Claire Edison coupa le contact, se tournant dans son siège pour faire face à son adolescent : « Rappelle-toi, Tom, Newton traverse une période difficile depuis quelques temps. Tu le trouveras peut-être étrange au début... mais souviens-toi qu'il n'y est pour rien.
— Maman, tu me le répètes depuis deux jours.
— Je le sais bien, mon lapin. C'est simplement que ce serait superbe si tu devenais ami avec lui ! Et puis, tu sais, au lycée, il n'en n'a pas beaucoup. Pauvre chou... pourtant, c'est un garçon spécial.
— Tu m'étonnes...
— Thomas... tu ne l'as pas encore rencontré ! Je suis certaine qu'il est tout aussi sympathique avec les jeunes de son âge qu'avec les adultes.
— Comment peut-il l'être s'il ne parle même pas ?
— Il parle ! rarement... et écrit. Parle-le lui normalement, il te répondra sur papier !
— Ça promet, cette soirée... »
Le jeune homme se défit sa ceinture et sortit de leur voiture, suivi par sa mère quand il arriva au porche d'entrée. Sonya les accueillit avec plaisir, et ils rejoignirent son mari qui venait de poser une grande et copieuse assiette de poulet rôti. Les minutes passaient, Thomas se défendait coûte que coûte d'utiliser son portable malgré l'ennui déjà présente.
« Newt, chéri ! Tu n'as pas entendu lorsque je t'ai appelé ? »
Le fils, tant décrit par Claire, quitta l'ombre des couloirs pour la lumière du salon, s'installant aux côtés de Thomas, qui n'osa pas toute de suite lever le regard. Sa mère lui lança un regard sévère, et le garçon soupira en lui obéissant. Et il fut surpris. Newton n'avait rien d'un jeune homme reclus, il n'avait rien de la figure d'ermite qu'il avait imaginée de lui. Il avait de grands yeux, vifs et noirs, des cheveux blonds, à l'instar de Sonya, et une silhouette fine, gracieuse. Il avait l'air d'un ange.
Thomas se sentait rougir, profitant des joyeuses conversations des parents pour bredouiller avec une excitation timide : « S, Salut... Newton, c'est ça ? Thomas... » L'adolescent avait un calepin entre les mains. Il l'ouvrit à une page vierge, retira de ses dents le capuchon d'un feutre et se mit à griffonner. Thomas croyait vivre un vieux film du cinéma français romantique.« Je sais. Appelle-moi Newt. »
Balbutiant une réponse inutile, Thomas se couvrit davantage de honte, persistant étrangement : « Tu as à quel âge ? » Un premier soupir tomba des belles lèvres roses. Newton tourna une première fois la page et écrit à nouveau. Ses mèches s'agitaient sur son front blanc à chaque avancée de sa main.
« 17 »
« Moi aussi... murmura-t-il. Et... tu as quelles spécialités ? je regrette légèrement les miennes... Je me suis fait avoir, je crois. Je voulais faire du commerce, mais j'ai subitement changé d'avis, alors maintenant, tout est différent... L'histoire m'intéresse plus que... »
Il se tut lentement, voyant le garçon se remettre à écrire.
« Ne te force pas, Tommy. »
« De quoi tu parles ? »
Un deuxième soupir.
« Ne te force pas à me parler. Tu remercieras Claire, mais ce n'est pas la peine. »
« Très bien... »
Newton exagéra un sourire hypocrite, roulant des yeux avant de se concentrer sur son repas. Et Thomas n'eut plus le courage de l'apostropher.
« Newt, dit Sonya après plus d'une heure de discussion avec Claire et son mari, et si tu amenais Thomas dans ta chambre ? Ce sera plus intéressant pour vous ! »