Terminaisons nerveuses

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Je sentais que tu me possédais. Une sorte de rappel d'un coeur qui s'est effondré autrefois, d'une impulsion qui semble si lointaine. Je t'ai supplié de garder le silence plutôt que de creuser plus profondément les épines sous ma peau. D'un esprit qui n'écouterait rien, je ne ressens rien. Ma conscience m'assure que je ne peux pas sortir de ce calvaire. Mais je ne céderai pas. Je ne leur montrerai jamais ce qu'est la faiblesse. Je sens mes os alors qu'ils se resserrent. Je pensais que tu me libérerais. Tu t'es évanoui quand j'ai supplié de me laisser tranquille. J'ai laissé ma vision face à face avec une rémission d'âme brisée. Ai-je été trompé ? J'ai besoin d'affronter la vérité. Il est dur de cacher ce qui sommeille en soit lorsque l'on ne ressent plus rien. Je ne suis qu'une coquille, tenue par ces nerfs brisés, un squelette ayant perdu sa peau. J'aimerais tant la retrouver.

« Wow, c'est trash. »

Les lunettes de Thomas glissèrent dans son sursaut. Il referma aussitôt son carnet, relevant un regard incrédule vers son perturbateur.

« Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver, pour que tu écrives un truc pareil ? »

Le brun ne répondit pas, son silence ne découragea pas son admirateur qui s'assit sur les marches à ses côtés, lui présentant poliment sa main.

« Newton. Enfin, Newt. C'est mieux, Newt. »

Le timide ne répondit pas non plus à son geste. Bien décidé, le prénommé Newt attrapa sa main et lui fit serrer la sienne.

« Belle poignée de main. »

L'écrivain continuait à l'observer en silence.

« T'écris bien. Tu devrais penser à publier.

— J'aimerais que cela reste privé. répondit-il d'une voix faible.

— Attendez, mais il parle ! s'exclama-t-il. Elle est jolie, ta voix. Tout comme tes lunettes. T'es joli, en fait. »

Thomas se noya dans ses rougeurs.

« M-Merci. murmura-t-il.

— Je t'en prie. Ton nom ?

— T-Thomas.

— Dis-moi, Tommy. Qu'est-ce qu'un mec aussi beau et intéressant que toi fiches là, sur ces marches, tout seul ?

— Je... Je n'ai pas vraiment d'amis.

— Je vais arranger ça. »

Il déchira un bout de papier et y inscrivit son numéro de portable.

« P-Pourquoi me donnes-tu cela ? s'étonna Thomas.

— À ton avis ? sourit-il.

— Je... Je ne sais pas...

— Tu me plais.

— Je... Je te plais ?

— Ça sonne aussi impossible que ça ?

— Je ne plais à personne... contredit-il, marmonnant.

— Dans ce cas, je suis l'exception à la règle.

— Mais... nous ne nous connaissons même pas.

— Je t'ai aperçu depuis plusieurs semaines. débuta-t-il, rêveur. Chaque après-midi, vers quatorze heures, tu quittes la bibliothèque et tu t'assois sur ces marches. Tu sors ton carnet et un stylo à encre, tu ajustes tes lunettes, et tu écris. Tu m'intrigues depuis que je t'ai remarqué. Je rêvais de découvrir ce que tu confiais à toutes ces feuilles, je n'arrêtais pas de me dire ô combien elles étaient veinardes. Je devais bien prendre mon courage à deux mains et te parler, non ? Le contraire m'aurait frustré.

— Je... Je ne sais pas... répéta-t-il.

— Tu te trompes. Tu sais pleins de choses. Ton journal en est la preuve même. Tu es tellement intéressant. »

Leurs regards s'ancrèrent et Newt soupira : « J'ai cours, malheureusement. Je dois filer. Bien que j'aurais préféré rester ici, avec toi.

— D-D'accord... bredouilla-t-il, perdu.

— On se retrouve demain, vers quatorze heures ? sourit-il. »

Thomas hocha timidement la tête, les joues rouges.

« Bisous, Tommy. »

Dès que le blond fut parti, le brun s'empressa de barrer son précédent texte.

OS Newtmas & DylmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant