Nouvelle piste.

418 33 7
                                    


4 janvier 1978, 10 Montagu Road, Oxfordshire, Angleterre.


- « (...) Lorsque le parc fut à nouveau désert, un vieux lapin robuste et moustachu, une baguette magique serrée entre les dents, sortit en se tortillant d'un trou entre les racines de la souche. Babbitty traversa le parc à grands sauts et s'en alla très loin. À tout jamais s'éleva alors sur la souche une statue d'or représentant la blanchisseuse, et plus aucun sorcier, plus aucune sorcière, ne furent persécutés dans tout le royaume ».

Andromeda referme le livre, mais la petite Nymphadora ne l'entendait pas de cette oreille.

- Maintenant je veux l'histoire du Sorcier et la marmite sauteuse !
- On ne dit pas « je veux » mais je voudrais, Nymphadora ; et ma réponse est non. Il est tard, tu dois te reposer. Tu sais que demain maman va t'apprendre l'histoire des sorcières de Salem, et je veux que tu sois en forme pour que tu puisses être le plus concentrée possible.
- Mais s'il te plait maman je suis pas fatiguée du tout, insista l'enfant en faisant une moue.
- L'histoire de Babbitty Lapina et la souche qui gloussait ne t'a pas suffi ? Elle était longue pourtant.
- Mais papa me l'a lue il y a deux jours déjà, répondit Nymphadora d'une voix plaintive alors que ses cheveux roses viraient au bleu électrique.
- Oui et bien, je l'ignorais. Maintenant il est tard, et tu vas dormir, répondit sèchement Andromeda.
- C'est pas juste parce que papa il me lit deux histoires, d'abord, rétorqua Nymphadora en croisant ses petits bras sur sa poitrine.

Teddy fit alors son apparition dans la pièce avec un grand sourire.

- Et bien, que se passe-t-il par ici ?
- Ta fille refuse de dormir, répondit Andromeda, exaspérée.
- Maman veut pas me lire un autre conte alors que moi j'ai pas sommeil.
- Dora, tu sais très bien que tu dois obéir à ta maman, répondit Teddy d'une voix douce.
- En plus elle veut me parler des sorcières de Salem mais moi je m'en fiche !

Teddy lança alors un regard accusateur à Andromeda qui peinait à contenir sa colère.

- Chérie, on en a déjà parlé... Dora est trop jeune pour...
- Elle n'est pas trop jeune, et il serait grand temps que tu cesses de la traiter comme une chose fragile, siffla la sorcière en se levant d'un coup. Ma fille est une descendante de la famille Black, et elle bénéficiera du même enseignement qui m'a été donné. Je refuse qu'elle vive dans l'ignorance et qu'elle ait du retard par rapport aux autres Sacrés à Poudlard.

Il y eut un silence alors, et la petite Nymphadora sembla estimer qu'il était grand temps d'obéir à sa mère, car elle se glissa sans un mot sous ses couvertures.

- Attends-moi dans la chambre, dit Teddy d'un ton posé avant d'aller border l'enfant.

Andromeda pinça les lèvres, et quitta la pièce sans un mot pour sa fille. Teddy ne tarda pas à la rejoindre. Quand il apparut dans la suite parentale, son regard était grave.

- Je ne sais pas ce que tu t'es mis en tête, Andromeda, mais si tu voulais un enfant « Sacré », alors tu as choisi le mauvais partenaire. En employant ces termes, non seulement tu m'insultes moi, mais tu donnes l'impression à Dora qu'elle a quelque chose en moins, qu'elle vaut moins que les autres.
- Ne dis pas n'importe quoi ce n'est pas ce que...
- C'est exactement ce que tu veux dire, Dromeda, rétorqua calmement Teddy. Tu t'es toujours battue pour l'égalité entre les né-moldus, les sangs-mêlés et les autres. Je ne comprends pas pourquoi tu tiens de tels discours maintenant que tu as un enfant. Nymphadora n'est pas une sang-pur, il faudra que tu l'admettes un jour.
- Mais je l'admets et je l'accepte ! je n'ai que faire du statut de son sang, siffla Andromeda. Tout ce que je veux, c'est qu'elle ait une bonne éducation.
- Une bonne éducation ? Elle n'a pas encore cinq ans et tu veux lui raconter la façon dont des centaines de sorcières ont été pendues et brûlées vives par des moldus ?
- Cissy et moi étions tout aussi jeunes quand père...
- Et regarde comment tes sœurs ont tourné, Dromeda ! Je refuse que ma fille entende des choses pareilles à son âge.
- Plus tôt elle saura ce genre de chose, mieux ce sera. Il faut qu'elle sache ce que ton peuple a fait à mes ancêtres.
- Mon peuple ? répéta Teddy en secouant la tête. Andromeda, tu délires complètement. Je crois que c'est mieux si on en arrête là. La nuit porte conseil. Je vais dormir sur le canapé, si ça ne te dérange pas.
- Mais...
- Bonne nuit, Dromeda.

L'homme partit alors se coucher, laissant son épouse seule. Andromeda tarda à trouver le sommeil. Elle se retournait sans cesse sous ses couvertures, perturbée par la conversation qu'elle venait d'avoir avec Teddy. Elle voulait que Nymphadora connaisse ces choses là, c'était nécessaire. Elle savait très bien que tous les jeunes sangs-purs avaient généralement une longueur d'avance sur les autres en première année, justement parce que leurs parents prenaient la peine de les éduquer sur l'histoire de leurs ancêtres. Cela n'avait rien à voir avec le fait que sa fille soit une sang-mêlée. Nymphadora était avant tout une descendante des Black, et elle avait la chance d'avoir une mère qui avait été élevée au sein des Vingt-Huit Sacrés. Andromeda voulait prouver à tous que même sa fille qui était une sang-mêlée pouvait être élevée comme une véritable sorcière, et elle le ferait. Nymphadora recevrait une éducation complète, que Teddy soit d'accord ou non.


****

13 mai 1978, Château Lestrange.


Bellatrix buvait tranquillement un thé à la rose en compagnie des frères Lestrange quand Minky, l'elfe de maison, accourut.

- Maîtresse Bellatrix ! Maître Rodulphus, maître Rabastan ! Le Seigneur des Ténèbres est là !

Les trois mangemorts échangèrent un regard affolé et s'activèrent immédiatement. Bellatrix, d'un coup de baguette, changea sa tunique noire en une robe sombre au corset étroit, et les deux frères lissèrent leurs vêtements.

- Ne le fais pas attendre ! ordonna Bellatrix à son elfe d'une voix dure. Amène-le ici !

Le souffle court, la brune attendit que son Maître arrive dans le grand salon des Lestrange. Quand il fit son apparition, les trois sorciers firent une profonde révérence.

- Mon Seigneur, c'est un honneur de vous recevoir ici, au Château Lestrange. Nous n'attendions pas votre visite, aussi nous vous prions de bien vouloir excuser l'apparence des lieux, dit Bellatrix d'une voix douce.

Les lieux en question étaient impeccables. Lord Voldemort fit un geste de la main pour la sommer d'arrêter son cinéma.

- Dolohov a retrouvé la trace de Fabian et Gideon Prewett, déclara le mage noir d'une voix aigüe. Tu avais raison, Bella. Ils font partie d'un groupe formé par Dumbledore, appelé l'Ordre du Phénix. D'après Dolohov, ils retrouvent souvent un autre sorcier qui est un membre probable de leur Ordre ; il s'agit de Sturgis Podmore.
- Je crois que Narcissa a déjà évoqué ce garçon. Il me semble que c'était un Gryffondor, très proche de Dumbledore.

Lord Voldemort prit place dans le fauteuil habituellement occupé par Rodulphus et resta silencieux, comme s'il réfléchissait intensément.

- Rookwood m'a informé que les formations de nouveaux aurors avaient commencé. D'après lui, deux candidats se distinguent des autres par des capacités phénoménales en matière de combat. Un certain Frank Londubat, et une Alice Gamp.
- Les Londubat sont des traitres à leur sang notoires. Les Gamp prétendent être des sangs purs mais ils n'ont jamais été inscrits sur le registre des Vingt-huit Sacrés, dit Bellatrix avec dédain.
- Je souhaite d'autant plus que vous gardiez un œil sur eux. Rodulphus, toi qui travaille au Ministère, tâche de te tenir au courant de l'avancée de leur formation. Je veux que tu puisses me dire dans les prochains mois si oui ou non ces apprentis aurors font partie de l'Ordre du Phénix. Rabastan, tu rejoindras Dolohov dans l'espionnage des Prewett et de leur ami Podmore. Bellatrix...

Le Seigneur des Ténèbres suspendit sa parole et enveloppa sa mangemort toute entière de son regard.

- Bellatrix, je souhaite te parler en privé.

Sans un mot, Rodulphus et Rabastan s'éclipsèrent. La double porte du salon se referma d'un coup sec derrière eux, et Maître et servante se retrouvèrent seuls dans la vaste pièce. Voldemort observa Bellatrix en silence pendant de longues secondes, et la sorcière ne sut quoi faire de son corps sous le poids du regard de son Maître. Pour faire distraction, elle se racla la gorge et demanda :

- Vous vouliez me parler, Maître ?
- Approche.

En suivant le regard de Lord Voldemort, elle comprit qu'il lui intimait de s'asseoir sur ses genoux, ce qu'elle fit. Il passa alors une main dans ses cheveux, puis enroula ses doigts autour de sa nuque.

- James Potter, Remus Lupin, Sirius Black.

Le mage noir avait dit les mots à voix basse, comme un murmure. Bellatrix pencha légèrement la tête sur le côté, ne comprenant pas où voulait en venir son Maître. Les mains de ce dernier continuaient de se balader sur le corps de Bellatrix Lestrange, alors même qu'il était assis à la place de son époux.

- Ton cousin et ses amis font partie de l'Ordre du Phénix, Bella. Ils seront diplômés en juin, et joindront les rangs de nos nombreux ennemis, dit Lord Voldemort d'une voix étrangement calme.

Il incita alors Bellatrix à se mettre à califourchon sur lui. La sorcière n'hésita pas une seule seconde, et put ainsi mieux admirer le visage du Seigneur des Ténèbres, dont les mains étaient à présent posées sur les hanches de la brune.

- Je tuerai tous vos ennemis, mon Seigneur, si tel est votre désir, murmura Bellatrix.

Elle le regardait avec des yeux brillants de désir désormais. Le mage noir sembla le remarquer, et sourit légèrement à cela.

- Je sais, Bella, répondit simplement Voldemort. Evanesco.

Les yeux de Bellatrix s'agrandirent lorsqu'elle réalisa ce que son Maître venait de faire disparaître, et son cœur s'emballa quand, quelques secondes plus tard, il fut en elle.

- Nous allons identifier chacun de leurs membres, et quand nous serons prêts, nous attaquerons, dit le mage noir entre deux souffles.

Bellatrix n'eut pas la force de prononcer le moindre mot, aussi se contenta-t-elle d'acquiescer vivement aux propos de son Maître. Elle n'arrivait pas à réaliser qu'ils étaient en train de faire une telle chose sous son toit, avec Rodulphus dans la pièce d'à côté. Si elle avait eu quelconque morale, elle aurait pu se sentir coupable. Mais Bellatrix était Bellatrix, et elle se sentait divinement bien dans les bras de son amant.


****


- Où est le Seigneur des Ténèbres ? demanda Rabastan quand il vit revenir Bellatrix.
- Parti.
- Ah, ok, répondit le cadet Lestrange en haussant les épaules.
- Ça va, Bella ? demanda Rodulphus qui regardait son épouse avec un drôle de regard. T'es toute...

Bellatrix sut immédiatement de quoi elle avait l'air. Même sans s'être vue dans une glace, elle savait que ses joues étaient particulièrement roses, ses cheveux particulièrement décoiffés et ses lèvres particulièrement gonflées. Elle savait également que Rodulphus savait, et que Rodulphus ne pouvait rien dire.

- Je dois sortir faire des courses, dit la sorcière pour changer de conversation. C'est l'anniversaire de Cissy demain et je n'ai rien à lui offrir.
- Des courses ? Où veux-tu aller ? Le Chemin de Traverse grouille d'aurors, dit Rodulphus.
- Qui a parlé du Chemin de Traverse ? répondit-elle avec un large sourire.


****


C'était la deuxième fois de sa vie que Bellatrix mettait les pieds dans un magasin moldu. La bijouterie dans laquelle elle était entrée lui semblait correcte. À l'intérieur, tout le monde était habillé en noir et se tenait droit comme un pique ; ce qui ne changeait pas énormément de ce à quoi était habituellement confrontée la sorcière, même si les habits des moldus étaient d'une affreuse banalité. Le nom de la boutique était inscrit partout. Même sur les bijoux, on pouvait lire « Cartier », ce qui embêtait Bellatrix. Aussi, elle ne tarda pas à s'adresser à une des employées.

- Je veux un collier, le plus cher que vous avez, et sans le nom ridicule de la boutique gravé dessus, dit la brune d'un ton sec.
- Très bien, Madame, répondit docilement la jolie vendeuse qui alla aussitôt chercher l'objet idéal pour sa cliente.

Elle revint quelques minutes plus tard, et demanda à Bellatrix de bien vouloir la suivre dans une petite pièce dissimulée au fond d'un couloir. La pièce était gardée par deux hommes larges comme une armoire à glace, et une boite rectangulaire avait été posée sur une table au centre de la pièce.

- Nous avons cette pièce, qui fait partie de la nouvelle collection Cartier. C'est un assemblage d'or gris, de diamants, d'émeraudes et d'onyx. Comme vous pouvez le voir, c'est un bijou d'une grande délicatesse, dont les pierres se marient à la perfection. Le créateur a été directement inspiré de ses voyages en Afrique, et c'est pourquoi la panthère a été choisi pour être l'emblème de la nouvelle vague Cartier. Le pendentif est en...
- C'est bon, ça ira merci. Je prends.
- Êtes-vous déjà cliente chez nous ?
- Non.
- Voulez-vous bien, en ce cas, remplir le formulaire afin que nous puissions...
- Non, c'est gentil mais j'ai autre chose à faire, répondit Bellatrix en baillant.

La vendeuse lança un regard désemparé aux gardes du corps, et l'un d'eux s'approcha de Bellatrix qui saisit instinctivement la baguette, sans encore la sortir de son étui.

- Quelque chose ne se passe pas comme vous le désirez, madame ? demanda l'homme.

Bellatrix, avec une rapidité fulgurante, pointa sa baguette successivement sur les gardes du corps et sur la vendeuse, les soumettant immédiatement au sortilège de l'Imperium. Elle saisit alors le paquet qui contenait le collier, et s'adressa à la vendeuse.

- Tout va très bien. Je suis ravie de mon achat, et je vous ai réglé en espèce. Vous allez donc me laisser sortir en paix. Oh et, je veux bien un sac, pour porter ce truc.

La vendeuse fit un grand sourire à Bellatrix et l'accompagna jusqu'à la sortie après lui avoir donné un sac.

- Je vous souhaite une excellente fin de journée, madame.
- Oh ça ma belle, je n'en doute pas ! fit Bellatrix avant de rire puis de disparaître dans un crac sonore.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant