Tu sanglotes. Je le remarque bien, que tu ne comprends pas. Tu ne comprends ni ma décision, ni mes actes. Je ne cherche pas à me justifier, je me contente d'attraper mes affaires et de fuir. Tu te relèves avec précipitation. Ta braguette est à peine fermée. Je le vois bien, que je t'ai surpris. Tu me rattrapes brusquement. Tes yeux me sondent de cette lumière inquiète. Ton torse marqué par mes lèvres subit ta respiration hachée. Effectivement, je t'ai pris au dépourvu. Tu m'assommes de paroles confuses et je t'ignore. Ton visage semble frappé par une incompréhension démangeante. Je ne culpabilise pas et m'en vais. Tu te décides enfin à refermer correctement ton bas et enfile ta chemise de la veille. Tu me poursuis à travers ton appartement. Ton être est illuminé par un espoir risible. J'aimerais t'assurer qu'il n'y en a plus aucun. Je reste muet et évite ton touché. Ta voix emplie d'angoisse se fait plus forte. Comptes-tu me retenir à l'aide de sa puissance ? Tes pleurs me soutirent de nombreux soupirs. Tu ne comprends donc pas. Je t'injure, en proie à une rage fulminante. Mes mots semblent écorcher ton égo. Dommage. Tu m'apostrophes. Penses-tu que je suis le seul fautif ? Tu vocifères et saisis inopinément mon épaule. Ta force laissera sans doute une marque. Tes yeux s'ancrent fixement dans les miens. Leurs lueurs amusées se sont évanouies. Tout ce que je peux distinguer reste un feu qui brûle d'un désir désespéré. Il crépite vainement et m'implore de ne pas t'abandonner. Tu auras beau vouloir me cacher quoi que ce soit, ton corps te trahira toujours. Je me défais de ton emprise étouffante. Tu ne peux que te larmoyer. M'aimes-tu autant ? J'aboie mes déceptions et tu apaises ta fureur. J'arrache le peu d'espoir qui sommeille en toi. Tu sembles te recroqueviller. Je vois bien, que mes mots te meurtris. Tu m'aimes. Néanmoins, tu le laisses paraître. Cet amour, garde-le pour toi. Tu balbuties des sons. Ta voix chevrotante trahie tes remords. Tes jérémiades radotent tes sentiments instables, ton amour pendu se balance sur mon corps défendu, ton cœur titube et se froisse. Tu mendies et quémande ma culpabilité. La passion que j'engendre en toi prend le rôle d'excuses. Tu me le répètes sans cesse. Tu m'aimes. Ce mensonge, garde-le pour toi. Je ne cède pas. Ceci te plonge en transe. Tu implores mon pardon. Tu ne supporteras mon absence. Tu me remémores nos nuits torrides. N'aimes-tu donc que mon corps ? Je regagne la porte d'entrée. Ton âme se brise, j'aperçois ses morceaux éclater au centre de tes iris. Je ne céderai pas et tu le sais. Je daigne à te contempler. Tes cheveux de blés dépeignés et tes joues rosies témoignent encore de notre amour. Tes yeux si profonds adoptent l'apparence d'une sombre abysse, impénétrable. Les traits de ton visage me paraissent angéliques. Tu es beau. Je me ressaisis. Ton corps, garde-le pour toi. Mes doigts empoignent la poignée et tes yeux deviennent vitreux. Tu te doutais que ce jour arriverait. Tu savais que posséder uniquement ton corps me hanterait. Tu savais que je refuserai de trahir plus longtemps ton amant. Tu savais que je t'aimerai et finirai par te séduire. Tu savais que tu ne saurais pas choisir. Ton secret, garde-le pour toi. La porte s'ouvre et tes yeux baignent de larmes. Je ne me retourne pas. Tu deviens muet. Je quitte le bâtiment. Aussitôt, les souvenirs m'assaillent. Mon cœur se contracte et ton visage s'affiche dans mes songes. Je stoppe ma marche frénétique. Mes doutes s'éveillent et je tourne la tête. Mon regard s'ancre sur ton immeuble. Je peux t'imaginer sangloter, là, sur ton pallier. Mon cœur susurre. Ses murmures incessants persistent. Je prends une grande goulée d'air, reprends ma marche et relève les yeux. Tout ce qu'on a partagé, garde-le pour toi.