« C'est stupide. »
Un garçon blond venait de déranger Thomas, perdu dans sa lecture. Ce dernier demanda, un peu surpris : « Qu'est-ce qui est stupide ?
— De lire la Bible.
— Pourquoi me fais-tu cette remarque ? s'outra-t-il légèrement.
— Pourquoi perds-tu ton temps ?
— J'aime lire, je crois en Dieu, au Paradis comme à l'Enfer... Pourquoi je ne lirai pas la Bible ?
— Il n'y a aucun foyer réconfortant sous la boue. rétorqua-t-il froidement. Il n'y a aucun protecteur qui nous surveille silencieusement. Ce sont des âneries.
— Et comment le sais-tu, qu'il n'y en a aucun ? sourit-il doucement, intrigué par la voix suave.
— Je me suis pendu à une croix pour saigner. Personne ne s'en est soucié, personne ne m'a écouté. Si ton Dieu existe, cela voudrait-il dire que je ne porte pas le poids d'une conscience ?
— Il t'est arrivé beaucoup de mauvaises choses, je présume.
— Mon père nous harcelait, ma mère et moi. Au bout du compte, il nous a abandonné et elle s'est suicidée. L'Eglise m'a dit que mon père était possédé par le Diable, les personnes comme toi m'ont dit que ma mère brûle en Enfer. En fin de compte, nous sommes tous mort. Quelle est la différence entre un Dieu qui nous arrache la vie et une balle dans la tête ? »
Abasourdi, Thomas murmurait : « Je n'ai jamais vu la religion de cette façon... Tu as l'air de réfléchir profondément.
— Quand nous sommes envahis par la solitude, nous n'avons pas le choix. »
Il s'était assis à ses côtés. Thomas le scrutait, les joues chaudes.
« Si je crois en Dieu, c'est parce que j'espère de tout mon cœur qu'il ait du bon dans ce monde.
— Ce n'est pas ton Dieu salvateur qui arrangera notre société. grommela-t-il.
— Tu as raison de le croire, avec ce qui t'est arrivé. Et puis, après tout, nous n'avons la réponse à rien. Mais... si tu cherches du soutien --
— Je ne croirai jamais en Dieu. trancha-t-il, le regard noir.
— Je l'avais bien compris. rit-il légèrement. Non, je disais que, si tu cherches du soutien, je suis là.
— Ne joue pas au religieux bienfaiteur avec moi. Je déteste l'hypocrisie.
— Moi aussi. Et je ne joue à rien. Tu m'intéresses, j'aimerais bien être à tes côtés. »
Les iris obsidiennes du garçon se rétractèrent.
« Ton Dieu te le reprocherait, moi qui l'insulte dès que je le peux.
— Oublions la religion. Je te parle d'humain à humain, de conscience à conscience, de cœur à cœur. »
Ils s'observèrent un moment. Rougissant, Thomas bredouilla : On... On ne s'est pas encore présenté... Je m'appelle Thomas.
— Newton. lâcha-t-il. »
Il se releva, l'air agacé, Thomas se précipitant sur lui.
« Attends ! On... On va se revoir ? »
Newton eut un rictus.
« Demande au Ciel, Tommy.
— Ce qui veut dire ? »
Le blond leva les yeux au ciel, souriant : « À la prochaine. » Et il s'en alla.