Thomas déambulait dans les couloirs, encore frappé de fatigue. Ce mois-ci était particulier, il avait loué une villa campagnarde avec ses amis pour célébrer leur master. Chaque jour était une fête, et il ne s'y opposait habituellement pas. Mais cette fois-ci était différente. Cette fois-ci, il y avait Newton, le frère cadet de deux ans de sa plus fidèle amie, Teresa. Il s'était joint à eux après avoir passés quelques mois ensemble, et il était adulé de partout. On se battait pour s'assoir à ses côtés lors des repas, on se tuait pour obtenir son attention, ses précieux conseils, et pour partager ses heures de révisions. Il subjuguait n'importe quel homme, et il s'en vantait. Mais il ne s'intéressait que rarement. Il avait une cible, une proie, puis il ne la lâchait plus, jusqu'à ce qu'elle ne succombe.
Thomas était devenu sa deuxième. Il l'était devenu depuis qu'il avait intégré sa troupe. Newton était le compagnon idéal, brillant, fidèle, passionné. Mais Thomas ne devait pas s'y abandonner, car il était de son sexe. Et il ne voulait pas de cette étiquette là, pas avec des parents traditionnels et une réputation à maintenir. Thomas rejoignit la cuisine, s'installa au bar et prit sa propre tête dans ses mains. Ces questions tourbillonnaient autour de lui, et il se sentait peu à peu prendre compte de la vérité. Il n'était pas si indifférent au garçon qu'il voulait l'être.
Il y eut soudain un crissement, et il se raidit un reconnaissant la silhouette longiligne qui l'avait suivi dans les couloirs. La lueur mourante de la petite lampe éclairait son ample t-shirt et sa culotte en dentelle noire, il se recoiffait et l'observait avec amusement. Thomas s'étranglait. Il ne s'était pas attendu à être chassé dès l'aube.« Ne me dis pas que ce sont les sous-vêtements de T. dit-il, forçant sa voix à ne pas trembler.
— Ceux-là même. répondit Newt avec un sourire. C'est plus confortable, si tu savais. Je te les conseille.
— Non merci... grimaça-t-il un peu. Sait-elle au moins que tu lui les piques ?
— Ce sera l'un de nos secrets. »
Il alla aux placards, Thomas se vit le contempler. Newton sembla le savoir d'une façon ou d'une autre, car il se grandit sur la pointe des pieds en prétextant atteindre une boite de céréales. Thomas détaillait le beau tissu noir, subissant une respiration hachée, obnubilée par une dangereuse admiration. Mais il connaissait les intentions de Newton, il connaissait sa soif d'admirateurs et sa ténacité. Et il ne le laisserait certainement jamais le vaincre. Il se leva encore, collant son torse à son dos en attrapant le paquet pour lui. Newt tourna son visage vers le sien, et, de part son sourire, Thomas savait qu'il avait fauté. Le jeune homme se pressa fiévreusement contre lui, descendant et remontant légèrement son bassin au sien, et Thomas rougissait tandis qu'il durcissait près de lui. Il échappa un jappement, Newton eut un rire grave, le dévisageant de son regard sauvagement joueur.
« Tu es un cliché, le sais-tu ? soupira Thomas, faussant l'agacement. »
Son sourire s'accentua, et il plaça les grandes mains de Thomas sur ses hanches, reculant encore son bassin, le faisant encore gémir.
« En attendant, ce sont mes clichés qui te font bander.
- Que veux-tu, à la fin ?
- Que tu me prennes sur le plan de travail, peut-être. Je n'ai rêvé que de toi, cette nuit. De ton corps, de ta douce violence. Me ferais-tu plaisir, Tommy ? Voudrais-tu me faire l'amour ? je ferai tout ce que tu voudras de moi.
- J, Je... bégaya-t-il. J, je ne comprends pas pourquoi tu me cherches à ce point...
- Car tu es aussi magnifique qu'aveugle. Tu te crois hétéro, tu en es tout l'inverse.
- Vraiment ?
- Mhm... La preuve. ajouta-t-il, désignant son érection d'un geste de tête.
- Vois-tu comment tu te frottes à moi ? C'est plutôt normal que je réagisse.
- Tommy, Tommy... Ça ne fonctionne pas ainsi, tu le sais.
- Comment ça fonctionne-t-il, dans ce cas ?
- Arrête tes questions et lâche prise.
- Je ne veux pas faire partie des hommes qui s'offrent à toi les yeux fermés.
- Ah ? Alors pourquoi ne pas me repousser ?
- Je ne veux pas te vexer.
- Me vexer... évidemment. »
Il se tourna à lui, cognant subitement leurs hanches, et Thomas réprima un glapissement.
« Si tu étais hétéro, tu m'aurais insulté depuis très, très longtemps.
- Ce n'est pas mon genre. Et tu es le frère de ma meilleure amie, celle à qui cette culotte ridicule appartient.
- Cette culotte ridicule n'est pas là pour tes beaux yeux.
- Vraiment ?
- Sincèrement. rétorqua-t-il. C'est simplement extrêmement pratique pour dormir. Après, évidemment, ça plaît pour d'autres raisons... J'ai bien remarqué tes regards en biais.
- Il n'y a aucun regard... bredouilla-t-il. Tu ne m'intéresses pas.
- Ah ? sourit-il. Voilà qui me blesse. Moi qui me languis de tes jolis mots, de ta tendresse, et surtout, de te sentir en moi. Je ne te lâcherais plus, je le ferais encore moins en t'entendant gémir mon prénom.
- Tu es amoureux, maintenant. rougit-il. Tiens donc.
- Tommy, Tommy... murmura-t-il. Tu as bien vu ma franchise. Si je ne l'étais pas, je me serais rendu dans n'importe quel bar et j'aurais été satisfait pour le restant de mes jours. Je ne me serais pas embêté à essayer de plaire à un garçon aussi timide, aussi mignon, aussi innocent, aussi sentimental que toi.
- Newt, si tu tentes je ne sais quelle manipulation...
- Merde, tais-toi, imbécile. s'agaça-t-il soudainement. Tu me blesses vraiment, pour le coup. Et je ne suis pas descendu pour pleurer, du moins pas de cette manière. »
Il écrasa leurs lèvres, Thomas percutant le comptoir. Il gémit, parcourant sa colonne vertébrale, serrant ses fesses en grognant. Il entra une phalange en lui, et Newton eut un sourire franc, jappant de plaisir en se frottant à son membre.
« Tu es excessivement beau, Tommy. soupira-t-il près de son visage, expirant bruyamment. Tu es tellement de choses, je n'arrive plus à le supporter.
- Attends, s'étonna-t-il, es-tu vraiment amoureux ?
- Pourquoi penses-tu que je traîne avec les amis de ma sœur ? grommela-t-il, fermant instant les yeux. Ils sont sympas, je me marre bien. Mais ma sœur m'aurait clairement jeté de son groupe si elle ne savait pas que j'en pince pour son meilleur ami depuis mes dix ans.
- Q... Quoi ? murmura-t-il à son tour, retirant ses doigts, Newton poussant un râle fort de frustration.
- Je sais, je sais... on ne s'attend pas à un aveu aussi niais venant de moi. Et Teresa ne voulait pas non plus que son frangin embarrasse son pote. Mais, après plus de dix ans, mon entêtement s'est enfin montré utile.
- Est-ce pour ça, qu'elle ne voulait plus que l'on se rencontre chez vous ?
- Peut-être... sourit-il honteusement.
- Pourquoi a-t-elle donc aussi brusquement changé d'avis ? Je veux dire, elle était bien contente que tu viennes avec nous ces vacances...
- Car elle a vu ton drôle de comportement avec moi, ces derniers mois. Et elle a compris que tu n'étais pas aussi hétéro que ce qu'elle croyait. Résultat, je ne vais embarrasser personne, ni elle, ni toi. Plus, on m'apprécie beaucoup, ici. C'est gagnant-gagnant.
- Donc... rougit-il. Comment s'annonce la suite ?
- C'est très simple, Tommy. Je te veux, et je t'aurais. »
Il s'écarta de lui, précisant d'une voix rauque : « Si tu me cherches, je serai dans ma chambre. Et peut-être que Teresa aura retrouvé sa culotte ridicule d'ici là... » Il quitta silencieusement la cuisine, abandonnant Thomas à une certitude : Newton l'aurait volontiers.