Chapitre 3

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-Allez Haneul, lève-toi. Tu as école aujourd'hui, dit ma mère en ouvrant les rideaux de ma chambre.

Elle pose mes habits du jour puis redescend en bas pour me préparer le petit-déjeuner. Je tourne sur moi-même comme chaque matin mais me cogne contre quelque chose.

-Tu as encore dormi dans mon lit?

Je regarde mon ami puis me frotte les yeux.

-Oui, Haneul. . . marmonne V d'une voix endormi.

-Tu as encore fait un cauchemars?

-Oui, mais mon cauchemars c'est ma jobie.

-Ta jobie? Phobie?

-Oui voilà ça, j'ai pas envie que tu m'abandonnes encore seul ici. Toi tu vas tout le temps à l'école et tu me laisses ici.

Il se cache sous la couverture, honteux après m'avoir fait cette confession.

-Je suis désolée V, mais je ne peux pas t'emmener à l'école avec moi. Et je suis obligée d'y aller.

-Aller Haneul! cri ma maman. Sinon tu vas rater ton car!

-Désolée V. . .

Treize ans plus tard:

-Maman! je cris.

Quand je pénètre dans la maison, le soleil s'est déjà couché. Je déteste vraiment les cours du soir où nous finissons tard. Comme à mon habitude, je porte cet uniforme rouge.

Accélérant le pas, je grimpe l'escalier puis gagne l'étroit couloir qui mène à ma chambre. Une fois à l'intérieur, je laisse tomber mon sac sur le plancher. De toute évidence, ma mère n'est pas encore rentré du travail. L'hôpital lui prend tout son temps.

Ce n'est que lorsque j'allume la lumière que je remarque que ma chambre est impeccable.

Les vêtements sales ont disparu. Mes fiches de révisions ont été classées, mes livres alignés sur les étagères dépoussiérés. Le plancher a été balayé, mon lit recouvert d'une couette blanche propre, une couverture violette pliée avec soin au pied.

-V?

Il ne répond pas à mon appelle.

N'apparaissant pas à mes côtés, je me permet de retirer mes habits, attrape une épaisse serviette de toilette blanche et me dirige vers la porte.

Néanmoins, à la dernière seconde, je me retourne et ramasse mes vêtements pour les jeter dans le panier de linge sale dans le coin. Si on a fait le ménage dans ma chambre, ce n'est pas pour que je laisse de nouveau tout trainer.

-Content? je demande dans le vide.

Tout en avançant dans le couloir, j'essaie d'effacer cette journée fatigante.

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Une fois de retour dans ma chambre, j'essaie de me démêler mes cheveux. Ouvrant ma garde-robe, je parcours du regard la ranger de pyjama et je prend le premier qui me tombe sous la main.

Tandis que je descend l'escalier, je me rends compte que la maison est bien trop calme. Il y a des semaines que je mange seule, ma mère passant ses nuits à son travail.

-V? je l'appelle de nouveau en entrant dans la cuisine.

Soudain, V apparait sur le tabouret devant le buffet. Il parait d'abord surpris puis pousse un soupire en me voyant:

-Je sais bien que je suis enfermé dans cette maison mais est-ce que je mérite vraiment d'apparaitre à chaque fois que tu en as l'envie?

-Désolé l'alien, mais ma psy me dit que tu n'es qu'une illusion que je me suis créée afin de combler le vide qu'à laisser mon père.

-Je t'ai déjà dit un nombre incalculable que je ne suis pas un alien. . . Et je ne suis peut-être pas normal, mais ça ne veut pas pour autant dire que je ne suis qu'une illusion. Ta psy est trop scientifique a mon goût. . . Heureusement que tu as arrêté d'aller la voir.

Je hoche le visage en sortant des restes de pizza qu'il nous restait de la veille du four. Je les pose ensuite sur le buffet avant de m'asseoir à côté de mon vieil ami.

-Ta mère n'est toujours pas au courant que tu as arrêté d'aller voir la psy?

J'acquiesce de nouveau à l'aide de mon visage et un soupire passe les lèvres du brun.

-Et elle ne rentre pas ce soir? il demande.

-Non.

-Des fois je me demande quel genre de vie tu mènes.

-Elle est toujours mieux que la tienne. J'ai vu que tu avais fait le ménage, merci.

-De rien, de toute façon je n'ai rien d'autre à faire lorsque tu n'es pas là.

C'est faux, je l'ai souvent retrouvé devant des dramas, en pleurs ou en train de rire. Il n'a simplement personne d'autre que moi avec qui jouer. Je suis sa seule amie et, lui, est mon seul ami.

-J'ai vu le message que tu as reçu de ta camarade de classe, m'informe le coréen. Il y a une fête vendredi soir.

-Et?

-Tu devrais y aller, te faire des connaissances. Je ne peux plus être la seule personne avec qui tu traines, tu dois avoir d'autres amis.

-Ils sont tous cons.

-Pas tous, du moins. . . Tu ne peux pas le savoir tant que tu ne leur a pas parlé. Alors soit tu décides d'y aller de ton plein grès, soit je te sors de force avant de fermer tout à clé.

Jusqu'à preuve du contraire, cet endroit reste ma maison. Cependant, je sais bien qu'il ne bluffe pas. Il me dit déjà depuis quelque temps que je devrais me sociabiliser, alors je vais le faire. . .

-Ok, je cède. Si c'est ce qu'il te faut pour que tu ailles bien.

-Super, comme ça à ton retour tu auras plein de nouvelles choses à me raconter!

Je ne crois pas, non.

Hello my alienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant