Le tic tac incessant de l'horloge pendue au mur sonnait dangereusement dans le silence oppressant qui écrasait. Les doigts boudinés du principal se croisèrent lentement sous son menton, de l'autre côté de son bureau, madame Edison fulminait. Ses iris mordorées houspillaient son fils, l'un de ses talons tapotait le sol avec agacement. Près d'elle, Thomas gardait la tête honteusement inclinée, fuyant son regard empli de reproches, les lèvres nerveusement pincées. À leurs côtés, la poitrine de madame Isaac se gonflait en un soupir déçu. Son expression affichait des traits affermis et frappés par l'aigreur, ses yeux émeraudes dévisageaient sévèrement son fils, ses sourcils fronçaient. Les bras croisés, Newton arborait une moue amère, son regard fixait le parquet et évitait d'en rencontrer un autre. Le ton austère du principal rompit finalement le calme envahissant : « Mesdames, merci de vous être déplacées. Voyez-vous, un tel comportement est inadmissible dans l'enceinte de cet établissement.
— De toute évidence ! s'exclama madame Edison. Je suis tout à fait révolté par les actes de Thomas, ceci est loin d'être habituel !
— Pareillement ! fit madame Isaac. L'attitude de Newton est inacceptable et je m'en excuse, ce n'est pas non plus dans ses habitudes !
— Je l'entends, je l'entends. En revanche, il ne s'agit pas de la première bagarre entre monsieur Edison et monsieur Isaac.
— Comment ça ? s'étonnèrent les mères.
— Vous n'en n'étiez visiblement pas informé, me voilà surpris... Effectivement, leur agressivité s'est montrée à maintes reprises, ces dernières semaines. Et, malgré les innombrables avertissements, leur relation ne s'est point améliorée, bien au contraire.
— Thomas ! Pourquoi me l'avais-tu caché ?!
— Nous discuterons de ça avec ton père, Newton !
— Je vous laisserai poursuivre cette conversation dans l'intimité. À présent, jeunes hommes, j'exige des explications. Monsieur Edison, puis-je obtenir la raison pour laquelle vous avez attaqué monsieur Isaac, cet après-midi même ?
— Hein ? C'est lui, qui a commencé !
— N'importe quoi !
— Newton, laisse-le s'exprimer.
— Mais, maman !
— Monsieur Edison, je suis tout ouïe.
— J'étais simplement dans les couloirs et il m'a insulté de pédale ! J'allais pas le laisser faire sans répondre !
— Newton ! Voyons !
— Si tu l'avais vu ! Il se trémousse comme une tarlouze !
— Cesse tes vulgarités ! Non mais !
— J'ai donc rétorqué et il m'a foutu un coup de poing ! ajouta Thomas.
— Tu plaisantes ?! T'es celui qui m'as frappé en premier !
— C'est ça ! T'as failli me péter une dent !
— Enfoiré !
— Newton !
— Va te faire foutre !
— Thomas ! Ça ne va pas ?!
— Du calme, du calme. intervint le principal. Il est évident que vous pouvez difficilement vous côtoyer. Cependant, je vous demanderai de garder votre sang froid durant ces prochaines minutes.
— S'il veut bien la fermer deux secondes, j'y vois pas d'inconvénient.
— Surveille ton langage, Thomas !