Tentation

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Thomas remarquait les regards acérés que son professeur accrochait sur lui, la maladresse de ses gestes, sa douce précipitation qui faisait glisser son stylo entre ses doigts et trembler ses mains. Son esprit déconcentré écorchait chaque mots qu'il inscrivait au feutre noir sur le tableau blanc, accentuait le grésillement nerveux de sa voix lorsqu'il l'interrogeait de bon cœur. Newton pensait à leur échange de la veille, il n'était pas impossible pour Thomas de le deviner, ses joues rouges et son embarras peureux le suggéraient trop bruyamment. Le cadet se délectait de sa délicieuse terreur, il jouissait de l'importance de leurs baisers, du pacte officiel qu'ils avaient silencieusement scellés. Tout ceci le cadenassait à l'enseignant, leur attribuait le titre de complices, de gardiens de secrets liés à vie. Il ne pouvait en être plus ravi.

« Bonnes vacances... souhaita l'adulte en observant ses élèves quitter sa classe.

— Vous voulez dire "bon week-end" ? corrigea l'un d'entre eux.

— Il me semble avoir bien dit cela... »

Le vide engloutit les tables et les chaises, les étudiants étaient partis en furie. Habituel retardataire, Thomas s'autorisa un ricanement une fois passant le dernier devant son professeur, droitement posté à l'entrée de la salle. Ce dernier l'happa, son dos clôt brutalement la porte qui poussa un cliquetis fort. Le brun esquissa un sourire narquois, moquant les yeux noirs de rêveries de son aîné avec un regard pétillant de bonheur.

« Je n'ai que pensé à vous. déclara enfin Newt, la respiration un peu hachée.

— J'ai vu cela. Vous ne vous êtes jamais autant trompé depuis la rentrée. Vous ai-je perturbé ?

— Perturbé ? Thomas, vous m'avez retourné l'âme. Je n'ai pu trouvé le sommeil la nuit dernière, je ne voyais que vous, je n'entendais que votre voix. Vous m'avez ensorcelé de tous vos charmes.

— Vous avez fini par fondre dans mes pensées. Je n'ai pas non plus songé à autre chose que vous. Je chéri ce que nous avons partagé hier soir.

— Le faites-vous ? s'assura-t-il, vibrant d'espoir.

— Je le fais. Je n'ai jamais trouvé autant de délices que dans vos caresses.

— Ma foi, je ne devrais pas me l'avouer, ni même le clamer haut et fort... mais votre compagnie m'a réjouie tout entier. J'ai ressenti un tel réconfort dans vos bras... vous m'avez eu dans vos filets, Edison. Je suis entièrement soumis à votre volonté.

— Soumis ? Voilà une bien jolie hyperbole.

— Hélas, j'aurais voulu qu'il en soit ainsi... ma passion pour vous m'éloigne pas à pas de mes devoirs et de ma rationalité. Je me perds dans mon amour.

— Votre amour ?

— Que pensez-vous que je ressens ? s'étonna-t-il, quelque peu vexé.

— Je pense que vous êtes un homme frustré, qui s'abonne à ses désirs malgré la loi.

— Risquer mon métier et votre santé psychique ? Seulement pour m'abandonner à mes désirs ? s'agaça-t-il. Je suis un Homme ! Un Homme ! Certainement pas un animal frustré à la recherche d'assouvissements de pulsions ! Vous m'offensez profondément !

— Eh bien ? Allez-vous me dire que vous m'aimez ?

— Voyons ! Je vous aime !

OS Newtmas & DylmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant