Pari gagné

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La porte claqua dans un grincement. Thomas retira la veste de Newton, lui demanda de patienter et partit faire sécher leurs vêtements. Le jeune homme ne savait plus où se mettre, l'appartement de son cadet était l'oxymore du sien. Tout semblait fragile et avoir de la valeur, il ne parvint pas à faire un pas dans le couloir tant la crainte d'abîmer quoi que ce soit le saisissait. Malgré la blancheur des murs et la rude richesse de la décoration, le garçon sentait une atmosphère rassurante et maternelle émaner des lieux, comme s'ils avaient été conçu pour accueillir nos peines et pour réconforter nos chagrins. Jamais Newton n'avait ressenti une telle présence chez lui. Honteux de ne pas appartenir à ce monde, ses dents mordillèrent nerveusement ses lèvres et il tenta de tuer la voix qui lui soufflait les pires jugements qu'il ne s'était jamais adressé. Un peu plus tard, il posa un pied dans la chambre de son hôte et eut l'impression de violer son espace intime. Il se sentait tellement de trop, tellement différent. Le cadet n'eut pas le temps de remarquer sa gêne, occupé à ranger frénétiquement sa pièce pour son invité.

« Kate passe quelques jours chez son mec... commença-t-il. Je peux très bien utiliser sa chambre et toi... la mienne.

— Tu ne crois pas en faire déjà assez ? Je ne paye pas, je ne vais pas en plus squatter ta piaule.

— Ça ne me dérange absolument pas !

— Un canapé ou même le sol me suffira parfaitement, Tommy. Je ne suis pas habitué au luxe.

— Je t'aide pas pour te replonger dans la misère ! Autant psychologique que matérielle !

— Garde ta chambre, je te dis. Je culpabiliserai, sinon.

— La chambre de Kate est très bien --

— C'est pas la question, Edison. T'en fais largement assez, et je t'en suis éternellement reconnaissant. Mais dors comme tu as l'habitude de le faire, je détesterai te perturber. Je n'ai pas besoin de grand chose pour être satisfait.

— Tu dormiras confortablement, un point c'est tout.

— Tommy, t'as vu la gueule de votre canapé ? C'est l'équivalent de mon lit habituel !

— Je t'ai dit non !

— J'avais cru comprendre... Thomas soupira.

— Bon... puisque je ne veux pas que tu dormes à même le sol ou sur le canapé, tu serais d'accord pour... pour dormir avec moi ?

— Oh, euh... rougit-il. Je ne veux vraiment pas te déranger, Tommy, tu sais...

— Si je te le propose.

— T'es sûr ?

— Ça te dérange ?

— Moi ? Non, au contraire, j'aurais moins l'impression de prendre de la place. Par contre, toi... tu es vraiment sûr ?

— Pourquoi ça ?

— On se connaît à peine, je suis plus âgé, puis tu as vu ces photos... Tu n'as pas, je ne sais pas... peur de moi ?

— P-peur de toi ?

— J'ai conscience que c'est une question flippante, mais... tu vois, à ta place, je ne serai pas très à l'aise, alors...

— N-non, je te fais confiance.

— Ah oui ?

— Au fond, je te connais depuis bien plus longtemps, je m'en fous de notre écart d'âge et ces stupides photos ne sont pas là parce que tu l'as demandé... Je ne vois pas pourquoi je devrais avoir peur.

— Très bien... Merci, Edison. Merci beaucoup.

— D-de quoi ?

— Pour tout. Absolument tout. »

OS Newtmas & DylmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant