« Tu ne comprends pas ! Je suis déjà mort, Tommy ! Je ne fais que pourrir, je n'existe déjà plus ! Je ne suis rien ! J'en ai assez, assez de perdre la tête ! Je veux en finir ! Je veux mourir ! Je veux mourir, Thomas ! Alors laisse-moi ! Pars, va t'en, enfuis-toi, avant que ma folie ne t'égorge ! Rejoins les autres et vis ! Laisse-moi ou je te tue ! »
Mais, dans la terreur de l'apocalypse et de ces mots tranchants, Thomas ne cille pas.
« Dégage ! vocifère Newton. »
Ses globes oculaires rougissent et les veines saillantes se contractent sur son cou. Thomas répond : « Non. » Son vieil ami le fixe avec une rage sanguinaire.
« Je veux mourir. insiste-t-il. »
Thomas secoue négativement la tête. Son regard brille de larmes tandis que celui de Newton gagne en violence. Il lorgne le pistolet qu'il tient fermement dans sa main droite d'une lueur envieuse, tortillant ses doigts comme s'ils pouvaient la faire apparaître entre eux. Thomas redoute ce regard, ce regard meurtrier qui ne crie qu'au sang. Il tremble, il tremble de tout son être face à son amour jusqu'ici secret.
« Et je te dis que tu ne mourras pas. Tiens bon, Newt. Minho et Gally arrivent avec le remède. Tiens bon. »
Newton grogne d'un grognement bestial. Son âme lui échappe peu à peu et ces paroles ne l'apaisent pas. Il fulmine et se jette sur sa gorge. Thomas tombe dans un gémissement de douleur. Son ami s'assit sur lui de tout son poids et l'immobilise. Les lèvres dégoulinantes de sang noir, il lui arrache son arme et la pose sur sa tempe. Thomas hurle à s'en déchirer les poumons. Il tire le bras de Newton pour y planter ses dents. Couinant, les doigts du blond laissent tomber le pistolet au sol. Il suspend ses yeux dans ceux du brun et crie sa fureur. Dans sa frénésie, il appuie la paume de sa main sur le cou blanc de Thomas et l'étouffe. L'autre se débat, le griffe, tape du pied et gigote sous lui. Il tâte difficilement sa poche et brandit un couteau. Il ne fait qu'effleurer la jambe du blond, simplement pour le menacer et le ralentir. Distrait, Newton lâche prise et Thomas en profite ; il se précipite sur l'arme et la jette dans le cadavre d'une voiture partant en fumée. Son ami aboie de fureur, mais ne s'arrête pas là. Il vole son couteau et tente de le lui planter en plein cœur. Thomas roule sur le côté au dernier instant. L'échec fait une nouvelle fois hurler le blond. Il le serre, le tend, le coupe et le lacère. Les muscles de Thomas se courbaturent. Combattre son amour est un épuisement moral indicible. Il sanglote bruyamment, implorant la véritable âme du garçon qui tente de le réduire à néant. Il sent ses dernières forces l'abandonner. Il mourrait pour Newton s'il le fallait. Mais finalement, Gally et Minho galopent en leur direction. Ils hurlent des mots incompréhensibles, pleins d'hystérie et de fatigue. Lorsque Thomas les aperçoit, il sent son cœur lâcher.
« MINHO ! LE SÉRUM ! »
Le coréen le lui lance un peu hasard, terrassé par l'inquiétude. Par chance, le brun l'attrape. Il souffle : « Excuse-moi, mon amour. » et plante l'aiguille dans la tension de son cou. Newton vacille, puis s'écrase lourdement au sol. Ses paupières papillonnent et ses yeux observent doucement Thomas qui les surplombe. Soupirant, le jeune homme pleure de soulagement. Il serre le corps endormi de son ami dans un sanglot, ses mains sont plaquées dans ses cheveux transpirants. Il embrasse amoureusement son front, son nez et ses joues.
« C'est fini... répète-t-il infiniment. »
Newton est somnolant. Il tente d'esquisser un sourire malgré la puissance de la substance circulant dans ses veines. Minho et Gally sont agenouillés face à lui, des larmes mouillent silencieusement leurs pommettes. Newton murmure, absent : « Tommy... » Le surnommé est traversé d'un léger rire.
« Je suis là, mon amour, je suis là... Tout va bien... »
Les deux anciens Blocards se dévisagent. Aucun d'eux ne connaissaient l'attirance de Thomas envers Newton auparavant. Ils restent silencieux, un peu perdus, se sentant comme de trop. Le brun quant à lui est cloîtré dans son monde. Ses lèvres frôlent celles du blond, il ose à peine les embrasser. L'euphorie a engourdi son corps et ensorcelé son cerveau. Assis sur la fraîcheur du béton, Newton s'endormant dans ses bras, il ferme les yeux à son tour. L'enfer touche à sa fin.