« Tu sais quoi, Teresa ? t'as gagné, je me barre. »
Thomas saisit son manteau, renversant les talons de la jeune femme, qui jeta son portable en réponse.
« Je ne te retiens pas, connard ! Tout est de ta faute ! Si seulement tu étais moins borné ! Tu m'aurais épargné un mariage idiot !
- C'est de ma faute, maintenant ?
- Évidemment ! Va te faire foutre, enfoiré !
- Je prends note !
- N'est-ce pas ?! Connard ! Dégage de ma maison !
- Bien !
- Bien ! »
Il claqua la porte d'entrée, les vitres tremblèrent quelques secondes. Le restant de la nuit se faisait maintenant flou, mais il se souvenait avoir conduit le plus loin, et le plus longtemps possible, avant d'enfin poser la main sur un club. Voilà ce dont j'ai besoin, avait-il décidé.
Et au matin, les rayons solaires caressaient maternellement ses épaules larges, il sentait son corps épuisé, assommé, et portait douloureusement la tête lourde. L'homme voulut se redresser lentement, s'appuyant sur la surface molle du matelas. Il était nu dans les beaux draps blancs et brodés de fleurs bleu encre.« Je ne me rappelle pas de ceux-ci... murmura-t-il en détaillant les oreillers. »
Sa voix réveilla soudain une silhouette, qu'il n'avait même pas encore pu remarquer. Thomas, dont les yeux grandirent aussitôt, se mit à rougir. Le dos fin, délicat qu'il regardait était nu lui aussi. Ai-je sincèrement trompé Teresa avec une autre, pensa-t-il, tandis qu'une surprise bien plus terrible encore se produisit sous son nez. Les muscles se levaient à leur tour, et ils n'avaient rien de ceux d'une femme. Les cheveux, blonds, entremêlés et courts, tombaient sur une nuque mince, mais masculine.
« Merde... Je déteste ce type de réveil... »
Thomas était stupéfait. Il avait trompé Teresa... avec un homme ? Le garçon se tourna à lui, l'observant de deux immenses prunelles noires, qui le dévisagèrent avec suffisamment d'intensité pour remonter en lui quelques fragments de souvenirs. Il commençait à revoir la nuit passée, cette nuit où ce regard obscur et ce corps longiligne étaient parvenus à le séduire entièrement. Ses joues devenaient rouges, et près de lui, l'homme se moquait avec un vif plaisir : « Ta mémoire a fait reset. Je me trompe ?
- On... se connaît ? bredouilla Thomas.
- Depuis hier soir, beau brun. On a même couché ensemble. Tu ne t'en rappelles plus du tout ?
- Q... Quoi...?
- Non, tu ne vas pas me dire que tu ne l'avais pas déduit ?
- J'hallucine... murmura doucement Thomas.
- Ah... beau brun n'est pas gay. dit-il avec déception. Je suis tout de même ravi d'être ta première fois, mais je suis triste que tu ne te souviennes plus de moi. C'était très agréable de te parler au bar.
- Comment ai-je pu m'autoriser une telle chose...
- Aïe, aïe... tu as trahi ta conjointe ?
- Pire encore...
- Ta femme ? ricana-t-il. Dis donc, tu ne l'as certainement pas mentionnée, hier soir. Je ne me serais pas laissé tomber pour toi, et encore moins aussi fort, autrement. Je te souhaite beaucoup de courage pour le retour, tu vas en avoir besoin.
- Non, non... je ne compte pas la revoir... avoua-t-il. On ne s'entend plus depuis un moment...
- L'art de ne pas assumer.