Le cœur de Thomas palpitait sous son plexus. Les yeux brillants, il dévisageait son portable et saisissait ce message d'une main rendue lente par les tremblements :
De : Moi À : Chéri ❤️
Newton, je suis désolé. J'ai besoin de toi, je t'en supplie. Je ne pourrais pas vivre sans toi. Reviens à la maison, amour. Je t'aime tellement. J'ai besoin de toi.
Les jours suivants, il entra l'exacte même texte dans sa conversation avec son époux. Et comme tous les autres jours, il ne reçut aucune réponse. Un soir, ivre, Thomas dégaina son portable. Il composa le numéro de son amour dans un hoquet et commença d'une voix rocailleuse : « Newtie ? Tu me manques grave, t'as pas idée ! J'ai besoin de toi, mon blondinet ! Tu veux pas revenir, dis ? Je m'accrocherai à toi comme un soldat à son arme, je te ferai des milliers de bisous et même des lasagnes ! C'est ton plat préféré, pas vrai ? Tu ne veux pas rentrer manger des lasagnes avec moi ? Tu me manques. Tes yeux sombres me manquent, tes beaux cheveux blonds me manquent, ta voix sexy me manque, tes salades me manquent, ta beauté me manque, tes histoires me manquent, ton cul me manque, ta b... » La boîte vocale avait coupé sa voix. Un nouveau message fut envoyé le lendemain : « Excuse-moi pour le vocal d'hier... J'avais un peu bu. Porte-toi bien. » Cette tirade, Newton l'avait écouté en boucle pendant des heures, comme une ancienne chanson que l'on chantonnerait avec nostalgie. C'était un peu cela, au fond. La voix de Thomas qui le berçait tant ne faisait à présent plus partie de son présent. Chaque soir, avant de s'endormir, Newton l'écoutait. Et chaque soir, il pleurait à chaudes larmes, les mains cramponnées à son coussin. Son quotidien se composaient principalement de textes de la part de Thomas et de pleurs. C'était une vérité. Pourtant, il refusait de contacter son mari. Sans doute était-il trop effrayé, peut-être craignit-il leur rencontre. Un dimanche pluvieux lorsque, les yeux bouffis, Newton était affalé sur le canapé de son ami, il reçut ces mots de la part de Minho : « Retrouve-le. » Le ton du coréen se montrait sévère, comme exigeant.
« Tu vois bien, que vous n'y arrivez pas chacun de votre côté. Oubliez les disputes et faites la paix.
— La paix ? Mais comment ! Nous avons déjà essayé des centaines de fois !
— Eh bien pas assez, visiblement ! Vous vous aimez toujours ! Faites un effort, un vrai !
— Mais... qu'est-ce que je vais faire ?
— C'est simple. Ramène-toi chez vous avec des fleurs et une tenue sexy. Tu verras qu'au bout de deux heures, tout sera arrangé.
— Une... tenue sexy ? Non, ce n'est pas du tout le genre de Tommy...
— C'est pas le tien non plus et pourtant, ça t'intéresserait pas de voir Thomas dans une tenue pareille ?
— Tu marques un point...
— Comme toujours. Il faut arrêter de réfléchir et foncer.
— Je... Je ne sais pas, Minho...
— Et bah moi si ! Alors tu vas sécher tes larmes, te faire beau, et y aller ! »
Le soir même, Newton patientait devant la porte d'entrée de sa maison. Il était parvenu à sonner, Thomas l'avait laissé entrer avec des yeux pleins de larmes. Son discours empli de passion s'était évanoui quand les mains de Newton avait déshabillé sa propre chemise. La mâchoire pendante, il était resté là, immobile, à le regarder dévoiler ces froufrous noirs et ces portes jarretelle avec des yeux larges.
« N-Newt, t-tu... »
Sa salive avait dégluti dans un bruit blanc.
« T-Tu... Tu es... magnifique. »
Les cils du blond avait papillonné.
« Ah oui ? Ça te plaît ? »
Thomas s'était à nouveau étranglé, hochant frénétiquement la tête.
« Oui ! Oui, évidemment ! Ça me plait beaucoup, vraiment, mais, um... p-pourquoi ? Enfin, t-tu... tu ne t'es jamais encore habillé... comme ça...
— J'ai ignoré tes appels pendant des semaines. Je me disais que je devais bien m'excuser d'une manière ou d'une autre...
— M... Mais... avait-il bredouillé. C'est... C'est pour moi, tout ça ? »
Un soupir avait fait fermé les yeux de Newton.
« C'est idiot, comme idée. Je suis désolé. Je n'aurais pas dû venir. »
Thomas avait saisi son poignet.
« N-Non ! Ça me fait vraiment plaisir que tu aies fait cet effort et... tu es vraiment... enfin... wow. C'est... C'est juste que, um... je ne t'ai pas vu depuis un moment... et là, tu... tu arrives dans cette tenue, enfin... Ça me déstabilise légèrement...
— Tu as déjà perdu l'habitude de ma présence ?
— J'avais oublié à quel point tu es... tu es... wow. À quel point tu es... toi, en réalité... Et, um... tu es revenu pour me parler, ou alors...?
— Oui, évidemment, excuse-moi. avait-il rougi. Nous devons nous retrouver, Tommy... Je ne peux pas te sortir de ma tête, et j'aurais essayé. Moi aussi, j'ai besoin de toi.
— Tu as écouté mes messages...?
— Tous. Et en boucle. Tu me manquais trop. Nos disputes étaient stupides et absolument inutiles... Pardonne-moi d'avoir mis autant de temps à m'en rendre compte, Tommy. Je suis tellement désolé. J'aimerais tant que tout redevienne comme avant...
— C'est moi qui m'excuse, pour tout ce que j'ai pu te dire. Je m'en suis voulu pendant des semaines.
— Je n'y suis pas non plus allé de main morte... Je regrette tellement, si tu savais. J'ai été odieux. Je suis désolé, amour. Désolé.
— Viens là. »
Ses bras s'étaient ouverts et Newton s'y était réfugié.
« Donc... tu reviens à la maison ? avait espéré Thomas.
— Bien sûr. Sans toi, mon quotidien est trop morose. Un véritable enfer. »
Le brun avait entrechoqué leurs lèvres, le soulevant par les cuisses pour l'allonger sur leur grand lit. La nuit qui suivit ces événements poussa Newton à aduler Minho pendant un long moment.