé Bellatrix qu'elle devait absolument la garder secrète jusqu'à ce qu'il décide de la présenter aux yeux de tous comme sa mangemort, et elle avait transplané chez son père. Elle s'était finalement endormie, après s'être battue pour fermer l'œil durant plusieurs heures. À sa grande surprise, personne ne vint la réveiller le lendemain matin. Elle émergea de son sommeil aux alentours de midi et se dépêcha de se préparer avant de descendre rejoindre les autres qui devaient être en train de déjeuner.
Druella regarda sa fille prendre place en bout de table avec un air surpris.

- Bellatrix ! Nous ne savions pas que vous étiez là.
- Pourquoi serais-je absente ? demanda la brune avant de se rappeler qu'elle n'était rentrée qu'à deux heures du matin, sans prévenir personne. Oh...oui. Désolée pour ça.

Elle se servit une part d'omelette sous le regard anxieux de son père. Celui-ci se racla la gorge.

- Alors ? Dit-il. Que voulais le Seigneur des Ténèbres ?
- Je suis désolée, père, mais je crains que cela ne soit pas vos affaires, répondit Bellatrix d'un air hautain.
- Vous n'avez tout de même pas...enfin...vous êtes déjà fiancée, Bellatrix. Vous vous mariez dans deux jours, dit Druella avec un brin d'inquiétude.
- Mère ! s'indigna la sorcière. Assez avec votre interrogatoire, vous deux ! Cela devient ridicule ! Je n'ai plus faim, vous m'excuserez, dit Bellatrix en sortant de table.

Bellatrix se dirigea vers le jardin d'un pas rapide. Elle était à la fois contrariée et amusée par la suggestion de sa mère. C'était de la pure folie, d'imaginer que cela puisse un jour arriver. Elle et le Seigneur des Ténèbres. N'importe quoi, même pas dans ses rêves les plus fous. Elle pressa son avant bras gauche d'un air rêveur, savourant la douleur provoquée par la marque encore fraîche sous sa manche. Elle s'assit sur un banc au soleil et ferma les yeux, imaginant avec précision ce que Druella avait questionné quelques instants plus tôt. Elle pensa au mage noir qui se penchait au-dessus d'elle pour l'embrasser, qui passait sa main au bas de son dos pour l'attirer contre lui, qui défaisait son corset pour mieux enlever sa robe, qui...

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Bellatrix sursauta et ouvrit les yeux pour découvrir Narcissa qui se tenait debout devant elle en fronçant les sourcils, éblouie par le soleil.

- Tu vas pas commencer toi aussi, grommela la brune.
- Mais sérieusement, tu aurais pu me le dire si tu voyais quelqu'un. Surtout quelqu'un comme lui, murmura Narcissa.
- Tu peux parler toi, avec ton Malefoy.

Narcissa vira au rouge écarlate.

- Lucius et moi sommes juste de bons amis, rétorqua-t-elle vivement.
- Pas à moi, Cissy, pas à moi, dit Bellatrix en secouant la tête, amusée. Peu importe. Tu te doutes bien qu'il ne se passe rien de la sorte entre le Maître et moi. Il n'a pas le temps pour de telles futilités. C'est un leader politique, pas un ado en chaleur.
- Alors qu'est-ce que tu as fait toute la nuit avec lui ? C'est tout de même étrange que tu disparaisses ainsi de longues heures avec un homme que tu connais à peine. Et puis...il a plus du double de ton âge...il est encore plus vieux que père.
- Ce ne sont pas tes affaires ! répliqua la brune, visiblement vexée. Je ne peux rien te dire pour l'instant. Mais sors de ta tête toutes tes idées farfelues absolument déplacées. Je le répète, il n'y a rien entre lui et moi, ajouta-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
- Si tu le dis.

Narcissa s'assit à côté de son ainée et sortit une lettre de sa poche.

- C'est arrivé par hiboux pour toi ce matin. De la part de Rodulphus.
- Hmm. Fais voir, dit Bellatrix en saisissant le papier.


Chère Bellatrix,

Tout est prêt pour le mariage. Nos mères ont tout planifié, je doute que tu y aies prêté beaucoup d'attention mais je tenais à te rassurer au cas où tu t'inquièterais. Il ne manque plus qu'un détail à régler pour lequel ta présence est requise. Tu devras te rendre chez la couturière pour essayer deux modèles de robes que nous avons fait faire pour l'occasion chez Carter's, sur le Chemin de Traverse.
Tâche d'être disponible cet après-midi à quatorze heure. Ma mère viendra vous accompagnera, elle tient à assister aux essayages. Cela ne m'étonnerait pas si elle était plus excitée que toi à l'idée de découvrir les robes.
J'ai hâte de te voir toute vêtue de blanc,

Rodulphus Lestrange.


Bellatrix referma la lettre en grimaçant. La vision d'elle-même dans une robe de mariée la dégoutait au plus haut point. Narcissa la regardait avec attention, un sourire au coin des lèvres.

- Alors ? Qu'est ce qu'il raconte ?
- Je dois essayer des robes chez Carter's cet après midi avec Mérida, soupira Bellatrix.
- Carter's ? Mais c'est génial ? C'est le meilleur couturier d'Angleterre ! Oh quelle chance tu as Bellatrix ! Une robe de chez Carter's ! C'est mon rêve !

La brune écouta sa cadette s'émerveiller d'un air incrédule. Elles étaient si différentes l'une de l'autre... Cissy ferait une femme au foyer admirable, il était certain. Elle rêvait du mariage parfait, avec une maison parfaite, un mari parfait et sûrement une ribambelle d'enfants blonds parfaits. Bellatrix, elle, n'en avait que faire. Plus encore, l'idée même du mariage la repoussait. Elle était faite pour se battre, pour être réellement utile. Elle ne voulait pas finir comme sa mère, comme sa tante ou comme toutes les femmes de sang pur qu'elle connaissait. Il n'y avait qu'une personne qui avait jamais compris la jeune sorcière, mais il était impossible à Bellatrix de lui adresser la parole désormais. Andromeda ne faisait plus réellement partie de sa vie depuis le dernier trajet à bord du Poudlard Express. Si seulement elle n'avait pas surpris sa sœur en train de lire ce maudit livre...

****

Bellatrix fut prête juste à temps pour l'arrivée de Mérida au manoir. Druella et elle frétillaient d'impatience tandis que Bellatrix traînait le pas.

- Quelle journée merveilleuse ! s'exclama Mérida.

La brune tâcha de ne pas lever les yeux au ciel alors qu'elle prenait une poignée de poudre de cheminette. Elle s'installa au centre de la cheminée qui trônait dans la pièce principale et énonça distinctement « Chemin de Traverse » avant de disparaître dans les flammes vertes.

Les trois sorcières arrivèrent chez Carter's quelques minutes plus tard. La boutique luxueuse s'étalait sur deux étages, des robes blanches somptueuses étaient rangées le long des murs. Les deux mères étaient émues en regardant Bellatrix avancer vers une vieille dame aux cheveux gris. Lorsque cette dernière l'aperçu, elle lui lança un grand sourire et lui tendit la main.

- Mademoiselle Black ! Nous vous attendions. Votre fiancé nous a fait parvenir des croquis divins, nous avons réalisé les pièces le mieux possible. Nous tâchons de ne présenter que l'excellence à nos clients. Comme vous savez, la maison Carter est la maison la plus réputée en matière de mariage.
- Rodulphus a fait les croquis ? s'étonna Bellatrix en suivant la dame au fond de la boutique.
- Oui, oui mademoiselle. Monsieur Lestrange est très doué, ne le saviez-vous pas ?
- Non, murmura Bellatrix. Je l'ignorais.

Les sorcières arrivèrent dans une pièce privée où se trouvaient deux sofas et un portant sur lequel étaient pendues deux larges housses. Druella et Mérida s'assirent et observèrent la vendeuse défaire les housses pour révéler les deux robes dessinées par Rodulphus. Bellatrix s'en approcha, muette, et les effleura du bout des doigts. Elle était estomaquée devant la délicatesse des coutures, devant le travail fourni pour donner une forme majestueuse aux tissus. Jamais elle n'aurait pu deviner que Rodulphus fut capable d'imaginer pareille perfection. Elle qui n'avait jamais été intéressée par la mode devait avouer qu'il s'agissait là d'un travail impressionnant, d'autant plus que les deux robes étaient à son goût. Elles étaient simples, mais nobles. L'une était près du corps, avec une jupe fluide de satin et des manches longues et volantes en dentelle fine. L'autre avait un long jupon de tulles surmontés de broderies, mais pas trop bouffant, et un décolleté en forme de cœur qui laissait ses épaules et bras nus. Bellatrix passa les deux sous le regard émerveillé de sa mère et de sa future belle-mère.

- Je n'arrive pas à croire que ma fille aînée va se marier, dit Druella les larmes aux yeux, en reniflant bruyamment.
- Vous êtes magnifique Bellatrix...mon fils a tellement de chance. J'ai tellement de chance, ajouta Mérida.

Bellatrix ne répondit rien, bien trop gênée pour prononcer un mot. Elle voulait juste en finir avec cette séance d'essayage.

- Je préfère la première, avec les manches, déclara-t-elle enfin.

Elle avait fait très attention à bien cacher sa marque lorsqu'elle avait vêtu la robe bustier. La couche de fond de teint qu'elle avait emprunté à sa sœur en début d'après-midi cachait suffisamment l'ombre du serpent mais elle ne voulait pas risquer de la montrer trop tôt.

- Très bon choix mademoiselle Black. Elle vous va à ravir, répondit la vendeuse. Il faudra peut-être resserrer un peu la taille, vous êtes plus fine que prévu. Puis-je prendre de rapides mesures ? Cela peut être fait en quelques minutes. Vous repartirez avec la robe de vos rêves aujourd'hui, soyez-en sûre.
- La robe de mes rêves, railla Bellatrix, ce qui déstabilisa un peu la vendeuse. Faites donc.

La vieille dame s'exécuta et, comme elle l'avait assuré, le travail fut fait en cinq petites minutes. Bellatrix, Mérida et Druella la suivirent ensuite jusqu'à la caisse. La vendeuse replaça la robe dans la housse avec une infinie précaution et enfila une paire de lunette pour lire la facture.

- Alors... laissez moi regarder ça... il vous fallait autre chose ?
- Non, je vous remercie, répondit Druella en ouvrant son sac.
- Bien. Cela fera un total de 1200 galions, je vous prie. Signez-ici...voilà. Parfait ! Nous sommes très heureux et honorés d'avoir pu servir les familles Black et Lestrange. Nous espérons que l'événement sera des plus parfaits.
- Il le sera, assura Mérida. Merci beaucoup pour votre patience et votre travail. La robe est somptueuse. Au revoir.

Druella et Bellatrix saluèrent la vendeuse d'un hochement de tête avant de sortir de la boutique, suivie de madame Lestrange.

- Vous êtes absolument divine dans cette robe Bellatrix, commença Mérida. J'ai appelé ma coiffeuse personnelle pour demain. J'avais pensé que vous pourriez porter un chignon bas, simple mais élégant. Qu'en dites vous ?
- Peu importe.

En voyant le regard noir de sa mère, Bellatrix ajouta :

- C'est une très bonne idée, madame...Mérida. Cela ira très bien avec...la robe.
- C'est exactement ce que je me disais !

Druella entama alors une discussion sur le mariage et Bellatrix eut tôt fait d'abandonner la conversation. Lorsqu'elles arrivèrent enfin au manoir Black, elle se hâta de gagner sa chambre et de s'y enfermer pour les prochaines heures jusqu'au dîner. Cet après-midi avait fini de la convaincre : elle n'allait pas épouser Rodulphus. Elle profita de son moment de tranquillité pour transplaner.


Bellatrix était arrivée directement dans le petit salon de la maison de pierre où elle rejoignait habituellement Lord Voldemort. Seulement, l'habitation semblait déserte. Elle avisa un escalier de bois au bout du couloir qui donnait sur le salon et hésita un instant avant de l'emprunter. À mesure qu'elle progressait vers l'étage, son corps était secoué de tremblement de plus en plus violents. Si le Maître la voyait ainsi errer, il était certain qu'il la punirait. Mais Bellatrix avait plus que jamais besoin de lui. Elle parvint finalement à l'étage. Il n'y avait que trois pièces. Bellatrix jeta un coup d'œil à travers la porte entrebâillée de la première, qui semblait être un bureau encombré. Elle était vide. Elle poussa la porte de la seconde et ne vit qu'une salle de bain étroite, vide également. Enfin, elle ouvrit lentement la porte de la dernière. Il s'agissait d'une chambre. Elle était vide également, et ne comportait quasiment aucun meuble, si ce n'est un grand lit à la parure vert émeraude et une penderie. Soudain, elle se rappela de la pièce. Son Maître l'avait amenée ici la veille pour prendre soin d'elle. Elle s'approcha du lit et caressa la couverture en se remémorant avec tendresse du moment où il avait fait apparaître la Marque des Ténèbres sur son avant bras. Il faisait jour cette fois-ci, elle voyait mieux les détails de la demeure. Elle prenait mieux conscience de son environnement. Est-ce ici qu'il vit ? se demanda-t-elle. Dans cette toute petite maison ?
La vue sur laquelle donnait l'unique fenêtre de la chambre attira son attention. Elle s'y dirigea pour contempler l'immense manoir qui se dressait au loin. Il semblait désert, presque en ruines, mais dégageait une sorte de majesté. Tout était si mystérieux ici. Chaque meuble, chaque pièce était une énigme pour Bellatrix. Elle se perdit dans sa contemplation quand une voix glaciale la tira de sa torpeur.

- Que fais-tu ici, Bellatrix.

La sorcière fit volte-face et exécuta aussitôt une révérence en découvrant son Maître sur le pas de la porte.

- Maître, pardonnez mon intrusion, j'avais pensé que vous seriez déjà là quand j'arriverai, dit-elle d'une voix tremblante, réalisant à quel point elle avait violé l'intimité de son Maître et Seigneur.
- Je ne t'ai pas demandé de venir à ce que je sache. Alors répond à ma question avant que je te fasse regretter ta venue.
- Mon Seigneur, comme vous le savez, je dois me marier dans deux jours à Rodulphus Lestrange. Maintenant que je suis officiellement votre loyal soldat j'ai pensé que...j'ai pensé que vous pourriez faire annuler le mariage, puisque je ne vous serai d'aucune utilité si je dois élever des enfants. Ma place est à vos côtés, sur un champ de bataille. Pas avec Lestrange.

Elle parlait vite, par peur d'être coupée, par peur d'être tuée avant d'avoir fini d'expliquer son souhait. Son corps entier tremblait, elle devait se concentrer pour ne pas tomber à terre. Voldemort resta immobile, impassible.

- Si tu ne veux pas d'enfants, tu n'as qu'à éviter d'écarter les jambes, Bellatrix. Le reste n'est pas mon problème. Tu te débrouilleras pour me servir ou tu mourras. C'est assez simple pour moi.
- Maître, je vous en supplie ne me laissez pas épouser ce garçon, il va...je...
- Assez, aboya Voldemort. Legilimens.

Cette fois, Bellatrix sentit une force entrer dans son esprit. Elle devina que le mage noir était en train de regarder dans ses souvenirs. Ses pensées se dirigèrent immédiatement vers Rodulphus qui lui expliquait qu'ils n'auraient d'autre choix de procréer. Elle se rappela de la façon dont il l'avait rabaissée lorsqu'elle lui avait demandé à propos de la Marque des Ténèbres. Elle pensa au dégoût qu'elle avait pour la vie de femme au foyer, et à la peur immense de la nuit de noce et de tout ce qui s'en suivait.
Elle vit Voldemort secouer la tête et sentit qu'il était sorti de son esprit.

- Je ne reviendrai pas sur ma décision. Cygnus et Arsenius sont de puissants alliés, et Rodulphus s'est montré loyal envers ma cause depuis son entrée dans mes rangs. Le mariage aura lieu. Si tu ne veux pas tomber enceinte, il y a des potions pour ça. Que tu apprécies ton époux ou pas, ce n'est pas mon problème. Maintenant, fais moi plaisir et pars d'ici, Bellatrix. Estime toi heureuse que je ne te punisse pas pour ton affront. C'est la dernière fois que tu mets les pieds ici.
- Je suis désolée, Maître, bredouilla Bellatrix en tâchant de retenir un sanglot. Je ne voulais pas vous opposer un tel affront. J'ai été idiote de penser que... je suis désolée.
- Pars. Maintenant, siffla Lord Voldemort.

Bellatrix fit une profonde révérence, tentant de cacher les larmes qui coulaient désormais le long de ses joues, et disparu sans un mot de plus.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant